| ANTI(-)CHRÉTIEN, ENNE,(ANTI CHRÉTIEN, ANTI-CHRÉTIEN) adj. (Qui est) opposé à la religion chrétienne. − [En parlant d'une pers., d'une collectivité ou de leurs idées] Maximes antichrétiennes (Ac.1835-1932) : 1. ... les opinions antichrétiennes des philosophes réveillèrent les idées presque éteintes des anciens droits de la raison humaine.
Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit humain,1794, p. 121. 2. Qu'a produit l'institution d'un ministère des affaires ecclésiastiques? Ce qu'elle devoit produire; une plus dangereuse oppression de l'Église, devenue l'instrument de sa propre servitude. Le ministre peut-il changer le système politique? et en est-ce moins, parce-qu'il y concourt, un système anti-chrétien?
Lamennais, De la religion,1826, p. 237. 3. Napoléon, qui avait pu vaincre le génie libéral de la Révolution française, fit d'inutiles efforts pour dompter son génie antichrétien, et, de notre temps même, nous avons vu des hommes qui croyaient racheter leur servilité envers les moindres agents du pouvoir politique par leur insolence envers Dieu, et qui, tandis qu'ils abandonnaient tout ce qu'il y avait de plus libre, de plus noble et de plus fier dans les doctrines de la Révolution, se flattaient encore de rester fidèles à son esprit en restant indévots.
Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 62. 4. Quand je suis arrivé à Paris, France préparait déjà une Jeanne d'Arc. Il était attiré, j'imagine, par la qualité poétique du sujet, mais si l'on cherche dans quel esprit il l'eût traité il faut songer aux Noces corinthiennes où la conception antichrétienne de la vie est très nette.
Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1909-10, p. 83. 5. C'est vers l'instauration d'une véritable et authentique chrétienté, fidèle aux principes immuables de tout ordre temporel vitalement chrétien, et pure de toute erreur provenant de l'idéologie antichrétienne et de ce que nous appelions à l'instant l'instinct de dissociation dépensive, que nous devons nous orienter; ...
Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 223. − Emploi subst. Adversaire déclaré de la religion chrétienne : 6. Je ne prétends pas dire, on le veut bien croire, que tous ces auteurs, ces hommes qui s'oublient à quelque goût humain, à quelque humeur personnelle, qui se prennent à l'un de ces pièges dressés en lui comme en nous à fleur de terre, soient des impies et des anti-chrétiens : ...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 2, 1842, p. 418. PRONONC. : [ɑ
̃tikʀetjε
̃], fém. [-jεn]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1555 subst. antichristien « adversaire de la religion chrétienne » (A. Désiré, Défensoire de la foy chrestienne, sans pagination ds R. Hist. litt. Fr., t. 2, p. 115 : Ha, malheureux antichristiens nouveaux!); 2. 1582 adj. antichrétien (P. de La Coste, Sermons, 153b, éd. 1598 ds Rom. Forsch., t. 32, p. 11 : Calvin ... fist imprimer à Genève son Institution antichrestienne).
Dér. de chrétien*; préf. anti-*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 47. BBG. − Marcel 1938. |