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APPEL, subst. masc.
A.− Action de dire (à haute voix) le nom de quelqu'un ou de quelque chose (cf. appeler I A). Répondre à l'appel, manquer à l'appel.
1. Action de prononcer à haute voix le nom des personnes qui doivent se trouver en un lieu afin de vérifier leur présence :
1. ... le président a dit qu'il allait faire procéder à l'appel des témoins. L'huissier a lu des noms qui ont attiré mon attention. Du sein de ce public tout à l'heure informe, j'ai vu se lever un à un, pour disparaître ensuite par une porte latérale, le directeur et le concierge de l'asile, le vieux Thomas Pérez, Raymond, Masson, Salamano, Marie. (...). Je m'étonnais encore de ne pas les avoir aperçus plus tôt, lorsque à l'appel de son nom, le dernier, Céleste s'est levé. Camus, L'Étranger,1942, p. 1185.
Rassemblement de militaires au cours duquel a lieu cet appel :
2. ... vers la gauche, du côté de la deuxième brigade, un clairon sonna l'appel. Plus près, un autre répondit. Puis, ce fut un troisième, très loin. De proche en proche, tous sonnaient à la fois, lorsque Gaude, le clairon de la compagnie, se décida, à toute volée des notes sonores. Zola, La Débâcle,1892, p. 8.
2. PRATIQUE, rare. [En parlant de choses] Action d'appeler des dénominations pour vérifier la présence des objets correspondants :
3. ... ses lèvres seules avaient un frisson de fièvre, dans son visage gai et victorieux des jours d'inventaire. (...). Elle [Denise] s'était de nouveau penchée sur ses feuilles, simplement. (...) elle écrivait d'une main machinale, au milieu de l'appel régulier des articles, ... Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 657.
3. INSTIT. POL. Appel nominal. Action d'appeler successivement à haute voix chacun des membres d'une assemblée afin qu'il exprime son vote :
4. Celui qui l'a émis a donc eu réellement, dans ce moment et pour cette circonstance, le vouloir et le faire. Il a donc été le pouvoir du jour et du moment, et que le vote ait été public ou secret, qu'on ait voté par appel nominal ou par assis et levé, il a prononcé entre les votans, comme le roi en son conseil. Bonald, Essai analytique sur les lois naturelles de l'ordre soc.,1800, p. 76.
DR. (procédure). Appel des causes. Action d'appeler les causes afin qu'elles soient plaidées :
5. Après l'appel des causes, l'avoué de Birotteau fit la demande en quelques mots. Sur un geste du Premier Président, le procureur général, invité à donner ses conclusions, se leva. Balzac, César Birotteau,1837, p. 406.
4. Loc. Manquer à l'appel.
a) Ne pas répondre à l'appel de son nom, être absent :
6. ... ces messieurs les jurés représentent la société et sont bien décidés à la défendre. L'un des jurés manque à l'appel. On n'a reçu de lui aucune lettre d'excuses; rien ne motive son absence. Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 620.
P. métaph. :
7. Dès mon arrivée, leur bibliothèque avait été mise à ma disposition. J'y pouvais puiser sans contrôle. Elle était composée d'un fonds classique, mais abondait surtout en œuvres modernes. De Chateaubriand à Paul Bourget, à Anatole France, je crois qu'aucun écrivain du xixesiècle ne manquait à l'appel. R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques et littér.,1955, p. XLV.
b) Par euphémisme
[En parlant de pers.] Être mort :
8. Songez donc, cher ami, au plaisir que vous ferez à vos vieux amis; il en manque quelques-uns à l'appel, mais c'est quand les rangs s'éclaircissent qu'il faut les resserrer. Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres,1847, p. 268.
[En parlant d'obj.] Être égaré, ne pas être retrouvé :
9. ... elle visitait les plus petits coins de ses vêtements, elle trouvait généralement la pièce qui manquait à l'appel dans la visière de la casquette, cousue entre le cuir et l'étoffe. Zola, L'Assommoir,1877, p. 684.
B.− Action de faire venir ou d'attirer en un lieu (cf. appeler I B).
1. Action de faire venir à soi qqn en attirant son attention avec la voix, par un signe, par des gestes, etc.
a) [L'appel provient d'un être animé]
[Il s'adresse à une pers. ou à un animal pour la/ le faire venir] :
10. ... nous distinguâmes un petit groupe qui faisait des gestes d'appel. G. Leroux, Le Parfum de la Dame en noir,1908, p. 131.
11. À peine les a-t-il [un chasseur] fait poser [les palombes rôdeuses], qu'il « coucourège », qu'il imite le roucoulement rauque de l'oiseau et il l'attire ainsi vers la captivité et vers la mort avec ce chant qui est un appel tendre et passionné. Mauriac, Mémoires intérieurs,1959, p. 112.
En partic. Pour lui demander son aide :
12. Le premier jeune homme a disparu. Le second nageait toujours. De temps en temps, des voix lui criaient : « Par ici! Plus haut! À gauche! À droite! Là-bas, devant! » Alors il a donné des signes de fatigue et l'on a perçu ses appels : « Au secours! Au secours! » G. Duhamel, Journal de Salavin,1927, p. 168.
13. J'osais même plus sortir de peur de le rencontrer. Fallait qu'on me demande des deux ou trois fois de suite pour que je me décide à répondre à l'appel des malades. Alors la plupart du temps quand j'arrivais on avait déjà été en chercher un autre. Céline, Mort à crédit,1936, p. 336.
RELIG., par euphémisme. L'appel de Dieu. Action pour Dieu de rappeler l'homme auprès de lui. Synon. mort :
14. Toutes ces morts multipliées nous font penser à la nôtre, et à préparer notre âme à l'appel que Dieu lui peut faire au moment où nous y pensons le moins. Qui sait si ce ne sera pas cette année? E. de Guérin, Lettres,1846, p. 475.
Rem. L'appel peut avoir pour obj. ou pour suj. un animal. a) Vén., équit. Appel de langue. Action d'appeler ou d'exciter un chien, un cheval par un claquement de langue (attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.). Loc. Ce chien n'a pas d'appel. Il n'obéit pas quand son maître l'appelle (attesté ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.). b) D'un animal qui s'adresse à un congénère ou à un homme :
15. J'entendais de ma fenêtre l'appel de ses chiens courants. Lamartine, Les Confidences,1849, p. 345.
16. Ce son doit être toujours doux et modulé pour ressembler au cri d'appel de la chevrette. Celle-ci appelle le mâle par un cri ou même par un bêlement assez particulier qu'il est difficile de traduire. « Fiou-fiou » en serait peut-être l'expression la plus approchée. Il est toutefois différent de l'appel que ces chevrettes réservent à leurs petits, qui est un cri beaucoup plus doux et un peu chevrotant. F. Vidron, La Chasse en plaine et au bois,1945, pp. 97-98.
b) [L'appel provient d'un inanimé : objet (cloche, clairon, téléphone, etc.) qui émet un signal] :
17. ... elle avait vu la cour de la ferme pleine d'un flot de cavaliers, qui avaient dormi là, couchés pêle-mêle, enveloppés dans leurs manteaux. Ils étaient si nombreux, qu'ils couvraient la terre. Puis, à un brusque appel de clairon, tous s'étaient dressés, silencieux, drapés à longs plis, si serrés les uns contre les autres, qu'elle avait cru assister à la résurrection d'un champ de bataille, sous l'éclat des trompettes du jugement dernier. Zola, La Débâcle,1892, p. 603.
Le signal lui-même :
18. Or, tout à coup, le 7 au petit jour, à trois heures cinquante du matin, voici que Vaux réveillé fait des appels. Les postes de signaleurs saisissent ces trois mots : « Ne quittez pas. » − Ne quittez pas : geste du mourant qui retient la main aimée. Et puis plus rien. Le fort de Vaux ne parlera plus. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 270.
MUS. Passage d'un morceau exécuté par les cors et qui a quelque ressemblance avec les appels de chasse :
19. Les cors pour celle-ci [la fanfare restreinte] et la petite fanfare sont indiqués, autant pour encourager le maintien de ces instruments si remarquables pour la douceur de leur timbre que par leur supériorité dans les soli, les tenues, les appels de chasse et la transcription exacte de leurs effets dans les œuvres de musique classique. T. Dureau, Instrumentation et orchestration...,1905, p. 66.
VÉN. Appel (simple ou forcé). ,,On sonne un appel ou des appels pour faire avancer un relais ou pour faire venir un ou plusieurs veneurs; il est forcé quand il est sonné sur le grêle c'est-à-dire sur le cinquième ton. Il se sonne ainsi dans un cas urgent ou quand celui que l'on a appelé n'a point répondu.`` (Baudr. Chasses 1834).
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.
2. TÉLÉCOMM. Action d'inviter quelqu'un à entrer en communication téléphonique avec l'appelant (cf. appeler I B 2). Lancer un appel téléphonique, répondre à un appel; avis, numéro, cadran d'appel.
P. anal., INFORMAT. Action d'inviter un ordinateur à répondre à une demande d'information.
,,Extraction d'une information ou d'un programme se trouvant dans une mémoire, dans un registre, etc.`` (Électron. 1959).
,,Technique consistant à interroger périodiquement chacun des terminaux qui se partagent une même ligne de communication pour savoir si la ligne peut être utilisée.`` (Guilh. 1969).
3. Action d'inviter quelqu'un à se rendre en un lieu déterminé (cf. appeler I B 3)
a) ADMIN. MILIT. Opération consistant à appeler ou à être appelé sous les drapeaux. Devancer l'appel; appel du contingent, des classes :
20. On envisagea également le système de l'échelonnement des appels de réservistes. Ce procédé aurait permis par la convocation annuelle, pendant un mois, de chacune des deux classes de complément, de maintenir nos effectifs à un niveau plus élevé et d'assurer un meilleur entraînement à nos réservistes; ... Joffre, Mémoires,t. 1, 1931, p. 91.
b) DROIT
Appel en cause. ,,Mise en cause d'une partie qui ne figure pas au procès pour que le jugement à intervenir ait l'autorité de la chose jugée à son égard, et ne puisse pas être attaqué par elle, par la suite, par la voie de la tierce opposition.`` (Cap. 1936).
Appel en garantie. ,,Procédure suivie contre une personne pour l'appeler dans une instance où elle n'était pas en cause afin d'obtenir d'être relevé et garanti par elle de la condamnation à intervenir.`` (Cap. 1936).
c) Rare. Provocation en duel. Les appels sont défendus comme les duels (Ac.1835-1932).Synon. cartel.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds DG, Rob. et Lar. encyclop.
4. Action d'attirer vers un lieu ou vers une personne.
a) [En parlant de choses] :
21. La troisième sirène retentissait, des coups longs, graves et, cette fois, purs, l'appel du large. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 47.
b) [En parlant de pers. ou des charmes d'une pers.] :
22. Le second [thème] celui de la lutte entre la vocation religieuse et l'appel de la chair. Rien de plus banal, mais aussi rien de plus antique, et j'oserai presque dire, dans un certain sens rien de plus sacré, ... Claudel, Partage de midi,1reversion, 1906, p. 983.
Arg. ,,Essai de séduction.`` (A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 403) :
23. Faire un appel (...) : faire de l'œil. On fait un appel (...) par clignement d'œil ou en gonflant la joue avec la pointe de la langue. J. Lacassagne, L'Arg. du« milieu », 1928, p. 7.
Fam. Faire un appel du pied. Geste (au propre et au fig.) pour attirer l'attention d'une personne sur soi.
c) Emplois techn.
[Attraction phys.]
MAR. ,,Direction d'une manœuvre tendue. Un bâtiment vient à l'appel de son câble lorsque le vent ou la marée l'oblige à se ranger dans une ligne droite avec cette amarre. (...) L'effort d'un poids appliqué au bout d'un cordage quelconque, est toujours à l'appel de ce cordage, parce qu'il suit la même ligne.`` (Will. 1831) :
24. Le bout des câbles fut roidi à bord à l'appel des mâts, qui avoient été consolidés, autant qu'il étoit possible, par des aiguilles, des pataras, etc.; ... L. de Freycinet, Voyage autour du monde à bord des corvettes l'Uranie et la Physicienne,1826, pp. 40-41.
MUS. ,,Affinité des sons. Tendance naturelle de certains sons à se porter, à se résoudre, à s'appuyer sur d'autres sons qui semblent exercer sur eux, un appel attractif.`` (Rougnon 1935).
TECHNOL. Appel d'air. Synon. aspiration d'air :
25. Paganel, afin de déterminer le tirage, se plaça au-dessus du foyer, ses deux longues jambes écartées, à la manière arabe; puis, se baissant et se relevant par un mouvement rapide, il fit au moyen de son poncho un violent appel d'air. Le bois s'enflamma, et bientôt une belle flamme ronflante s'éleva du brasero improvisé. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 1, 1868, p. 220.
[Moy. d'attirer l'attention] IMPR. Appel de note. ,,Chiffre ou signe typographique figurant après un mot et renvoyant à une note portant la même référence.`` (Voyenne 1967) :
26. Les notes (...) sont précédées de numéros d'ordre, lettres ou signes, ayant leur analogue correspondant dans le texte, où ces chiffres, lettres, signes, prennent le nom d'appels de notes. E. Leclerc, Nouv. manuel complet de typogr.,1932, p. 222.
C.− [Avec souvent un compl. prép. indiquant la nature de l'action] Action d'inviter à agir.
1. RELIG. Action par laquelle Dieu invite à la conversion :
27. La sainteté! s'écria le vieux prêtre d'une voix profonde, en prononçant ce mot devant vous, pour vous seul, je sais le mal que je vous fais! Vous n'ignorez pas ce qu'elle est : une vocation, un appel. Là où Dieu vous attend, il vous faudra monter, monter ou vous perdre. N'attendez aucun secours humain. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 134.
2. Emplois techn. Invitation à agir; texte de cette invitation.
a) ADMIN. Appel d'offres. Invitation à présenter des offres de travaux. ,,En matière de marché public, mode de détermination de l'entrepreneur qui sera chargé d'exécuter un travail ou une prestation de service. (...) [Il] (...) permet de sélectionner les candidats d'après le prix proposé, la valeur technique, les garanties professionnelles.`` (Lemeunier 1969).
b) FIN., COMM. Appel de fonds. Invitation à verser une certaine somme. ,,Pour qu'une société par actions soit valablement constituée, il faut que toutes les actions émises soient souscrites, mais elles peuvent n'être que partiellement libérées, d'un quart ou de la moitié par exemple. Lorsque la société émettrice a besoin de fonds, elle demande aux actionnaires d'effectuer un versement complémentaire; la société fait alors un « appel de fonds ».`` (Banque 1963). Faire un appel de fonds :
28. Depuis les journaux de Janvier, nous sommes tombés d'accord qu'il fallait procéder dans le développement de la maison d'une façon graduelle et prudente, je veux dire tâcher de ne recourir à l'important appel de fonds qui la mettra sur son pied futur qu'alors que nous aurons des résultats solides et sérieux à présenter qui puissent mériter encouragement et donner confiance. Du Bos, Journal,1926, p. 54.
c) POL. Appel aux armes. Invitation à prendre les armes (pour la guerre, l'insurrection) :
29. Écouté à la T.S.F. le discours de Hitler à Nuremberg. L'appel aux armes permet une facile éloquence et l'on entraîne les hommes au combat et l'on chauffe leurs passions plus aisément qu'on ne les tempère, ne les invite aux travaux patients de la paix. Gide, Journal,1938, p. 1319.
3. SP. Derniers moments avant l'action.
a) En escrime. Battement du pied sur place, signal d'attaque.
b) Dans les sauts avec élan.Dernier appui du pied sur le sol, immédiatement (av. le saut lui-même) après l'élan :
30. Le second principe consiste à prendre un bon appel et à faire une bonne chute. A.-O. Grubb, French sports neologisms,1937, p. 15.
c) Dans la pratique du ski,,Élan pratiqué en sens inverse du côté où l'on veut tourner (...). Il y a deux sortes d'appel, l'un qui consiste à préparer un allègement, l'autre qui consiste à préparer une impulsion.`` (Gautrat Ski 1969).
4. Lang. cour. Faire appel à qqn ou à qqc.En vue d'une action.
a) [Le compl. est un animé ou en rapp. avec l'animé]
[Une pers.] Demander l'aide de quelqu'un :
31. Ici encore l'arbitrage va s'imposer; il faudra faire appel aux hommes ayant une grande expérience de la vie, pour savoir quels sacrifices doivent être consentis par les riches en faveur des pauvres clients de l'église. Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 314.
[Attributs, fac. de l'homme] Faire appel (aux) à ses souvenirs :
32. Les plus sages m'ont dit : « (...) utilisez les connaissances que vous avez forcément acquises; faites appel à votre mémoire, coordonnez vos notes et imposez-vous cette tâche d'écrire vos voyages. » Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 213.
b) [Le compl. est inanimé ou abstr.] Se servir de quelque chose.
[Chose concr.] :
33. Une autre solution consiste à faire appel à un dispositif mécanique basé sur le changement d'amplification de la timonerie suivant que l'on veut freiner la tare seule ou la tare et la charge. M. Bailleul, Notions de matériel roulant des ch. de fer,1951, p. 140.
[Domaine abstr.] :
34. ... dans l'effort de Beethoven pour élargir la coupe de sa pensée musicale, pour combler les vides et amortir les martellements de ses césures, il se trouva amené à faire appel au style fugué. Tout bon musicien d'Europe, étant polyphoniste, est tenu d'en faire autant : ... Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 284.
SYNT. (Faire) appel au cœur, à la collaboration, à la conscience, à des considérations, au courage, au crédit, au désir, à l'énergie, à l'expérience, à la générosité, au patriotisme, à la pitié, à la raison, à la solidarité; adresser, attendre, entendre l'appel; appel constant, déchirant, désespéré, direct, discret, général, impérieux, irrésistible, lointain; gestes d'appel.
D.− DR. Appel (d'un jugement). Action d'appeler de, d'en appeler à (cf. appeler I D).
1. DR. ,,Recours à un tribunal supérieur contre une décision rendue par un tribunal ou un juge inférieur.`` (Nouv. rép. de dr., Paris, Dalloz, t. 1, 1962, § 1). Faire appel :
35. 291. L'appel du jugement qui aurait déclaré ne pas y avoir lieu à admettre le divorce, ne sera recevable qu'autant qu'il sera interjeté par les deux parties, et néanmoins par actes séparés, dans les dix jours au plus tôt, et au plus tard dans les vingt jours de la date du jugement de première instance. Code civil,1804, p. 55.
Au fig. :
36. Dans le foyer il [le père] représente l'autorité d'appel au-dessus de la mère. M. Choisy, Qu'est-ce que la psychanal.?1950, p. 66.
Sans appel. Définitif, sans possibilité de recours :
37. Jamais, jusqu'à présent, je n'avais aimé sans garder dans ma pensée une issue vers une vie différente. Je pouvais tout en aimant, et même il me semblait que je devais imaginer la fin de cet amour, me concevoir sans lui comme pour échapper à ce qu'une passion sans appel apporte avec elle de mortel. Depuis que j'aime cette femme je ne peux pas évoquer un temps où elle ne serait pas près de moi et, comme si je l'installais peu à peu à la place de la vie, je m'abstiens de rêver, je m'enferme dans le sentiment de l'heure qui dure pour nous rapprocher. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 215.
Appel principal. ,,En matière civile, appel de la partie qui saisit la première la juridiction supérieure; en matière pénale, appel de toute partie.`` (Cap. 1936).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Rob., Quillet 1965.
Appel incident. ,,(Pr. Civ.). Appel formé, en réponse à l'appel principal, par l'intimé, c'est-à-dire par le défendeur à cet appel. (...). (Pr. Pén.). Appel qui, à la suite d'un premier appel interjeté par une partie dans le délai ordinaire d'appel, est ouvert aux autres parties ayant qualité pour interjeter appel...`` (Cap. 1936).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Rob., Quillet 1965.
Appel a minima. ,,Appel du ministère public en matière pénale, ayant pour but de faire élever la peine.`` (Cap. 1936) :
38. Celui-ci [le Conseil de guerre] m'infligeait, d'abord, un mois de prison. Puis, sur appel a minima exigé par le « ministre » Weygand, me condamnait à la peine de mort. De Gaulle, Mémoires de guerre,L'Appel, 1954, p. 71.
Appel a maxima. ,,Appel du ministère public en matière pénale, ayant pour but de faire diminuer la peine.`` (Cap. 1936).
Cour d'appel. Juridiction du deuxième degré qui juge une cause déjà jugée en premier ressort :
39. Les cours d'appel (au nombre de 27 et dont les rôles sont très inégalement chargés) répondent au principe de procédure du double degré de juridiction. Des chambres spécialisées connaissent des appels civils. En matière pénale une chambre des appels correctionnels connaît des appels des décisions rendues par les tribunaux de première instance et les tribunaux d'instance; la chambre d'accusation est d'une part un organisme de contrôle, sur demande du Parquet ou des parties, des décisions prises par le juge d'instruction; d'autre part elle intervient obligatoirement dans l'instruction des crimes. G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 45.
2. DR. CANON. ,,Acte par lequel un fidèle ou un clerc, se croyant lésé dans ses droits par un supérieur ou un juge ecclésiastique, demande justice contre lui à un supérieur ou à un juge plus élevé.`` (Guérin 1892) :
40. Interdiction lui était faite du même coup de dire la messe à l'école Saint-Stanislas, d'y prêcher, d'y confesser, d'y habiter, d'y manger. L'abbé Lejeune fit appel de cette sentence au tribunal métropolitain de Lyon. Le cardinal primat des Gaules l'exhortant à l'obéissance, il maintint son appel et fut alors invité à le porter devant le pape, juge des évêques. Billy, Introïbo,1939, p. 87.
3. DR. ANC.
Appel de faux jugement ou « faussement de jugement ». ,,Voie de recours par laquelle, dans la procédure féodale, le plaideur prenait à partie son juge en le prétendant faux et menteur et le provoquait en duel judiciaire devant le suzerain pour tenter en y triomphant de faire tomber le jugement rendu contre lui.`` (Lep. 1948).
Appel comme d'abus. ,,[C'] était la plainte portée devant une cour souveraine contre un juge ecclésiastique lorsqu'on l'accusait d'avoir excédé ses pouvoirs ou entrepris de quelque manière que ce fût contre la juridiction séculière ou en général contre les libertés de l'église gallicane.`` (M. Marion, Dict. des institutions de la France aux XVIIeet XVIIIes., Paris, Picard, 1968, [1923]) :
41. Cette première réclamation du droit civil contre le droit canonique produisit dans la suite l'appel comme d'abus, sauvegarde de la justice... Chateaubriand, Mélanges pol.,1816-24, p. 192.
E.− HISTOIRE
Appel au peuple. ,,Droit dont jouissait tout citoyen romain de faire juger une cause criminelle par le peuple en dernier ressort. Ce droit a été rétabli pendant la Révolution française : ceux qui voulaient sauver Louis XVI votèrent presque tous pour l'appel au peuple.`` (Bouillet 1859) :
42. « Le procès du roi avait été une autre pomme de discorde. Les deux partis semblèrent marcher d'accord, et votèrent, il est vrai, pour la mort; mais la plus grande partie des Girondins vota aussi pour l'appel au peuple; et ici il est difficile de comprendre la raison de la conduite de ce parti dans cette circonstance. S'il voulait sauver le roi, il en était le maître; il n'avait qu'à voter pour la déportation, l'exil ou l'ajournement; mais le condamner à mort, et faire dépendre son sort d'une volonté populaire, était le comble de l'inconséquence et de l'impolitique : ... » Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 772.
Spéc. Nom du parti favorable au rétablissement de l'Empire et de la proclamation du prince Louis Napoléon demandant l'élargissement de la Constitution :
43. Dans la nuit du 1erau 2 décembre 1851, il [le Prince-Président] réussit un coup d'état. Il lança un appel au peuple et soumit à un plébiscite les « bases » d'un projet constitutionnel. Ce plébiscite, par 7 400 000 oui et 640 000 non, lui fut favorable. C'est sur ces bases qu'il promulgua la Constitution de 1852 qui devait rapidement le conduire à l'Empire. G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 81.
P. ext. et fam. Appel adressé à un groupe d'amis ou de connaissances pour lui demander un avis ou une aide volontaire.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [apεl]. Enq. : /apel/. 2. Homon. : (j')appelle. 3. Forme graph. − Fér. Crit. t. 1 1787 indique une var. apel.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xies.-début xiies. dr. « recours à un juge supérieur » (Lois G. le Conquérant, 25 ds Gdf. Compl. : Il volge doner wage e trover plege a persuir soun apel); 2. a) ca 1172-75 « action d'appeler qqn de la voix, d'un signe, pour le faire venir » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 2351 : mes il voit bien a son apel Et a la pierre de l'anel Qu'il n'i a point d'anchantemant); b) fin xiies. p. ext. « action d'appeler par un signal des hommes à s'assembler, à se rassembler » (Perceval, I, 329 ds Gdf. Compl.); c) av. 1266 appeau « provocation, appel en duel » (Assises Jérusalem, ch. XCIV, ibid.), qualifié de ,,vieilli`` ds DG; d) xiiies. vén. « manière de sonner du cor pour appeler les chiens (à la chasse) » (La Chace dou cerf ds Nouv. Recueil Fabliaux, éd. A. Jubinal, I, 162); e) 1690 « action d'appeler à haute voix des personnes par leur nom afin de s'assurer de leur présence » (Fur.). Déverbal de appeler*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 4 007. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 669, b) 4 120; xxes. : a) 6 658, b) 9 406.
BBG. − Amsler 1971. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Banque 1963. − Barber 1969. − Barr. 1967. − Baudhuin 1968. − Baudr. Chasses 1834. − Bible 1912. − Blanche 1857. − Boud.-Frabot 1970. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Cap. 1936. − Chabat 1881. − Chesn. 1857. − Comm. t. 1 1837. − Comte-Pern. 1963. − Dub. Pol. 1962, p. 109, 130. − Éd. 1913. − Électron. 1959. − Esn. 1966. − Esn. Poilu 1919. − Foi t. 1 1968. − Frey 1925, p. 58, 66. − Gall. 1955, p. 5. − Gautrat 1970. − Gautrat Ski 1969. − Giraud 1956. − Giteau 1970. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 89. − Gruss. 1952. − Guilh. 1969. − Jal 1848. − Lacr. 1963. − Lal. 1968. − Lamb. 1970. − Lavedan 1964. − Lemeunier 1969. − Lep. 1948. − Lhoste-Pèpe 1964. − Noël. 1968. − Plais. 1969. − Pol. 1868. − Prév. 1755. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − Sandry-Carr. 1963. − Sandry-Carr. Th. 1963. − Soé-Dup. 1906. − Spr. 1967. − St-Edme t. 1 1824. − Suavet 1963. − Tez. 1968. − Tondr.-Vill. 1968. − Vachek 1960. − Voyenne 1967. − Will. 1831.