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APOGÉE, subst. masc.
A.− Sens propre, ASTRON. et p. ext. ASTRONAUT. Point extrême de l'orbite elliptique d'un astre ou d'un corps céleste artificiel par rapport au centre de la terre. L'apogée du soleil, de la lune :
1. Supposons-nous donc dans le soleil, au centre du mouvement des planètes. Non seulement nous les verrions tourner autour de nous dans leurs périgées, c'est-à-dire quand elles sont du côté de la terre; mais encore dans leurs apogées, c'est-à-dire au-delà du soleil, parce que cet astre tourne sur lui-même en vingt-cinq jours et demi. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 348.
2. Dans le cas des satellites artificiels, il est particulièrement intéressant de connaître les distances minimale et maximale du satellite (apogée, périgée). V. Kourganoff, Astron. fondamentale élémentaire,1961, p. 98.
SYNT. Être, arriver à son apogée; atteindre (à) son apogée.
P. ext., rare. Apogée de la terre. Synon. de aphélie :
3. La terre ne décrit pas un cercle autour du soleil, mais bien une ellipse, ainsi que le veulent les lois de la mécanique rationnelle. La terre occupe un des foyers de l'ellipse, et, par conséquent, à une certaine époque de son parcours, elle est à son apogée, c'est-à-dire à son plus grand éloignement du soleil, et à une autre époque, à son périgée, c'est-à-dire à sa plus courte distance. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 547.
B.− Au fig. [Gén. dans une tournure poss. ou suivi d'un compl. de nom; en parlant d'un sentiment, d'un état, de l'évolution d'un phénomène] Degré le plus élevé qu'on puisse atteindre. L'apogée de la gloire :
4. Toutes les langues ont eu leur naissance, leur apogée et leur déclin ... Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 27.
5. Vint enfin l'heure du départ, qui sonna indifférente pour les autres, mais qui fut, dans leur vie à tous deux, le point suprême, l'apogée pathétique. Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 170.
6. La splendide félicité de Gwynplaine et de Déa était, pour l'instant, absolument sans ombre. Elle était peu à peu montée jusqu'à ce point où rien ne peut plus croître. Il y a un mot qui exprime ces situations-là, l'apogée. Le bonheur, comme la mer, arrive à faire son plein. Hugo, L'Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 152.
7. En mars 1820, il épouse Mllede Roquelaure, fort belle et qui a dix-huit ans. M. de Rollebon en a soixante-dix; il est au faîte des honneurs, à l'apogée de sa vie. Sartre, La Nausée,1938, p. 27.
SYNT. L'apogée de la puissance, du romantisme, d'une carrière, de la douleur, de l'enthousiasme.
Emploi adj., rare. Le plus intense, le plus élevé, maximum :
8. Le squelette des morts, pourtant, ne grimace pas. Et plus lugubre que lui, le masque amplifie le bourdonnement des puissances de désolation. Une fécondante idée fixe détruit à jamais l'équilibre du visage humain, le délivre de la peur et de la tristesse apogées en les enfermant dans leur représentation extrême. Éluard, Donner à voir,1939, p. 63.
PRONONC. : [apɔ ʒe].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Subst. 1557 astron. (P. de Mesmes, Inst. Astron., 25 ds DG, sans attest.); d'où fig. 1652 « degré supérieur d'une chose » (Guez de Balzac, Dissert. crit. 8 ds Rob. : le zénith de la vertu, le solstice de l'honneur et l'apogée de la gloire); 2. adj. 1690 astron. (Fur.). Empr. au gr. α ̓ π ο ́ γ ε ι ο ν littéralement « qui part de la terre » d'où « éloigné de la terre ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 138.
BBG. − Bouillet 1859. − Galiana Astronaut. 1963. − Guilb. Aviat. 1965. − Guyot 1953. − Lacr. 1963. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Muller 1966. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Spr. 1967. − Uv.-Chapman 1956.