| ANTI(-)PATRIOTIQUE,(ANTI PATRIOTIQUE, ANTI-PATRIOTIQUE) adj. [Se dit d'une forme du comportement individuel ou collectif] Qui est contraire au patriotisme; qui relève de l'antipatriotisme : 1. Il est commode d'emboucher la trompette et de prendre de belles attitudes de patriote échevelé, tout en ayant des trésors d'indulgence pour les malheureux qui ont eu les pires faiblesses, aux sombres jours de l'invasion allemande, ou pour les généraux qui tiennent ouvertement le langage antipatriotique qu'a rapporté le Figaro. Nous n'avons même pas été capables de fusiller Bazaine. (...) Quelle excuse avait-il, ce chef d'armée qui avait livré son armée à l'ennemi? Étrange patriotisme qui a permis ce scandale!
Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 4. 2. L'amour de la patrie. − Au lycée, à la Malgrange, à la Faculté de Nancy, l'unanimité des maîtres et des élèves était patriote; depuis le plus haut chef, recteur, doyen, proviseur, supérieur, jusqu'au plus humble des élèves de dixième, jusqu'aux sœurs de l'infirmerie, jusqu'aux garçons de salle, tous, nous mettions au-dessus de tout la patrie.
Je n'ai jamais entendu exprimer, fût-ce pour la réfuter, aucune pensée antipatriotique ou apatriotique. On exaltait continuellement la France.
Barrès, Mes cahiers,t. 14, 1923, p. 278. Rem. Emploi isolé du terme pour qualifier une pers. substituée, p. méton., à son comportement (un artiste antipatriotique « un artiste dont l'attitude est antipatriotique ») : 3. Rodenbach vient me voir ce matin, me disant gentiment qu'il a demandé à faire un article en tête du Figaro sur le banquet, que de Rodays a refusé, qu'il a demandé alors de faire un article sur l'œuvre de mon frère et de moi, que Rodays a encore refusé et que dans l'entretien qu'il a eu avec lui à ce sujet et qui a duré trois quarts d'heure, une des raisons mises à l'appui de ce refus par le directeur du Figaro a été que j'étais un artiste anti-patriotique, ... que je m'agenouillais devant les Japonais, ... que je travaillais à rabaisser l'art français, cet art de clarté...
E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 748. PRONONC. : [ɑ
̃tipatʀiɔtik]. La transcription ci-dessus est donnée par Harrap's 1963 et Warn. 1968 (cf. aussi Passy 1914, qui cependant note [ɑ
̃
ˑ] mi-long). Pt Rob. transcrit : [-patʀijɔtik] avec un yod de passage. Littré et DG : [-patʀiɔtik]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1768 « opposé au patriotisme » (Voltaire, L'homme aux 40 écus ds Littré : Cette allégation [qu'un seigneur ne saura où les placer, s'il ne fait ses filles religieuses] est inhumaine, antipatriotique).
Dér. de patriotique*; préf. anti-*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 21. BBG. − Dub. Pol. 1962, p. 147. |