| ARBITRER, verbe trans. I.− Emploi trans. Décider, trancher en qualité d'arbitre. A.− [Le suj. désigne une pers.] 1. DR. ou domaine approchant.[Le compl., lorsqu'il est exprimé, désigne l'obj. d'un litige, d'un conflit, une difficulté] Arbitrer un différend. Arbitrer un dommage à telle somme, arbitrer une somme (Ac. 1835-1932) : 1. Il n'y a rien de plus variable selon les circonstances, et de moins directement mesurable, que la criminalité d'un acte ou la responsabilité morale qui s'attache à la perpétration d'un délit. Mais quand le législateur a voulu laisser aux juges la faculté de tenir compte de toutes les nuances du délit, et d'arbitrer entre de certaines limites l'intensité de la peine, il a dû faire choix de peines, comme l'amende ou l'emprisonnement temporaire, qui sont vraiment des grandeurs mesurables.
Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 304. 2. Les volontaires aux fonctions de « délégués » sont peu nombreux; leur rôle est parsemé de trop de corvées et d'embûches. Ils n'en finissent pas d'arbitrer, de concilier, de trancher les conflits d'intérêts et d'attitudes qui opposent les jeunes aux anciens, les qualifiés aux non-qualifiés, telle coterie, ou tel groupe ethnique à tel autre.
Traité de sociol.,t. 1, 1967, p. 485. 2. Rare. [Le compl. désigne des pers.] Prononcer une sentence arbitrale entre ces personnes : 3. Qui pourrait oublier ... que vous [États de Hollande] avez plus d'une fois rétabli la liberté des mers, donné la paix à l'Europe, arbitré les rois?
Mirabeau, Aux Bataves, sur le stathoudérat,p. 3 (Littré, 1873). 3.− Emploi techn., JEUX et SP. Remplir le rôle d'arbitre dans une compétition. Arbitrer un match de rugby, un combat de boxe. 4. Au fig. [En parlant de la conscience] :
4. La conscience peut arbitrer un fait moral, elle ne juge point d'un fait intellectuel.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 256. B.− [Le suj. désigne une entité soc., un inanimé abstr.] Juger, décider, en dernier ressort : 5. Cette lutte pour la structure de la production la plus conforme aux vœux des alliances et des coalitions d'intérêts ne peut être ni jugée ni arbitrée par le plébiscite du consommateur.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 456. Rem. Peut aussi s'employer absol. (cf. Rob.). − [En parlant d'un parti, d'un groupe pol.] Décider par son attitude de l'évolution d'une situation (cf. Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.). − [En parlant du goût] Déterminer la norme, régenter la mode : 6. La petite Académie arbitrerait la correction comme, dans le salon voisin, une Académie de mode arbitrerait l'élégance, et plusieurs de ses membres feraient partie des deux conseils.
Thibaudet, Réflexions sur la litt.,1936, p. 244. II.− Emploi pronom. (à valeur passive). Être arbitré : 7. Ces dommages peuvent s'arbitrer.
Lar. 19e,1866. PRONONC. : [aʀbitʀe], j'arbitre [ʒaʀbitʀ
̥]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1274 dr. (Compromis, Boulogne, A.N. J 1125, pièce 5 ds Gdf. Compl. : En arbitrant, en apaisant, en acordant et pais faisant); 1948 sp. (Nouv. Lar. univ. : arbitrer un match de boxe).
Dér. de arbitre*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 57. BBG. − Éd. 1967. |