| AMNISTIER, verbe trans. I.− Emploi trans. A.− DR. [L'obj. désigne un acte ayant entraîné une sanction juridique ou son aut.] Accorder une amnistie; comprendre dans une mesure d'amnistie : 1. C'est ainsi que M. Murphy avait, d'abord, appuyé le général de la Laurentie qui, à son retour de Paris, prétendait prendre la résistance sous sa coupe afin de faire pression sur le maréchal et d'accéder au gouvernement. « Et de Gaulle? » lui demandait-on. « Eh bien! nous l'amnistierons! »
Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,L'Unité, 1956, p. 9. 2. Dans son article 1er, la loi amnistie de plein droit les condamnations définitives pour crimes ou délits commis en relation directe avec les événements d'Algérie (...). Dans son article 2, la loi amnistie de plein droit les infractions commises avant le 3 juillet 1962 en relation directe avec les événements d'Algérie...
Nouveau répertoire de droit, Paris, Dalloz, Mise à jour, 1968, § 72. − Abs. Exercer le pouvoir d'accorder une amnistie : 3. Rigoureusement, le droit d'amnistier n'appartient (...) qu'au pouvoir législatif, et cependant le pouvoir exécutif exerce ce droit sans inconvénient, avant comme après le jugement, pour les délits militaires, pour les délits forestiers, pour certaines contraventions fiscales, et pour les infractions aux lois de la garde nationale.
Pol.1868. Rem. Emploi attesté ds Lar. 19e, Lar. 20e. B.− P. ext., littér. Excuser quelqu'un, lui pardonner; excuser quelque chose, l'oublier : 4. ... car la chose que les écoliers amnistient le moins facilement, c'est la soupe du pensionnat. Aucune de leurs colères n'est plus opiniâtre que celle-là, ils oublient les pensums, ils oublient les retenues, ils pardonnent même aux pions de l'établissement : ils ne pardonnent jamais à la soupe. C'est une haine qui ne s'éteint qu'à la sortie; et encore!
L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 414. 5. ... je pense que quelque tare originelle atteint d'un ensemble toute l'humanité, de sorte que même les meilleurs sont tarés, voués au mal, à la perdition, et que l'homme ne saurait s'en tirer sans je ne sais quel divin secours qui le lave de cette souillure première et l'amnistie.
A. Gide, Thésée,1946, p. 1452. − Except. [Le suj. du verbe désigne un inanimé] Faire pardonner, effacer : 6. Chien du troupeau, tu fus un loup comme les autres! Ô rois, ses attentats amnistiaient les vôtres;
V. Hugo, La Légende des siècles,t. 6, La Vision de Dante, 1883, p. 369. II.− Emploi pronom., rare A.− Sens passif. [Le suj. désigne une pers. ou un acte accompli par une pers.] Être amnistié. ,,Les déserteurs en face de l'ennemi s'amnistient rarement.`` (Guérin1892). − P. ext. ,,La guerre s'amnistie par l'héroïsme et la gloire.`` (E. de Gir. ds Lar. 19e). B.− Sens réfléchi, fig. S'amnistier de + compl.S'amnistier d'une faute (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.). Prononc. : [amnistje], j'amnistie [ʒamnisti]. Étymol. ET HIST. − Déc. 1795 part. passé substantivé amnistié « à qui l'on a accordé une amnistie, pardonné » (Messager du soir du 19 déc. 1795 ds Aulard, Paris pendant la Réaction thermidorienne et le Directoire, II, 536 ds M. Frey, Transformations du vocab. fr. à l'époque de la Révolution (1789-1800), P.U.F., 1925, p. 227 : Il [le gouvernement] reconnaîtra que les amnistiés, loin d'être rassasiés du sang du peuple et de celui de ses représentants, veulent encore [...] renverser la Constitution).
Dér. de amnistie*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. litt. : 16. BBG. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Cap. 1936 (s.v. grâce amnistiante). − Lav. Diffic. 1846. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 332. |