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ANACOLUTHE, subst. fém.
A.− GRAMM., RHÉT. Rupture de la construction syntaxique intervenant en cours de phrase, de telle manière que, sans qu'il y ait rupture du lien logique, la fin de la phrase n'est plus grammaticalement en harmonie avec son début; p. ex. dans cette phrase : ,,Les autres éternellement sur nous, j'étouffe!`` (j'étouffe en proposition exclamative au lieu de : font que j'étouffe). (P. Claudel, Le Soulier de satin, 1944, I, 3, p. 954).
P. ext.
1. Rupture de construction correspondant à une rupture de pensée :
Elle usait, non par raffinement de style, mais pour réparer ses imprudences, de ces brusques sautes de syntaxe ressemblant un peu à ce que les grammairiens appellent anacoluthe ou je ne sais comment. S'étant laissée aller, en parlant femmes, à dire : « Je me rappelle que dernièrement je », brusquement, après un « quart de soupir », « je » devenait « elle », c'était une chose qu'elle avait aperçue en promeneuse innocente, et nullement accomplie. Ce n'était pas « elle » qui était le sujet de l'action. M. Proust, À la recherche du temps perdu,La Prisonnière, 1922, p. 153.
2. Nom quelquefois donné à la prolepse ou construction hors phrase d'un mot ou d'un syntagme représenté à l'intérieur de la phrase par un pronom ou un adj. pronominal; p. ex. dans cette phrase : ,,...celui qui connaîtrait les causes de toutes choses, son rassasiement ne serait-il pas meilleur?`` (P. Claudel, Le Repos du septième jour, 1901, II, p. 837).
B.− GRAMM., vx. Figure de grammaire consistant dans certaines formes particulières d'ellipse d'un élément demandé par les normes de la symétrie syntaxique.
En partic.
1. Omission du premier de deux termes corrélatifs, notamment de l'antécédent du pronom relatif (qui, pour celui qui, etc.). Il y a une anacoluthe dans ce vers : je vais où va toute chose, c'est-à-dire dans les lieux où... (Littré).
2. Omission d'une préposition devant le deuxième complément d'un verbe, etc. (zeugme); comme dans cette phrase : ,,Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la prière − comme [à] les anciens saints...!`` (A. Rimbaud, Une saison en enfer, 1873, p. 219).
3. Omission de tout élément normalement demandé par les règles de la symétrie syntaxique, mais jugé non indispensable au sens, p. ex. dans cette phrase : ,,Votre Altesse donc quitte Ferrare et s'en vient secrètement à Venise, presque sans suite, affublée d'un faux nom napolitain, et [alors que] moi [je l'étais] d'un faux nom espagnol.`` (V. Hugo, Lucrèce Borgia, 1833, I, 2, p. 27).
Prononc. ET ORTH. : [anakɔlyt]. Besch. 1845 fait la rem. suiv. : ,,L'Académie prétend que le mot ne s'emploie guère qu'en parlant de phrases grecques ou latines. Le fait est que ce mot est peu usité, mais celui qui voudra s'en servir, l'appliquera à toutes les langues, car toutes les langues doivent présenter des exemples de cette sorte d'ellipse, la plus commune de toutes peut-être mais à coup sûr une des plus naturelles.`` Littré écrit : ,,anacoluthe ou plus rarement anacoluthie``.
Étymol. ET HIST. − 1751 gramm. (Encyclop. t. 1 : Anacoluthe. C'est une figure de mots qui est une espece d'ellipse [...], une figure par laquelle on sous-entend le corrélatif d'un mot exprimé). Empr. au b. lat. anacoluthon (du gr. α ̓ ν α κ ο λ ο υ ́ θ ο ς « sans suite ») terme de gramm. attesté dep. Marius Plotius Sacerdos, Gramm. VI, 457, 23 ds TLL s.v., 13, 70 : anacoluthon est dictio non habens verba sibi necessario iungenda.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Bénac Dissert. 1949. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Springh. 1962.