| ANCRAGE, subst. masc. I.− MARINE A.− Vieilli. 1. Action de jeter l'ancre. Rem. Attesté ds Jal 1848, DG, Ac. t. 1 1932, Quillet 1965. ♦ Ancrage ou droit d'ancrage. Droit payé par un bateau pour mouiller dans un port. (Attesté ds la plupart des dict.) : 1. ... Les vaisseaux marchands mouillent devant ce Fort, où ils se mettent à l'abri derrière la jetée de la Goulette, en payant un droit d'ancrage considérable.
F.-R. de Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem,1811, p. 106, Rem. Auj. on dit ,,taxe portuaire.`` (Le Clère 1960). 2. P. méton. Lieu d'ancrage : 2. Je hélai à l'Astrolabe de chasser en avant, et de se disposer à mouiller, si la côte offrait un ancrage et une anse où il fût possible de débarquer.
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. 298. 3. Quoi qu'il arrive, l'essentiel est de faire changer l'ancrage du bateau : comme ça, s'ils essaient de l'atteindre, ils perdront au moins trois heures avant de le retrouver. Il est à la limite du port.
A. Malraux, La Condition humaine,1933, p. 191. Rem. Dans cet emploi, ancrage ne survit plus que dans la lang. littér., le terme techn. étant mouillage. B.− ,,Dispositif de mouillage d'engins à poste fixe et tenus par plusieurs ancres. L'ancrage d'une bouée, d'un corps mort.`` (Le Clère 1960) : 4. Ce brise-lame n'est autre chose qu'une carcasse de navire, une sorte de corbeille de charpente qui flotte à la surface du flot, retenue au fond de la mer par un ancrage puissant.
V. Hugo, Actes et paroles,3, 1876, p. 145. II.− Au fig., rare. Action ou moyen de s'ancrer, de se fixer : 5. ... le phénomène de l'habitude nous invite à remanier notre notion du « comprendre » et notre notion du corps. Comprendre, c'est éprouver l'accord entre ce que nous visons et ce qui est donné, entre l'intention et l'effectuation − et le corps est notre ancrage dans un monde.
M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 169. 6. Elle [la gériatrie] insiste sur la revalorisation du travail des vieillards, sur l'ancrage de leurs affections...
H. Bazin, La Fin des asiles,1959, p. 139. − Spéc., PSYCHOL. Phénomène, effet d'ancrage. ,,Au sens général, effet provenant de ce qu'une interprétation ou une réponse est déterminée non pas par les propriétés de l'objet mais par le cadre de références implicite de l'observateur ou du répondant.`` (Mucch. Sc. soc. 1969). III.− Autres domaines techn. (p. anal. avec le sens I). A.− AÉRONAUTIQUE 1. Action d'atterrir et de se fixer au sol : 7. Il va sans dire que les forêts, les lacs, les cours d'eau, les villes, même les maisons isolées doivent être soigneusement évitées à la descente, comme autant d'obstacles qui peuvent rendre l'ancrage impossible...
Simonin, Aérostation pendant le siège de Parisds Revue des Deux Mondes, 15 oct. 1870, p. 617 (Guilb. Aviat. 1965). 2. Lieu où atterrit un aérostat : 8. Le câble qui retient le ballon à son ancrage a été éprouvé à une résistance de plus de 20 000 kg.
L'Illustration,t. 1, 1869, p. 327 (Ibid.). B.− BÂT., TRAV. PUBL. Dispositif servant à assurer la fixité d'un élément, d'un ouvrage soumis le plus souvent à un effort de traction : 9. [Les] fondations consistent (...) dans un vaste bloc de maçonnerie ou de béton de ciment, dans lequel sont immergées les plaques d'ancrage. De puissants boulons relient ces dernières au bâti même de la machine [d'extraction] ...
J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 13. C.− CH. DE FER. Dispositif servant à consolider une voie (cf. Lar. 20e, Lar. encyclop., Lar. 3). Rem. P. anal. s'emploie en alpinisme pour désigner l'opération par laquelle on fixe des broches au glacier ou des pitons au rocher (cf. Gautrat 1970, Mont. 1967) et en art dentaire pour désigner un moyen permettant de fixer une prothèse (cf. Méd. Biol. t. 1 1970). Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ɑ
̃kʀa:ʒ]. 2. Homon. : encrage. − Rem. Pour Fér. 1768, la 1resyllabe est longue. Fér. Crit. t. 1 1787, fait observer que l',,on écrivait autrefois anchrage``. Étymol. ET HIST. − 1468 mar. [fig.] « lieu où on peut jeter l'ancre » (Chastellain ds DG : Tu es le port de vray et seur ancrage); 1507 (Cout. loc. du bailly d'Amiens, I, 487 ds Gdf. Compl. : Ancrage de nefz).
Dér. de ancrer* au sens propre; suff. -age*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 28. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bader-Th. 1962. − Barb.-Cad. 1963. − Barber. 1969. − Baudr. Pêches 1827. − Baulig 1956. − Bouillet 1859. − Chabat t. 1 1875. − Colas-Cab. 1968. − Dainv. 1964. − Gautrat 1970. − Gruss 1952. − Guilb. Aviat. 1965. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mucch. Sc. soc. 1969. − Noël 1968. − Piéron 1963. − Poignon 1967. − Siz. 1968. − Soé-Dup. 1906. − Zastrow (D.). Entstehung und Ausbildung des französischen Vokabulars der Luftfahrt mit Fahrzeugen ,,leichter als Luft`` (Ballon, Luftschiff) von den Anfängen bis 1910. Tübingen, 1963, p. 524. |