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APPÂTER, verbe trans.
I.− Vieilli. Donner la pâture aux oiseaux, aux volailles pour les engraisser. Synon. usuel gaver.
Rem. Mentionné ds la plupart des dict. gén. du xixesiècle.
P. anal. et fam. Donner à manger à quelqu'un qui ne peut se servir de ses mains. Il faut l'appâter comme un enfant (Ac.1835-1878).
II.− Spéc., PÊCHE.
A.− Vx, région. Attirer avec un appât :
1. Le repas dura longtemps à l'ombre des frênes où bourdonnaient les mouches bleues. Puis on se mit à pêcher des écrevisses, qu'on appâtait de grenouilles coupées en morceaux. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 149.
B.− P. méton., usuel. Garnir d'un appât (un hameçon) :
2. Théodomir, le neveu de notre vieux garde Bocage, m'avait appris dès mon plus jeune âge à monter une ligne et à appâter l'hameçon comme il faut; car si la truite est le plus vorace, c'est aussi le plus méfiant des poissons. Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 396.
Emploi abs. :
3. Au reste, de moment en moment, tandis que nous appâtions, les yeux sur l'eau, des bulles montaient et crevaient à la surface, décelant des errances en sous-onde, et tout à coup un poisson s'élançait verticalement, comme dressé par un ressort, et s'enfonçait, la gueule garnie d'une bestiole happée. Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 235.
III.− Au fig., fam. ou iron. Attirer, séduire (cf. II A) :
4. Vous avez entassé tous les forfaits de la faiblesse contre une force innocente; vous avez apprivoisé le cœur de votre patient pour en mieux dévorer le cœur; vous l'avez appâté de caresses; vous n'en avez omis aucune de celles qui pouvaient lui faire supposer, rêver, désirer les délices de l'amour. Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 299.
5. Elle inspirait des passions : on l'accusait même d'abuser de son ascendant; certaines étudiantes s'affiliaient par amour pour elle à ce tiers-ordre qu'elle dirigeait aux côtés de Madame Daniélou; et puis après avoir appâté ces jeunes âmes, elle se dérobait à leur dévotion. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 221.
Rem. La docum. fournit un dér. appâteur « celui qui appâte » : ,,... il [Sylla] partait pour la pêche (...); il prétendait que certains, nés sous le signe naviculaire du poisson, sont naturellement appeleurs et appâteurs de ces humides et squameux petits personnages...`` (L. Daudet, Sylla et son destin, 1922, p. 282). Emploi isolé, sans relation hist., semble-t-il, avec un emploi également isolé du xvies. : ,,[Le sexe féminin] Miserable appasteur des hommes vertueux`` (Le Danger de mariage ds Poësies xve-xvies., éd. A. de Montaiglon, t. 3, p. 73).
PRONONC. : [apɑte], j'appâte [ʒapɑ:t]. Barbeau-Rodhe 1930 note : apɑ ˑte (cf. également Passy 1914).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1540 s'appaster « (en parlant d'animaux) se nourrir » (C. Marot, Cimetière, XXXIII ds Dict. hist. Ac. fr., p. 389a : C'est le tumbeau, là ou les vers s'appastent Du bon vieillard agréable et heureux), plus fréq. à la forme trans.; 2. 1549 appaster « attirer avec un appât, amorcer » (R. Estienne, Dict. fr.-lat.); 1710 apâter (Rich.). Dér. de l'a. fr. past « nourriture » (du lat. pastus « nourriture, pâture », part. passé substantivé de pascĕre « nourrir »), attesté dep. ca 1121, en parlant des hommes (St Brandan, éd. C. Wahlund ds T.-L. : Dius nous a donné no past) et en parlant des animaux, dep. fin xiies. (Chr. de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 3708 : cuiriee et past i atendoient Tout li mastin); préf. a-1*, dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 15.
BBG. − Baudr. Chasses 1834. − Bél. 1957. − Regula (M.). Etymologia. In : [Mél. Gamillscheg (E.)]. München, 1968, p. 484.