| ARCHE1, subst. fém. A.− ARCHITECTURE 1. Au propre a) Vx. Voûte en arc, arcade. Arche cintrée, gothique, en ogive, etc. : 1. « L'ancienne et riante Italie m'offrit la foule de ses chefs-d'œuvres. Avec quelle sainte et poétique horreur, j'errois dans ces vastes édifices consacrés par les arts à la religion! Quel labyrinthe de colonnes! Quelle succession d'arches et de voûtes! Qu'ils sont beaux, ces bruits qu'on entend autour des dômes, semblables aux rumeurs de la mer, aux murmures des vents dans les forêts, ou plutôt à la voix de Dieu dans son temple! (...) »
Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 426. 2. L'invraisemblable cittoriale de D'Annunzio, grand assemblage de maçonneries pseudo-romaines dans un décor de cyprès et de collines qui ne méritaient pas cet affront. Là où l'on voudrait des arbres surgit lourdement la pierre : des arches, des piliers, des gradins, un amphithéâtre inachevé.
Green, Journal,1948, p. 181. ♦ Arche de triomphe, Arc de triomphe. Rem. Cette forme, encore vivante au xixes., est néanmoins considérée comme vicieuse dès 1835 (L. Platt, Dict. crit. et raisonné du lang. vicieux ou réputé vicieux, 1835) et inus. au xxesiècle. b) Arche d'un pont (d'un aqueduc, d'un viaduc). Ouverture en arcade entre deux piliers ou les culées d'un pont. Arche biaise, elliptique, extradossée : 3. ... une rivière coulait au milieu de la vallée, avec beaucoup de détours, tantôt près, tantôt loin, se glissant entre des peupliers, se cachant derrière les murs de parcs, et étincelant sous le grand pont de Villevieille, dont les arches faisaient le cerceau dans ses eaux brillantes.
Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 135. ♦ Arche-maîtresse. [Dans un pont à plusieurs arches] Arche médiane généralement plus grande que les autres. ♦ Arche marinière. Arche de grande dimension assurant la circulation des bateaux sur les fleuves : 4. ... le pont Saint-Esprit [sur le Rhône]... a une fort mauvaise réputation. On dit que trente personnes s'y sont noyées l'an passé... et le gouvernement devrait faire arracher une pile, au moyen de quoi on aurait une arche marinière assez large...
Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 1, 1838, p. 281. Rem. Comme pour arcade, les désignations des arches (gothiques, surbaissées, en plein cintre, etc.) sont les mêmes que celles des arcs (cf. arc III). 2. P. ext. Ce qui présente une analogie de forme avec une arche ou une voûte en arcade. Arche de feuillage, de rochers (cf. arcade B 1) : 5. Et voilà cette fois qu'une arche de lumière,
Jusqu'au ciel, par-dessus les étoiles, d'un jet,
Près de nous, comme un pont sans limite émergeait,
Un chemin idéal fait d'astres en poussière.
Dierx, Les Lèvres closes,1867, p. 178. − Spéc., ANAT. Arche sourcilière. Synon. rare de arcade sourcilière (Renard, Journal, 1891, p. 83). − P. métaph. L'arche ou l'arche à sept voussures. L'arc-en-ciel (cf. A. Arnoux, Rhône, mon fleuve, 1944, p. 16). 3. Au fig. Ce qui sert d'appui, de soutien, ou de communication entre deux concepts, deux tendances (cf. arcade B 2) : 6. Le chapelain, ...; et ce monde lui-même,
Où trébuche un instant le voyageur mortel,
N'est qu'une arche du pont qui nous conduit au ciel.
A. Dumas Père, Charles VII chez ses grands vassaux,1831, II, 2, p. 251. B.− Loc. prép. En arche. Disposé en arc; qui rappelle la forme de l'arche : 7. Une petite écluse de côté sous un avancement en arche et qui forme sur le fleuve une sorte de balcon où je m'accoude; échelle d'eau, je pense, pour les petites barques, − et selon qu'elle est ouverte ou fermée, cette écluse, la ligne du flot en est modifiée.
Gide, Journal,1895, p. 59. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1170 « arc de triomphe » (Rois, ms. des Cordel. fo19 Ro, col. 1 ds La Curne : Oid la nuvele que li Reis... ont fait voldre une arche que fust signe e demustrance de sa victorie et de sa glorie); 2. fin xiies. « partie d'un pont sous laquelle l'eau passe » (Loh. ms. Montp. fo151dds Gdf. Compl. : D'une sole arche estoit li pons bastis); 3. fin xiiies. « arcade, édifice fait par arches et piles » (Ronc., p. 83, Bourdillon ds Gdf. : Ils les metront en arche de moustier) − 1606, Nicot.
Empr. à un b. lat. *arca pour arcus (arc*). BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Chabat 1881. − Chauss. 1969. − Chesn. 1857. − Deux mots d'étymol. Vie Lang. 1956, p. 497. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 147. − Noël 1968. − Pissot 1803. − Pope 1961 [1952], § 194, 300. − St-Edme t. 1 1824. − Viollet 1875. |