| ANABAPTISTE, subst. et adj. RELIGION A.− Subst. Membre d'une secte protestante, d'abord répandue en Allemagne, et soutenant que, le baptême ne devant être administré qu'aux enfants ayant atteint l'âge de raison, il faut baptiser une deuxième fois les chrétiens baptisés avant cet âge : 1. « J'espère qu'un jour, disait M., au sortir de l'Assemblée nationale présidée par un juif, j'assisterai au mariage d'un catholique séparé par divorce de sa première femme luthérienne et épousant une jeune anabaptiste; qu'ensuite nous irons dîner chez le curé, qui nous présentera sa femme, jeune personne de la religion anglicane, qu'il aura lui-même épousée en secondes noces, étant veuf d'une calviniste. »
Chamfort, Caractères et anecdotes,1794, p. 151. 2. Mélanchton est aussi contre-révolutionnaire protestant contre le catholicisme, il s'aperçoit par la vue des anabaptistes qu'il s'est trompé et regrette ce qu'il a fait et la destruction de la foi entière. Ce réformé moins éclatant est plus exquis que le grossier Luther.
A. de Vigny, Le Journal d'un poète,1837, p. 1070. − En partic. Membre d'un mouvement politique issu au xviesiècle de certaines sectes anabaptistes : 3. Qu'il y eût, au fond de la réforme, un levain politique, un principe d'insurrection, c'est ce qui n'est guère douteux. En Allemagne, la grande révolte des paysans de Souabe, puis le soulèvement des anabaptistes de Munster, qui professaient le communisme avaient coïncidé avec la prédication protestante.
J. Bainville, Histoire de France,t. 1, 1924, p. 160. B.− Adjectif 1. Qui appartient à la secte des anabaptistes : 4. Il atteignait à peine le chemin des voitures, au pied de la côte, que le vieux fermier anabaptiste, avec son large collier de barbe, son chapeau de crin, sa camisole de laine grise garnie d'agrafes de laiton, venait à sa rencontre, la figure épanouie, et s'écriait d'un ton joyeux : − Soyez le bienvenu, monsieur Kobus, soyez le bienvenu. Vous nous faites un grand plaisir en ce jour...
Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 43. 5. Un autre rebelle, ayant eu l'honnêteté de déclarer qu'une femme anabaptiste lui avait donné asile, eut sa grâce, et la femme fut brûlée vive.
V. Hugo, L'Homme qui rit,t. 1, 1869, p. 183. 2. Qui est le fait d'anabaptistes : 6. Je n'avais pas été de ces enfants qui appuient sur le bouton de toutes les fontaines; je n'interrogeais aucun gardien, aucun agent. Je personnifiais la discrétion aux yeux des portiers d'hôtel. Si peu m'importait d'ailleurs que ce palais fût maintenant hôtel de ville ou geôle, que cette procession fût catholique ou anabaptiste, que ce mort vînt du cimetière ou y allât!
J. Giraudoux, Simon le Pathétique,1926, p. 41. 3. Qui est propre aux anabaptistes. Doctrine anabaptiste. Prononc. : [anabatist] (pour la non-prononc. de p, cf. anabaptisme). − Rem. Ds Ac. abr. 1832, le mot est traité uniquement au plur. Étymol. ET HIST. − 1526 « membre d'une secte protestante qui n'admet le baptême qu'à l'âge de raison » (Cl. Marot, Epistre à M. Bouchar, p. 142 ds Gdf. Compl. : Point ne suis lutheriste Ne zwinglien, et moins anabaptiste).
Dér. du rad. de anabaptisme*; suff. -iste*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 57. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Foi t. 1 1968. − Lav. Diffic. 1846 (s.v. anabaptisme). − Lutaud (O.). Translation, traduction, tradition. Emprunts lexicaux au premier radicalisme anglais. Cah. Lexical. 1968, t. 13, no2, p. 57. − Marcel 1938. − Prév. 1755. |