| AQUARELLE, subst. fém. BEAUX-ARTS A.− Seulement au sing. Couleur légère obtenue par addition d'eau. Peindre à l'aquarelle : 1. Ce lion peint à l'aquarelle a pour moi un grand mérite, outre la beauté du dessin et de l'attitude : c'est qu'il est fait avec une grande bonhomie.
Baudelaire, Salon,1846, p. 127. 2. Lui aussi [Degas] a dû emprunter à tous les vocabulaires de la peinture, combiner les divers éléments de l'essence et de l'huile, de l'aquarelle et du pastel, de la détrempe et de la gouache, forger des néologismes de couleurs, briser l'ordonnance acceptée des sujets.
Huysmans, L'Art moderne,1883, p. 137. − P. ext. Procédé utilisant ce type de couleur : 3. L'aquarelle, la sépia, ces fragiles procédés, ayant le papier pour support, l'eau pour véhicule, la transparence comme force, constituent − malice du temps − les témoignages les plus sûrs de l'idéal des grands peintres. On s'en aperçoit devant les dessins de Rembrandt, d'où le noir et l'opacité, qui gâtent tant de ses toiles, sont bannis, où tout est blondeur, passages, demi-teintes.
Lhote, Peinture d'abord,1942, p. 64. B.− P. ext. 1. Au sing. Genre d'œuvres employant ce procédé : 4. L'aquarelle est aussi un genre bâtard. Si la couleur y triomphe de la ligne, ce n'est plus ni peinture ni dessin.
Alain, Système des beaux-arts,1920, p. 286. 2. Au sing. ou au plur.
Œuvre particulière exécutée selon cette technique. Collection d'aquarelles, peintre d'aquarelle : 5. À côté de ces deux aquarelles, puissamment gouachées, une aquarelle de la plus grande limpidité et au lavage le plus transparent, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 690. 6. Elle introduisit Juliette dans un salon très hygiénique, avec des chaises cannées, le parquet brillant, sans tapis, la table à livres et journaux, avec un dessus de verre, deux vitrines où l'on était étonné de trouver des bibelots chinois à la place d'instruments d'acier. Aux murs, des aquarelles sous verre et, dans un coin, sur un guéridon à dessus de verre, un grand bouquet de mimosas.
E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 40. Rem. On rencontre le subst. masc. aquarellage (E. et J. de Goncourt, Journal, 1863, p. 103 ds Rob. Suppl. 1970). Technique de peinture à l'aquarelle; la déf. proposée par Rob. est inexacte. PRONONC. : [akwaʀ
εl]. Pour la prononc. par [kw] du groupe qu + a dans les mots composés de l'élément aqua-, cf. aquafortiste. ÉTYMOL. ET HIST. − 1791 (Encyclop. Méthod. t. 1 d'apr. DG).
Empr. à l'ital. acquarella, acquerella (Kohlm. 1901, p. 28; Brunot t. 6, p. 1236; Nyrop t. 1, § 78) attesté dep. la 2emoitié du xive− début xves. (Cennini 22 ds Batt. : se vuoi, poi che hai collo stile disegnato, chiarire meglio il disegno, ferma con inchiostro ne, luoghi stremi e necessari : e poi sombrare le pieghe d'acquerelle d'inchiostro, cioè acqua quanto un guscio di noce tenessi dentro due goccie d'inchiostro ...; e così secondo gli scuri, così annerisci l'acquerella di più gocciole d'inchiostro) forme concurrencée dep. la 2emoitié du xvies. par acquarello « id. » (R. Borghini [1541-1588] I − 108, ibid.) forme actuelle et productive du mot, que Battisti (DEI) tient pour l'étymon. Les deux formes sont dérivées du lat. aquārius « relatif à l'eau ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 381. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 149, b) 952; xxes. : a) 1 088, b) 327. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 68. − Jossier 1881. − Marcel 1938. |