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APOLLONIEN1, IENNE, APOLLINIEN, IENNE, adj.
A.− Apollonien, plus rarement apollinien. Qui approche du type représenté par les statues classiques du dieu Apollon :
1. ... il [Spifame] jeta un pan de son manteau sur sa moustache, et recommanda à Claude Vignet de voiler encore les rayons de sa face apollonienne sous l'aile rabattue de son feutre gris. Nerval, Les Illuminés,1852, p. 23.
2. ... j'ai déjà dit l'impression qu'il [Codréano] me fit dans son poste de la Maison Verte (...) sa beauté apollinienne, à laquelle ajoutait encore une ombre de phtisie ... J. et J. Tharaud, L'Envoyé de l'Archange,1939, p. 161.
Rem. 1. La fortune de la forme apollinien s'explique sans doute, une fois l'usage B entré dans la lang., par le désir d'éviter la succession de 2 syllabes à vocalisme identique (principe de différenciation; cf. pétainiste passant à pétiniste). 2. Apollonien est noté comme néol. ds Littré; attesté également ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr. et Guérin 1892. Pour apollinien, cf. B remarque.
B.− Apollinien, PHILOS. [En partic. dans la philos. nietzschéenne] Qui est conforme à un idéal de mesure et de sérénité :
3. Nietzsche aurait dit de lui [Bourdelle] qu'il était un artiste plus dionysien qu'apollinien. L. Daudet, Mes idées esthétiques,1939, p. 272.
Rem. Apollinien n'apparaît ds les dict. qu'à partir de Lar encyclop., qui lui réserve une entrée spéc. avec les sens A et B
Emploi subst., PHILOS. :
4. Déjà les oppositions classiques du naïf et du sentimental, de l'apollinien et du dionysiaque, du classique et du romantique, de l'abstrait et du concret visaient en réalité des intuitions du monde différentes; ... Vuillemin, L'Être et le travail,1949, p. 132.
PRONONC. ET ORTH. − Seule transcription ds Littré : a-pol-lo-niin, fém. -niè-n'. Pt Rob. transcrit la forme apollinien : apɔlinjε ̃, fém. -jεn. Littré réserve 2 entrées distinctes pour apollonien, la 1reétant consacrée au terme de géom., la 2eau néol. : qui a une apparence d'Apollon.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1557 adj. apollonien « d'Apollon » (Bugnyon, Erctasmes, p. 115 ds Gdf. Compl. : L'apollonienne buccine), attest. isolée; repris au xviiies.; av. 1778 « digne d'Apollon » (J.-J. Rousseau ds Lar. 19e: Regardez ce corps quand il se redresse! Quelles proportions Apolloniennes!); 1866 (Lar. 19e: Apollonien. Qui ressemble à Apollon, qui approche de la beauté, de la perfection idéale d'Apollon); mentionné par Littré comme néol.; b) 1852 adj. Apollonien « qui ressemble à Apollon », supra; 2. 1927 philos. Apollinien « qui est caractérisé par l'ordre, la mesure, la sérénité, la maîtrise de soi, dans la philosophie de Nietzsche 1844-1900 (p. oppos. à dionysiaque) » (H. Delacroix, Psychol. de l'art, 389 ds Foulq.-St-Jean, s.v. apollinien ou apollonien : Si la poésie est dionysiaque par ses origines elle est apollinienne dès qu'elle est poésie. L'exubérance qui fait irruption dans les mots, la violence de l'élan ne créent le rythme qu'à travers le prisme d'une intelligence ordonatrice). 1 a dér. de Apollon (apollon*), dieu de l'Antiquité, 1 b dér. du rad. du lat. Apollo − inis; suff. -ien*; 2 empr. à l'all. apollinisch, mot forgé par le philosophe all. Friedrich Schelling [✝ 1854] et utilisé à sa suite par Hegel et Nietzsche (J. Hoffmeister, Wörterbuch der philosophischen Begriffe, 1955, s.v. apollinisch).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 8.
BBG. − Foulq.-St-Jean 1962. − Julia 1964. − Piéron 1963. − Sociol. 1970.