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ANACROUSE, ANACRUSE, subst. fém.
A.− VERSIF. (métr. gréco-latine). Demi-pied de temps faible initial d'un vers, précédant la première syllabe accentuée dont il est le prélude :
1. Pour obtenir cette coïncidence [du temps fort et de la syllabe tonique] (...) il faut avoir recours, soit à l'emploi de l'anacrouse, (...) soit à l'allongement d'une syllabe ... P. Aubry, Trouvères et troubadours,1909, p. 200.
MÉTR. MOD. ,,Syllabe accentuée servant de prélude à la cadence métrique.`` (Morier 1961) :
2. La syllabe en anacrouse est le plus souvent constituée d'une exclamation ou d'une conjonction de coordination; elle est comme détachée de la trame rythmique. C'est l'équivalent de l'anacrouse accessoire. Morier1961
B.− P. ext., MUS. Notes initiales d'un rythme, qui précèdent sous forme de mesure incomplète le premier temps fort de la mélodie (ce que Vincent d'Indy appelle ,,la préparation de l'accent``); on distingue l'anacrouse intégrante, indispensable à l'expression générale du thème, et l'anacrouse accessoire, qui peut être supprimée sans risquer de nuire à la mélodie :
3. On entend souvent jouer ce prélude [le dix-neuvième de Chopin] comme si la première note n'avait pas été voulue par l'auteur (...) Cependant c'est l'existence de cette anacrouse qui impose le phrasé en ligne continue et par conséquent l'enchaînement technique des groupes de triolets. P. Roës, Essai sur la technique du piano,1935, p. 58.
4. L'alternance des fortes et des faibles, principe fondamental de toute rythmique, est exprimée par l'Arsis « ou Anacrouse », c'est-à-dire par un « levé », temps faible, et la « Thésis », c'est-à-dire un « appui », temps fort. M. Dupré, Manuel d'accompagnement du plain-chant grégorien,p. 11.
DÉR.
Anacrousique, adj.a) Versif. Relatif à l'anacrouse (cf. P. Aubry, Trouvères et troubadours, 1909, p. 194); b) P. ext., mus., [en parlant d'un fragment de phrase musicale.] Qui commence sur un temps faible et continue sur le temps fort de la mesure suivante (cf. A. Mocquereau, Le Nombre musical grégorien, t. 1, 1908, p. 663; cf. aussi M. Bourgat, Technique de la danse, 1959, p. 94).
Prononc. ET ORTH. : [anakʀu:z]. Ac. Compl. 1842 et Lar. 19eemploient comme vedette la forme anacrousis; Guérin 1892 : anacruse. Nouv. Lar. ill. réserve une entrée au terme de mus. sous la forme anacrouse, une autre entrée au terme de métr. sous la forme anacrousis. Rob. écrit anacrouse; Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr. anacrouse ou anacruse.
Étymol. ET HIST. − 1. Mus. a) 1838 Antiq. gr. anacrousis (Ac. Compl. 1842 : Anacrousis [...] Voy. Ampeira) (Ibid. : Ampeira [...] Nom par lequel les Grecs désignaient la partie du morceau où se faisaient entendre les chanteurs, dans les jeux Pythiens); b) 1885 mod. anacrouse « introduction d'un morceau » (Gevaert, Traité d'harmonie, p. 65 : La triade de tonique, précédée à volonté d'un accord de dominante, en guise d'introduction ou d'anacrouse, ouvre le défilé des accords); 2. 1866 métr. anc. anacrousis (Lar. 19e: Anacrousis [...] Terme qui sert à désigner dans la métrique grecque une ou plusieurs syllabes qui se trouvent en tête de certains vers lyriques, avant l'arsis ou syllabe accentuée, dont elles sont comme le prélude); 1884 Anacrouse ds Grumbach et Waltz, Prosodie et métrique latine, p. 63 ds Fr. mod., t. 37, p. 347. Empr. au gr. α ̓ ν α ́ κ ρ ο υ σ ι ς, attesté comme terme de mus. « prélude » chez Strabon (421 ds Bailly) et comme terme de métr. « partie faible d'un pied, précédant le 1ertemps marqué » (Gr. ds Bailly). Anacrousique, 1906 mus. (A. Gastoué, Cours de plain chant).
BBG. − Bél. 1957. − Candé 1961. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Springh.1962.