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APPELER, verbe trans.
I.− [Le subst. corresp. est appel; le suj. et l'obj. désignent gén. des pers.] Appeler qqn.S'adresser à quelqu'un en vue d'un certain résultat.
A.− [Le résultat recherché est de l'ordre de la communication] S'adresser à quelqu'un à haute voix (ou par quelque autre moyen frappant son attention).
1. En le nommant par son nom, de manière à entrer en communication avec lui. Dieu appela Samuel pendant qu'il dormait (Ac.) Synon. interpeller :
1. J'ai passé la nuit près de lui : il a prononcé souvent votre nom; il vous appelait; il a aussi prononcé le nom de sa sœur, m'a donné un paquet pour elle, écrit avant qu'il fût si mal. Mmede Krüdener, Valérie,1803, p. 269.
2. La terre s'en ira par l'espace sublime. Oh! Combien rouleront dans le brûlant abîme! Mais l'ange par nos noms nous appellera tous, Et la face de Dieu resplendira pour nous! Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Les Ascètes, 1878, p. 300.
2. En le nommant par son nom, de manière à obtenir de lui une information relative à sa présence (réponse à haute voix attendue : « Présent »).
P. méton. [L'obj. désigne le contenu d'une inform.] Communiquer à haute voix à un public (qu'il est inutile de nommer) une information attendue.
DR. Appeler une cause. À l'audience, prononcer à haute voix le nom des parties dont l'affaire va être plaidée :
3. Je n'avais plus de temps à perdre : la cause devait être appelée dans le cours de la semaine, et je ne voulais pas, en demandant une remise, avoir l'air de reculer devant une attaque aussi puérile qu'injuste. La défense était d'ailleurs des plus simples, et je pensais que quelques explications des deux côtés suffiraient pour mettre le tribunal en mesure d'apprécier les faits. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 215.
Usuel. Appeler les unités d'une série (personnes ou choses). Les dire à haute voix. Je ne me suis point entendu appeler quand on a lu cette liste (Ac.) :
4. ... elle reconnut le bureau des omnibus; il y avait beaucoup de monde sur le trottoir, debout, attendant, se précipitant dès qu'une voiture arrivait. Elle entendait la voix rude du contrôleur appeler les numéros, puis les tintements du compteur lui arrivaient en sonneries cristallines. Zola, La Curée,1872, p. 450.
B.− [Le résultat recherché est un mouvement vers un lieu]
1. Faire comprendre à quelqu'un à haute voix (ou par quelque autre moyen de communication immédiatement perceptible) qu'on lui demande de venir auprès de soi.
a) Usuel. Appeler les voisins (Ac.) :
5. Heureux d'avoir une raison pour remettre l'exécution, le Procureur-général appela par un geste monsieur Gault près de lui. Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 607.
Absolument :
6. Alors, ne pouvant plus résister au feu qui le dévorait, il appela. La sentinelle ouvrit la porte; c'était un nouveau visage. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 746.
P. métaph. :
7. Paris, au moyen des chemins de fer, les attire, les appelle (...) ces petites gaillardes... Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Fermier, 1886, p. 656.
8. Seul dans la vaste salle à manger, assis dans un fauteuil à torsades, buvant à petits coups un verre de son meilleur vin, il [le grand-père] appelait ses souvenirs un à un, en tournant les pages de ses livres de comptes... Malraux, La Voie royale,1930.
Par euphémisme, RELIG. [Expr. indiquant que la pers. désignée par le compl. d'obj. meurt ou va mourir] Dieu appelle quelqu'un à lui ou absol. Dieu appelle :
9. − Si Dieu voulait appeler à lui ce Cibot, qui est bien malade déjà, reprit Rémonencq, j'aurais une fière femme pour tenir un magasin, et je pourrais entreprendre le commerce en grand... Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 228.
Rem. 1. [L'obj. et/ou le suj. peuvent désigner un animal]
[L'obj. peut désigner un animal domestique] :
10. La plage, un troupeau, poussé par un bambin, regard sombre, l'épaule nue sous le haillon. Il siffle pour appeler sur ses talons deux chiens blancs. R. Martin du Gard, Les Thibault,La Sorellina, 1928, p. 1174.
Loc. [Se dit de qqn qui s'éloigne quand on veut l'attirer à soi] C'est le chien de Jean de Nivelle, il s'enfuit quand on l'appelle.
VÉN. [L'obj. peut désigner une bête de chasse] Attirer des animaux en les imitant au moyen d'un appeau ou de tout autre moyen.
Rem. 2. [Le suj. et l'obj. désignent des animaux] Pousser des cris pour attirer l'attention d'un animal de même espèce en vue d'une rencontre. La brebis appelle son agneau (Ac.) :
11. Les mâles quittent les troncs où ils nichent, gagnent les branches hautes, et, dès qu'ils savent les autres oiseaux couchés, appellent les femelles disséminées dans l'ombre. Celles-ci répondent. Les mâles volent de cime en cime vers elles, aux lueurs de l'astre ami. Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 211.
b) En partic. Pour demander une aide, un secours. Appeler à l'aide, à son secours; appeler des renforts.
[L'obj. désigne une pers.] Appeler le médecin, un chirurgien en consultation; appeler la police :
12. Mes craintes, pendant la nuit, de rester malade si loin de chez moi avec mes enfants. Au matin, j'envoie demander l'adresse du médecin à M. Fléchelle, malade lui-même. Je vais moi-même appeler M. Coupé, médecin de l'hôpital : ... Michelet, Journal,1839, p. 320.
13. Nous nous précipitâmes à l'envi dans l'eau pour courir plus vite au bateau et pour porter sur le rivage la malade naufragée. Le pauvre batelier consterné nous appelait à son aide avec des gestes d'affliction et des cris de détresse. Il nous montrait de la main le fond de sa barque, que nous ne pouvions pas apercevoir encore. Lamartine, Raphaël,1849, p. 150.
Absol. Appeler au secours :
14. Il a retrouvé des témoins, non de l'enlèvement de Prince, mais du transfert du malheureux qui se débattait et appelait au secours au fond d'une auto, qu'accompagnaient deux autres voitures; ... L. Daudet, Bréviaire du journalisme,1936, p. 200.
Appeler + compl. d'obj. interne désignant les mots qui constituent l'appel :
15. ... Prince était entouré d'une sorte de chemise blanche, sans doute une camisole de force, et appelait « à moi, à moi! » L. Daudet, Bréviaire du journalisme,1936, p. 200.
P. méton. [L'obj. désigne une chose] Appeler un taxi, une ambulance. S'adresser à quelqu'un, à une entreprise, etc., en lui demandant d'envoyer un taxi, une ambulance.
P. anal., MAR. Appeler le vent. Siffler de manière à faire souffler le vent dans la direction désirée (cf. appelant III A 2) :
16. Près du beaupré, le mousse regardait dans le foc et sifflait pour appeler le vent; debout, à l'arrière, le patron faisait tourner la barre. Le vent ne venait pas. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 246.
P. métaph. Appeler une chose à son secours. Mettre en œuvre un moyen important pour venir à bout d'une difficulté :
17. Il [le virologue] le fait enfin, en appelant à son secours les autres sciences et en cherchant à s'approprier les moyens les plus efficaces qu'elles peuvent lui offrir : ... P. Morand, Aux confins de la vie,1955, p. 12.
Au fig. [L'obj. désigne une chose abstr.] Faire venir, attirer à ou sur quelqu'un ou quelque chose.
[Une faveur] Appeler les bénédictions du ciel sur qqn :
18. Le pontife commence par invoquer l'assistance divine. Il ôte sa mitre et appelle sur l'ordinand la bénédiction du ciel : ... Billy, Introïbo,1939, p. 147.
Appeler qqc. de ses vœux :
19. − On entend des jeunes peintres enflammés par une idéologie sociale appeler de leurs vœux la fin du capitalisme, l'instauration d'un régime étatiste où ils seraient, chacun selon ses forces, chargés d'accomplir des œuvres décoratives, monumentales, ou de moindre envergure pour l'État, patron et mécène équitable, généreux, mais ménager de ses munificences. Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 7208.
[Un moment d'attention] Appeler l'attention de qqn sur qqc. :
20. « Mes amis, je crois devoir appeler votre attention sur certains faits qui se sont passés dans l'île, et au sujet desquels je serais bien aise d'avoir votre avis. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 411.
[La faveur de l'attention] :
21. Son éclat [d'Hortense] tenait de celui de la nacre (...) Hortense appelait le regard. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 27.
2. TÉLÉCOMM. Appeler qqn (au téléphone). S'adresser à quelqu'un (ou à un service) par un signal (sonnerie, avis, etc.) téléphonique pour l'inviter à entrer en communication avec vous. Appeler un abonné; appeler les « réclamations ».
3. S'adresser à quelqu'un par une invitation ou une convocation lui demandant de se rendre en un lieu déterminé.
a) DUEL. Appeler en duel, au combat. Provoquer quelqu'un en duel, lui envoyer un défi (cf. appelant III A 1); (s'emploie aussi absol.) :
22. ... personne ne l'estimait, mais on avait une si haute idée de ses facultés, que nul n'osait l'attaquer, si ce n'est ceux des aristocrates qui, ne se servant point de la parole, lui envoyaient défi sur défi pour l'appeler en duel. Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 1, 1817, p. 209.
b) DR. Faire venir quelqu'un devant le juge, citer quelqu'un en Justice. Appeler qqn en garantie, en témoignage :
23. Étant appelé à témoigner, à l'occasion d'une sorte de crime, il a gardé une certaine réserve, comme il convient à un témoin de bonne volonté. Camus, La Peste,1947, p. 1466.
c) ADMIN. MILIT. Convoquer, ordonner de se rendre sous les drapeaux. Appeler sous les drapeaux :
24. Proposée par Jourdan, la loi du 10 messidor (28 juin) réalisa, comme il disait, « la levée en masse » : les cinq classes de conscrits furent appelées intégralement et le remplacement supprimé. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 541.
P. anal. [Le suj. désigne un signal ou une entité morale ayant valeur de signal, de force invitante ou contraignante] :
25. Les autres jours, il récitait les heures canoniales dans sa loge, mais pas aux heures qui lui plaisaient et seulement quand la cloche appelait, pour ces services, les religieux au chœur. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 172.
26. Ne m'avez-vous pas dit vous-même que vos devoirs vous appellent en Catalogne? Claudel, Le Soulier de satin,1929, Irepart., 1rejournée, 2, p. 947.
C.− [Le résultat recherché est une action, un état, un changement sans idée de mouvement vers un lieu]
1. [Suj. et obj. désignent des pers.] Qqn appelle qqn à (faire) qqc.
a) [Avec une idée d'invitation ou d'obligation plus ou moins contraignante] Inviter, obliger quelqu'un à faire quelque chose.
[Le compl. indir. est un inf.; appeler est fréquemment au passif] Appeler qqn (être appelé) à faire qqc. :
27. Cette vie nous plaisait et endormait en nous ces mouvements fiévreux de l'âme, qui usent inutilement l'imagination des jeunes hommes avant l'heure où leur destinée les appelle à agir ou à penser. Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 151.
28. Les directeurs des services agricoles seront appelés à organiser dans leur département, des essais plus simples (démonstrations) que ceux des centres nationaux ou régionaux d'expérimentation, ... Quelques aspects de l'équipement agricole en France, 2, 1951, p. 10.
P. anal. [En parlant de choses] Être appelé à. Être destiné à :
29. Le ciment joue aussi un rôle important en technique routière, les revêtements en béton de ciment étant particulièrement indiqués, concurremment avec les pavages, pour les chaussées appelées à supporter un trafic lourd et intense. J. Thomas, La Route,1951, p. 317.
[Le compl. indir. est un nom d'action] Appeler qqn à l'action, au combat, à la prière.
Appeler aux armes. Inviter à prendre les armes :
30. ... nos cris de ralliement parviendront jusqu'à toi. Quand des Alpes aux Alpes des signaux de feu nous appelleront aux armes, tu entendras tomber les citadelles de la tyrannie. Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 3, 1810, p. 9.
b) [Avec une idée de choix]
Appeler qqn à assumer une charge, à jouer un rôle (capital, essentiel). Le désigner par choix. Il fut appelé à siéger au conseil (Ac.).
RELIG. [Le suj. désigne Dieu] Inviter à une destinée particulière ou privilégiée dans l'ordre spirituel. Dieu appelle les chrétiens à la vie éternelle (Ac.) :
31. − « Vous parlez comme tous les autres; vous ne pouvez pas deviner... » (S'exaltant avec des réminiscences.) « Je suis une privilégiée : cela crée des devoirs... Toutes ne sont pas appelées; mais celles que Dieu choisit doivent se donner sans restriction. Elles sont le rachat de tous ceux qui vivent en faisant à Dieu la plus petite part possible... Et de ceux qui ne lui en font pas du tout... » R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 486.
2. [Suj. et obj. désignent des choses abstr.] Qqc. appelle qqc. Rendre obligatoire, en raison d'une contrainte inhérente à la chose désignée par le sujet.
a) [La contrainte est de l'ordre de l'action] Les circonstances appellent des mesures urgentes :
32. Cela ne signifie pas cependant qu'il s'agit là de postes sans importance et n'appelant aucune surveillance. F. Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 174.
b) [La contrainte est d'ordre intellectuel] Cette question appelle un commentaire, des réserves.
D.− Appeler de (qqc.) à (qqn); en appeler à (qqn).Faire entendre sa voix pour obtenir un jugement plus équitable.
1. DR. Recourir à une juridiction supérieure pour faire réformer une décision rendue en premier ressort. Appeler d'un jugement :
33. Du Croisier, stimulé par le Président du Ronceret, appela du jugement de non-lieu en Cour royale et perdit. Balzac, Le Cabinet des antiques,1839, p. 165.
DR. ANC. Appeler de faux jugement. ,,Provoquer les juges au combat judiciaire, pour les convaincre de faux jugement.`` (DG); attesté également ds Littré, Guérin 1892).
Appeler comme d'abus (cf. appel comme d'abus).
(En) appeler à (qqn). Faire appel auprès de (quelqu'un).
Loc. fig. En appeler à Philippe à jeun, ou à Philippe (ou à César) mieux informé. S'élever contre un jugement précipité.
Absol. Appeler. Interjeter appel :
34. − Je le veux bien, dit le baron (...) maintenant que le tribunal nous a mis d'accord avec la commune des Riceys en fixant mes limites à trois cents mètres à partir de la base de la Dent de Vilard (...). La commune n'a pas appelé, le jugement est définitif. Balzac, Albert Savarus,1842, p. 121.
2. P. ext.
a) Rare. Appeler de qqn. Ne pas accepter le jugement de quelqu'un :
35. Ceux qui sont satisfaits de la nature, ou qui, sans en être satisfaits, l'acceptent comme un maître, un arbitre, un juge souverain, dont il n'est pas possible d'appeler... P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 47.
b) Usuel. En appeler à (une instance morale). S'en remettre à une telle instance pour obtenir un jugement autorisé. J'en appelle à votre honneur, à votre témoignage, à la raison :
36. L'artiste méconnu de son temps en appelle à la postérité, c'est-à-dire à un public futur. Sans penser aux cénacles, académies, concours et prix, dont l'action est réelle, mais artificielle et secondaire, ... Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 6412.
II.− [Le subst. corresp. est appellation] Attribuer un nom, une qualité à quelqu'un ou à quelque chose.
A.− [Le verbe est constr. avec un attribut de l'obj.] Appeler qqn ou qqc.
1. [L'attribut de l'obj. est un nom propre] :
37. Ayant oublié son véritable nom, je l'appellerai Michaël. Dusaulx, Voyage à Barège,t. 2, 1796, p. 187.
38. Le 19 au soir, nous eûmes connaissance d'un cap qui paraissait terminer la côte d'Amérique : l'horizon était très-clair, et nous n'apercevions au-delà que quatre ou cinq petits îlots auxquels je donnai le nom d'îlots Kerouart, et j'appelai la pointe cap Hector. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 229.
Rem. Dans cet emploi, on rencontre aussi la constr. appeler qqn ou qqc. du nom de... (Ac.).
2. [L'attribut (subst., verbe à l'inf., etc.) de l'obj. est une dénomination classificatrice] :
39. Or, sachant tout cela, si nous avions à nommer les mots qui représentent ces êtres, nous ne les appellerions pas des substantifs. Nous leur donnerions plutôt un nom tiré de leur fonction. Nous dirions que ces mots sont des noms absolus ou subjectifs, ou tout simplement des noms, puisque ce sont eux et eux seuls qui nomment les choses existantes par elles-mêmes. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Gramm., 1803, p. 58.
40. ... étant incapables de créer un atôme de matière, nous n'opérons jamais que des transmutations et des transformations, et (...) ce que nous appelons produire, c'est, dans tous les cas imaginables, donner une utilité plus grande, par rapport à nous, aux éléments que nous combinons et manipulons, à l'aide des forces de la nature que nous mettons en jeu par l'emploi des nôtres; ... Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 286.
3. [L'attribut (adj., subst.) de l'obj. désigne une qualité] :
41. Je n'estimais pas beaucoup l'amour, je l'avoue, et le regardais même comme une de ces faiblesses auxquelles on a tort de céder; j'appelais lâches ceux qui le font. Peut-être n'avais-je pas tort; seulement ceux que j'appelais lâches, je les méprisais. Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 211.
42. Dans un livre sur Mallarmé, l'auteur appelle Edgar Poe « le plus difficile des poètes », mais Poe n'a rien de difficile. Green, Journal,1945, p. 189.
SYNT. Appeler une chose autrement, communément, couramment, familièrement, improprement, ordinairement, plaisamment, pompeusement, proprement, souvent, à tort, volontiers, vulgairement; − une chose en langage (administratif, animal, bancaire, courant, journalistique, technique), en langue...; ce qu'il est convenu (ce qu'on est convenu) d'appeler.
B.− [Le verbe est constr. sans attribut de l'obj.] Nommer une personne ou une chose par le nom qui lui a été ou aurait dû lui être attribué.
1. Vx. Appeler les lettres. Les désigner par leur nom. Synon. usuel épeler.
2. Appeler une chose par son nom. Lui donner le nom qu'elle porte ou mérite.
Loc. Appeler les choses par leur nom. Ne pas se servir d'euphémismes, dire nettement la vérité :
43. Hauduin, conscient d'épauler les bonnes mœurs, dénonçait le péché avec une certaine verve, en appelant les choses par leurs noms. Aymé, La Jument verte,1933, p. 26.
III.− Emploi pronom.
A.− [Corresp. aux emplois I supra] Emploi réciproque. S'appeler l'un l'autre.
1. [Le suj. et l'obj. désignent des êtres animés] Adresser la parole l'un à l'autre :
44. Une bande de poules était accourue, gloussant, s'appelant, piquant les brins verts qui pendaient. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1457.
2. [Le suj. et l'obj. désignent des choses] Être l'un et l'autre dans un rapport d'inclusion réciproque :
45. Elles [la guerre et la paix] s'appellent l'une l'autre, se définissent réciproquement, se complètent et se soutiennent, comme les termes inverses, mais adéquats et inséparables d'une antinomie. Proudhon, La Guerre et la paix,1861, p. 63.
B.− [Corresp. aux emplois II supra, avec un mot postposé au verbe pour indiquer le nom]
1. Rare, emploi réfl. ou réciproque. Se donner pour nom ou qualificatif :
46. Elle se promettait d'être la protectrice de ses protecteurs, l'ange sauveur qui ferait vivre la famille ruinée; elle s'appelait elle-même Madame la comtesse ou Madame la maréchale! En se saluant dans la glace. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 273.
47. ... ces hommes, ou ces femmes, qui sont derrière ces quatre murs, ils s'habillent de bure, ils sont égaux, ils s'appellent frères; ... Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 617.
2. Usuel, emploi passif. Être appelé, avoir pour nom.
a) [En parlant de pers.] :
48. − Comment s'appelle-t-il, car sans doute vous savez son nom? − Parfaitement, le comte de Monte-Cristo. A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 518.
Emploi factitif. Se faire appeler :
49. Un seul des trois, qui se faisait appeler Thaunier, faisait preuve d'une certaine hardiesse, et pouvait bien avoir refusé de se rendre par patriotisme. Les autres n'étaient que des capons. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 45.
Arg. ,,Se faire appeler Jules : se faire traiter de tous les noms.`` (Éd. 1967).
b) [En parlant de choses] Cette fleur s'appelle anémone (Ac.).
P. ext. [En parlant de choses abstr.] Avoir pour nom véritable :
50. ... juger et combattre s'appellent servir. Bonald, Législ. primitive,t. 1, 1802, p. 80.
Loc. [Dans un débat longtemps confus, pour qualifier les énoncés clairs et décisifs ou les propositions plus avantageuses que prévues que qqn vient de formuler] Cela s'appelle parler; c'est ce qui (ou voilà qui) s'appelle parler. Voilà des paroles bonnes à entendre.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aple], j'appelle [ʒapεl]. Enq. : /apel/ (il) appelle. 2. Forme graph. − Doublement régulier du l devant une syllabe contenant un e muet. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit appeler ou apeler (cf. également Clédat 1930, p. 74) et j'apelle ou j'apèle.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) xes. trans. « s'adresser (à) » (Passion du Christ, 178 ds Bartsch, Chrestomathie, 9eéd., 1908, p. 8 : Envers Jhesum sos olz torned, si pïament lui appelled), seulement en a.fr.; b) ca 1040 id. « (d'un inanimé) l'inviter à venir en se servant de la voix ou d'un signe » (Alexis, éd. G. Paris, XIII, 61 : Quant en la chambre furent tuit soul remes, Damz Alexis la prist ad apeler : La mortel vide li prist molt a blasmer); c) ca 1152 « invoquer » (Dialogue Grégoire, p. 9 ds Gdf. Compl. : Apelanz lo nom de Crist); 1539 appeler à son secours (Est.); 2. a) ca 1100 « (d'un inanimé) faire venir, mander » (Roland, éd. Bédier, 506 : Dist Blancandrins : Apelez le Franceis : De nostre prod m'ad plevie da feid); id. spéc. « (en parlant de Dieu) reprendre (qqn) à soi par la mort » (Ibid., 2261); b) 1160-70 dr. appeler de « citer qqn en l'accusant devant un tribunal » (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4194 ds T.-L. : Oiez de qoi on vos apele Que Tristan n'ot vers vos amor De putée ne de folor); 1174 « recourir à un tribunal supérieur » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, Ms. Wolfenbüttler, éd. I. Bekker, 10 a 7, ibid.); id. « défier (en provoquant éventuellement le duel) » (Id., Ibid., 10 b 14, ibid.); c) av. 1585 « (d'un inanimé) réclamer, entraîner » (Ronsard, 607 ds Littré : La vieille injure appelle la nouvelle); 3. ca 1175 « désigner qqn (ou qqc.) par son nom ou par un nom donné » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 586 : Se je vos ai fol apelé, je vos pri qu'il ne vos an poist). Empr. au lat. appellare « adresser la parole à » dep. Plaute, 184 ds TLL s.v., 273, 11 (cf. sens 1 et 2), attesté notamment au sens 1 c (Pacuvius, Trag., 197, ibid., 47); au sens 2 b « accuser » (Cicéron, Deiot., 3, ibid., 274, 38) et « faire appel à » (Id., Quinct., 29, ibid., 273, 62); au sens 3 (Plaute, Amph., 813, ibid., 274, 51).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 27 070. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 38 127, b) 39 644; xxes. : a) 34 711, b) 40 399.
BBG. − Allmen 1956. − Barber. 1969. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Dul. 1968. − Éd. 1967. − France 1907. − Goug. Lang. pop. 1929, p. IV, 195. − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Gramm. t. 1 1789. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Lal. 1968. − Larch. 1880. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Pierreh. Suppl. 1926. − Remig. 1963. − Sardou 1877. − Soé-Dup. 1906. − Vermeulen (A.). À propos des guillemets et de leurs équivalents. Vie Lang. 1971, no229, pp. 191-192. − Will. 1831.