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ANGÉLIQUE1, adj. et subst.
I.− Adjectif
A.− Qui est de la nature des anges, qui est propre ou relatif aux anges :
1. ... certaines femmes partagent ici-bas les privilèges des esprits angéliques, et répandent comme eux cette lumière que Saint-Martin, le philosophe inconnu, disait être intelligente, mélodieuse et parfumée. Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 214.
P. iron. :
2. Ainsi qu'il est naturel, les anges craignent la souffrance... S'il en était autrement, la race angélique ne connaîtrait ni la beauté de la lutte ni la gloire du sacrifice. A. France, La Révolte des anges,1914, p. 194.
RELIG. CATH.
1. Salutation angélique. Salutation que l'ange Gabriel adressa à la Vierge Marie pour lui annoncer qu'elle serait la mère du Christ; la prière qui commence par les paroles de la salutation angélique, plus généralement appelée Ave Maria :
3. ... son grand acte restait toujours la Salutation angélique, l'Ave Maria, la prière parfaite de son cœur. « Je vous salue, Marie », et il la voyait s'avancer vers lui, pleine de grâce, bénie entre toutes les femmes; il jetait son cœur à ses pieds, pour qu'elle marchât dessus, dans la douceur. Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1290.
2. Littér., rare. Pain angélique. Pain des anges, Eucharistie :
4. Elle [Alouette] voulait qu'assez pur il devînt Ce nid lavé par les pleurs du matin Pour recevoir cet angélique pain Le corps du Christ ce pain dont l'âme a faim Par qui l'on vit et la mort n'y peut rien. Jammes, De tout temps à jamais,Alouette, 1893-1938, p. 241.
3. HISTOIRE
Docteur angélique. Surnom donné à saint Thomas d'Aquin, par ailleurs appelé l'Ange de l'École :
5. Duns Scotus dispute à saint Thomas l'empire des écoles; et ce grand génie trouve un rival et un ami dans saint Bonaventure, le docteur séraphique, qui, lorsque son illustre rival, le docteur angélique, lui demandait de quelle bibliothèque il tirait son étonnante science, montrait silencieusement son crucifix, et qui lavait la vaisselle de son couvent lorsqu'on lui apporta le chapeau de cardinal. Montalembert, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie,1836, p. LIII.
B.− P. ext.
1. [P. allus. à la spiritualité, à la pureté des anges, p. oppos. à ce qui est matériel, physique, impur] :
6. Il [Disraëli] croyait que l'homme est plus qu'une machine et qu'au-delà de la matière soumise aux réactions physiques et chimiques, il existe une essence différente qu'on peut appeler l'âme, le divin, le génie, essence toute angélique. Quant à la vérité littérale de telle ou telle religion, il est probable qu'il n'y pensait guère. Mais il avait cependant sur ce sujet des idées auxquelles il tenait. Maurois, La Vie de Disraëli,1927, p. 241.
2. [P. allus. à la perfection attribuée aux anges] Parfait, digne d'un ange :
7. Je vous regarde comme un être angélique, comme le caractère le plus pur et le plus noble qui ait paru sur la terre : ce n'est pas seulement votre charme qui me captive, c'est l'idée que jamais tant de vertus n'ont été réunies dans un même objet; ... Mmede Staël, Corinne,t. 3, 1807, p. 109.
8. Elle essaya de parler encore. Ses lèvres tremblaient comme celles d'un enfant qui sanglote; elle ne pleurait pas toutefois; l'extraordinaire éclat de son regard inondait son visage d'une surhumaine, d'une angélique beauté. Gide, La Porte étroite,1909, p. 577.
SYNT. Âme, bonté, douceur, nature, patience angélique; beauté, expression, figure, forme, regard, voix, sourire -; créature-.
3. MUS. Voix angélique. ,,Registre d'orgue à forme cylindrique et à anche, sonnant l'octave du jeu de voix humaine. On en attribue l'invention au facteur Stumme, de Sulzbach. Il n'est plus en usage.`` (Bach.-Dez. 1882).
Rem. 1. Littré et Guérin 1892 écrivent voix angéliques. 2. Nouv. Lar. ill. donne voix humaine comme synonyme.
II.− Substantif
A.− Emploi subst. masc. L'angélique. Ce qui est angélique (cf. supra angélique I B 1) :
9. Cette conversation nous amène à reconnaître la singulière et originale beauté du visage de toute femme qui jouit, − même chez la dernière gadoue, − de ce je ne sais quoi qui vient à ses yeux, de cet affiné que prennent les lignes de sa figure, de l'angélique qui y monte, du caractère presque sacré que revêt le visage des mourants qui s'y voit soudain. Et Daudet me confie que dans ses accès de pure bestialité d'autrefois, il était tout à coup irrité, oui, irrité contre cette spiritualité, cette divinité, pour ainsi dire, transfigurant le visage d'une sale bougresse et qui lui donnait la tentation de l'aimer autrement qu'avec sa verge. E. et J. de Goncourt, Journal,1886, p. 597.
B.− Emploi subst. fém.
MUS. Ancien instrument de la famille des luths en usage en Angleterre au xviiesiècle (cf. Duf. t. 2 1965) :
10. Enfin, au fond de la toile, entre ces deux haies de maisons, monte une grande allée au bout de laquelle, dans un ciel pommelé, Dieu le père assis, avec le Christ à sa droite, et, tout autour d'eux, des chœurs de Séraphins jouant de l'angélique et de la viole; ... Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 88.
C.− Subst. des 2 genres (subst. de l'animé).
1. RELIG. Angéliques. Nom d'hérétiques des premiers siècles de l'ère chrétienne.
Rem. Selon Ac. Compl. 1842 et Guérin 1892, ce nom a été donné à ,,ceux qui croyaient que le monde avait été créé par les anges, ou qui leur rendaient un culte superstitieux``. Selon Lar. 19eet Nouv. Lar. ill. des hérétiques ont pris ce nom ,,parce que, suivant Épiphane, ils croyaient qu'on ne peut arriver à Dieu que par l'entremise des anges; ou, suivant saint Augustin, parce qu'ils prétendaient vivre aussi purement que les anges`` :
11. Toutes les aberrations des ordres mendiants du moyen âge existèrent en ces temps reculés. Il y eut, dès les premiers siècles (...) des angéliques, des cathares ou purs... Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Marc-Aurèle et la fin du monde, 1881, p. 169.
2. Néol. Un(e) angélique. Personne imprégnée d'angélisme* :
12. Désintéressement, égoïsme, tendre pitié, cruauté, souffrance des contacts, pureté dans la débauche, mélange d'un goût violent pour les plaisirs de la terre et de mépris pour eux, amoralité naïve, ne vous y trompez pas : voilà les signes de ce que nous nommons l'angélisme et que possède tout vrai poète, qu'il écrive, peigne, sculpte ou chante. Peu de personnes l'admettent, car peu de personnes ressentent la poésie. Jusqu'à nouvel ordre, Arthur Rimbaud reste le type de l'ange sur terre. (...) Je ne dresserai pas ici une liste des angéliques. Mais seuls ils comptent pour moi; seuls ils me touchent, et si je reconnais la valeur chez d'autres, ceux-là seuls sont pour moi dignes du nom de poètes. Cocteau, Poésie critique,t. 1, 1959, pp. 39-40.
P. iron., fam. Personne qui se donne des airs d'ange :
13. Les infirmières, ces garces, ne le partageaient pas, elles, notre destin, elles ne pensaient par contraste, qu'à vivre longtemps, et plus longtemps encore et à aimer c'était clair, à se promener et à mille et dix mille fois faire et refaire l'amour. Chacune de ces angéliques tenait à son petit plan dans le périnée, comme les forçats, pour plus tard, le petit plan d'amour, quand nous serions, nous, crevés dans une boue quelconque et Dieu sait comment! Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 110.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1262-1268 « (d'un homme) qui est comparable aux anges » (Brunet Latin, Tresor, éd. Chabaille, 304 ds T.-L. : Aucun home semblent estre de nature divine par la tres grant vertu qui en eus habonde; ... et itel home sont apelé angéliques). Empr. au lat. chrét. angelicus au sens de « des anges », Tertullien, An., 34 ds Blaise 1954; plus spéc. au sens « qui est de la nature des anges », Id., ibid., 56, ibid.; p. ext. « (d'une pers.) doux, amène », Greg. de Tours, Mart., 2. 58, ibid.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Duch. Beauté 1960, p. 109. − Duf. t. 1 1965. − Foi t. 1 1968. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Marcel 1938. − Pissot 1803.