| APLANISSEMENT, subst. masc. A.− [Le compl. exprimé à l'aide de la prép. de ou suggéré, désigne une surface] Action d'aplanir; résultat de cette action, surface aplanie. 1. [Une surface terrestre] :
1. Les traits assez nets du Berry calcaire − le vrai Berry − se brouillent aux approches du Massif Central. Le changement s'annonce d'abord par de grandes forêts qui, au sud de Dun-le-Roi, d'Issoudun, de Châteauroux, s'étalent, parfois marécageuses, sur les larges plaques de sable argileux. Ces lignes noires de forêts plates, empâtant l'horizon dans l'aplanissement du relief, sont, au sortir du Massif Central, un des premiers traits définis qui frappent les yeux.
Vidal de La Blache, Tableau de la géogr. de la France,1908, p. 156. − GÉOL. Surface d'érosion plane et généralement localisée, qui résulte de diverses actions externes (cf. Vidal de La Blache, Principes de géogr. humaine, 1921, p. 234). ♦ Surface d'aplanissement. Synon. de pénéplaine : 2. Le fait, soupçonné par Guettard dès 1774, que l'activité permanente de l'érosion, si elle n'est pas contrariée par des mouvements de surrection, aboutit à la destruction totale du relief, fut affirmé en 1889 par l'Allemand A. Penck qui envisagea cet aplanissement général comme « le terme final de l'érosion ». Cette ultime forme de terrain reçut du géographe américain William Morris Davis le nom de pénéplaine.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1,1961, p. 383. − P. métaph. : 3. Mais le gouvernement de ma pensée ne m'appartient pas. Elle n'a d'autre guide qu'un infatigable instinct de fuite loin de la demeure commune, comme si la liberté était dans l'évasion et la vérité au bout d'un voyage infini. Aussi, malgré l'aplanissement de mes voies intérieures, je ne ressens guère moins de fatigue à vivre; car l'inquiétude de l'intelligence vaut bien, comme mal, l'incertitude du lendemain.
M. de Guérin, Journal intime,1835, p. 225. 2. [Autres surfaces] :
4. Les larges aplanissements des flots dans le golfe avaient çà et là des soulèvements subits. Le vent dérangeait et fronçait cette nappe.
Hugo, L'Homme qui rit,t. 1, 1869, p. 50. 5. Le type petit, qui se dilate peu en vieillissant, est plus solide, le type grand est d'une fragilité extrême. Quant au cubique, il présente, dès l'enfance, sur une configuration arrondie, dans l'ensemble, des méplats, aplanissements plus ou moins étendus : face supérieure et inférieure du médius et de l'annulaire, crâne et face, joues, etc... Il paraît équarri, « taillé à coups de hache ». Ces méplats localisent des chocs reçus de l'hérédité ou du milieu.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 216. B.− Au fig. Atténuation, suppression. Aplanissement d'une difficulté : 6. ... Marx attend de la suppression des classes un aplanissement du conflit entre la liberté individuelle et l'autorité du groupe. Et c'est, comme on le verra, par l'existence d'une société sans classes que les communistes expliquent l'absence d'opposition et les phénomènes d'unanimité en URSS.
G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 194. PRONONC. : [aplanismɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1370 fig. « caresse, flatterie » (Oresme, Rem. de fort., Ars. 2671, fo39 vods Gdf. : A peine puet on trouver aucun aplanissement de doulces paroles et de blandices sans souspeçon), disparaît prob. au xvies. avec l'empl. de aplanir* au sens de « caresser, flatter »; 2. a) prob. xives. « action d'aplanir, de raboter » (Gloss. lat.-fr., B.N. 1. 7679 ds Gdf. Compl. : Dolamen, aplanissement); 1539 (R. Estienne, Dict. françois latin); b) 1690 fig. (Fur.); c) 1796 pol. « égalisation sociale » (Le Néologiste français ds Frey 1925, p. 253 : Nouveau, employé au figuré par les néologues; l'aplanissement de la France était la base du système des jacobins, c'est-à-dire l'égalisation des fortunes); cf. aplanisseur sens II.
Dér. du rad. du part. prés. de aplanir* au propre et au fig.; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 6. BBG. − Baulig 1956. − Frey 1925, p. 253. − George 1970. − Nysten 1814. − Plais.-Caill. 1958. |