| AMIGNARDER, AMIGNONNER, AMIGNO(U)T(T)ER,(AMIGNOTER, AMIGNOTTER, AMIGNOUTER, AMIGNOUTTER) verbe trans. Vx ou région. Traiter avec tendresse une personne que l'on aime; tenter de s'attirer les faveurs de quelqu'un par la douceur. Amignoter une tante pour avoir sa succession. Amignoter un homme en place pour obtenir quelque chose de lui (cf. S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1, 1801, p. 33) : 1. Il leur frappa vigoureusement le dos et leur frictionna les temps d'une main qui eût fait feu à frotter du bois, et, pendant qu'il se livrait à une si surprenante besogne, il amignonnait de la voix ces deux dames, leur bêlait du ton d'un agneau : « − Grâce! grâce! mesdames, ne trahissez pas mon secret! »
R. Boylesve, La leçon d'amour dans un parc,1902, p. 101. 2. Les panaches roux ondulent et valsent, on a envie de valser à son tour, ou bien, comme celui-ci qui se cache dans un coin d'ombre, d'entraîner sa galante à l'écart, de l'amignouter gentiment.
M. Genevoix, Raboliot,1925, p. 126. Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-Lar. Lang. fr. sous les formes amignarder, amignonner, amignoter. Littré ne donne que amignarder, Guérin 1892, DG, Quillet 1965 amignarder et amignotter. La plupart de ces dict. les signalent comme des mots vieillis. Prononc. − Dernière transcription de amignarder et de amignot(t)er ds DG : à-mi-ñàr-dé; à-mi-ñò-té. Étymol. ET HIST.
I.− Amignoter, 1. ca 1223 « parer, ajuster » (G. de Coincy, Mir, ms. Brux. 9229, fo172bds Gdf. : Trop te puis bien amignoter); 2. 1506 « caresser, dorloter, amadouer » (J. Marot, La Vray Disant, Poés. fr. des xveet xvies., X, 233 ds Gdf. Compl. : Considerez que par nous allaictez Avez esté en vostre adolescence, Torchez, lavez, bercez, emmallottez, Amignotez); Trév. 1704 signale le mot comme n'étant plus en usage; 1925 amignouter, supra.
II.− Amignonner, 1. trans. 1507 [date d'éd.] « flatter, caresser » (Damermal, Liv. de la deablerie, fo41b, éd. 1507 ds Gdf. : Mainte femme, je te dy bien, Comme benigne creature Se veult flater de sa nature, Plus la flaton et amignonne Plus la trouvon doulce et mignonne [amignonne : il faut lire amignonnons]); repris dans Ac. Compl. 1842 : Amignonner (v. lang.). Caresser, cajoler; 1850 id. (G. Sand, François le Champi, p. 112); 2. [pronom. 1280 « se parer, s'ajuster » (Clef d'amour, p. 96, Tross. ds Gdf. : Pleureors se seullent adonner E abaubier et amignonner; éd. Doutrepont ds T.-L. : A baubïer et mignonner)]; 1611 (Cotgr. : s'Ammignonner [...] to pranke, tricke up, set out, himselfe); d'où 1838 « devenir mignon » (Ac. Compl. 1842 amignonner [s']), dernière attest. en ce sens.
III.− Amignarder, 1545 « caresser flatter » (Lemaçon, Décam. de Bocc. III, 1 ds Gdf. Compl. : Flatte le et l'amignarde et lui donne a manger son saoul); vieux dep. 1643 (Oudin, Recherches ital. et fr., d'apr. Brunot t. 3 1930, p. 144); Fur. 1690 le présente comme synon. de amignoter; encore ds Lar. encyclop.
I dér. de l'a. fr. mignot « mignon, gracieux » attesté dep. ca 1223 (G. de Coinci, Mir. ms. Soiss. fo52bds Gdf. : Qui moult estoit mignote et bele); préf. a-1*, dés. -er; demeuré vivant dans les dial. : pic. amignoter « amadouer, caresser » (Corblet 1851); lorr. ammégnoté « id. » (Zeliqzon, Dict. des pat. rom. de la Moselle, 1924); amignouter forme solognote d'apr. FEW t. 6, 2, s.v. miñ-. II dér. de mignon*, attesté dep. xiies. prob. au sens de « qqn qui se prête aux plaisirs d'un autre » (Trist. Bér. éd. Muret, 3639 ds T.-L. : Tristan lor fait des borses trere...; Tex a esté set ans mignon. Ne set si bien traire guignon); préf. a-1*, dés. -er; demeure vivant dans les dial. : norm. amignoner « apprivoiser » (Dum. 1849); « caresser, traiter mignonnement » (Moisy 1885); et Centre amignonner « caresser flatter » (Jaub. t. 1 1855). III dér. de mignarder* dep. 1418 au sens de « parer » (Semilitude l'enffant proudigue, A. Aubry ds Gdf. : Sans oblier ung diadesme Por bien mignarder cil men fylz), dep. 1553 « flatter, caresser » (Baïf, L'Amour de Francine, L. I [I, 119] ds Hug. : Non autrement Adon mignardant sa Venus Se pâme de plaisir, lors que ses cheveux nus Decoifee elle agence en plaisante merveille); préf. a-1*; encore vivant dans les dial. : Centre amignarder « caresser », « flatter » (Jaub. t. 1 1855); norm. amignarder « apprivoiser » (Dum. 1849), « mignarder, traiter délicatement » (Moisy 1885). STAT. − Fréq. abs. litt. : 2. BBG. − Boiss.8. − Fér. 1768. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 146. − Jourdain (É.). Le Vocabulaire du parler créole de la Martinique. Paris, 1956, p. 293. − Lew. 1960, p. 15. − Rheims 1060. |