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AMBROISIE, subst. fém.
A.− MYTH. Substance à base de miel, d'une saveur et d'un parfum délicieux, servant de nourriture aux dieux de l'Olympe, et procurant l'immortalité à ceux qui en mangent. Le nectar et l'ambroisie (Ac. 1835-1932) :
1. Ainsi parle la vision au jeune Natchez plongé dans le sommeil. Un parfum d'ambroisie, embaumant les lieux d'alentour, répand la force dans l'âme du frère de Céluta, comme l'huile sacrée qui fait les rois, ou prépare l'âme du mourant aux béatitudes célestes. F.-R. de Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 303.
2. Dans leur immense joie il vit les dieux terribles. Ces êtres surprenants et forts, ces invisibles, Ces inconnus profonds de l'abîme, étaient là. Sur douze trônes d'or que Vulcain cisela, À la table où jamais on ne se rassasie, Ils buvaient le nectar et mangeaient l'ambroisie. Vénus était devant et Jupiter au fond. V. Hugo, La Légende des siècles,t. 2, Le Satyre, 1859, p. 582.
P. ext., fam. Mets rare et délicieux :
3. À propos, maman m'a apporté du cochon! C'était du nectar, de l'ambroisie. H. de Balzac, Correspondance,1819, p. 37.
Rem. ,,C'est du nectar, c'est de l'ambroisie. Ces métaphores tirées de la myth. sont un peu passées de mode.`` (Féraud ds Journet-Petit t. 1 1966).
Au fig., littér. :
4. Nous vivons de rayons, de soupirs, de parfums, Et nous nous abreuvons de l'immense ambroisie Qu'Homère appelle amour et Platon poésie. V. Hugo, Les Quatre vents de l'esprit,1881, p. 59.
5. [Le] véritable artiste... sait donner à son œuvre l'ambroisie de lui-même. Et Xavier Privas est tout entier en elle [Surier, préface]. X. Privas, Chansons aux enfants du peuple,1905, p. VIII.
Rem. 1. À cause du miel liquide qui entre dans sa composition, l'ambroisie est parfois comprise comme un breuvage :
6. La pauvre fille se sentait envahie par un bonheur qu'elle n'eût jamais cru possible. C'était une sensation puissante, forte, ravissante, assurément la même que celle dont les demi-dieux étaient pénétrés, quand, saisis par l'aigle céleste de l'Olympe, ils voyaient devant eux l'éternelle jeunesse leur verser l'ambroisie; le breuvage sacré, en coulant dans leurs veines, divinisait leur être. J.-A. de Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 153.
Rem. 2. D'une confusion semblable procède sans doute le sens de « liqueur parfumée » : ,,Liqueur faite avec de l'eau-de-vie, du vin blanc dans lequel ont macéré coriandre, clous de girofle et anis vert, auxquels on a ajouté un peu de teinture de musc, de l'eau et du sucre.`` (Ac. Gastr. 1962).
P. méton. Parfum exhalé par les dieux nourris d'ambroisie :
7. ... ils [les hommes] plaçaient dans leurs jardins les images des Muses et des Grâces décentes et rendaient à la Déesse aux lèvres d'ambroisie, volupté des hommes et des dieux, ses antiques honneurs. A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 173.
8. Les abeilles s'abattirent autour de la face divine et distillèrent leur miel sur ces lèvres parfumées déjà d'un souffle d'ambroisie... J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 46.
B.− BOT. Plante du genre Ambrine, de la famille des Chénopodiacées (Chenopodium ambrosioides) se caractérisant par ses qualités aromatiques et toniques, nommée aussi ambroisier, ambroisine ou thé du Mexique :
9. On donne aussi le nom d'ambroisie − ou thé du Mexique − à l'infusion des feuilles et des fleurs de l'ambroisier, sans doute à cause de ses vertus stomachiques. Ac. Gastr.1962.
P. ext. Parfum tiré de l'ambroisie :
10. La parfumerie n'offre rien de nouveau ... Les parfums les plus à la mode et que l'on débite chez Teissier, ... sont : l'Ambroisie, le Portugal, la mousseline, le pois de senteur, et l'eau des Souverains. L'Observateur des modes,t. 1, 1818, p. 24.
11. ... ses moindres mouvements [de Lolla] agitaient une odeur d'ambroisie féminine. A. Arnoux, Écoute s'il pleut,1923, p. 173.
DÉR.
Ambroisier1, verbe trans.,néol. d'aut. Parfumer : ,,Oui, ta main, en me l'offrant, / Ambroisie cet amer breuvage. (...) Non, ce n'est point à l'amour, c'est à l'amitié tendre et constante d'une femme qu'il appartient d'Ambroisier notre vie.`` (S. Mercier, Néologie ou Vocabulaire de mots nouveaux, t. 1,1801, p. 32).
Ambroisier2, subst. masc.,bot. Cf. supra B.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ɑ ̃bʀwazi], [ɑ ̃bʀwa:z]. Il existe de ce mot 3 formes : ambroisie, ambrosie, ambroise. Barbeau-Rodhe 1930 transcrit uniquement le mot ambroise. Il note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot (cf. aussi Passy 1914 pour les 2 formes : ambroise et ambroisie). Pt. Rob., Pt. Lar. 1968 et Warn. 1968 transcrivent ambroisie. 2. Hist. − Ambrosie ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787; ambroisie ds Besch. 1845, Lar. 19e, Ac. 1878, Nouv. Lar. ill. (cf. aussi Ac. t. 1 1932, Rob., Pt Rob. et Pt Lar. 1968). Ac. 1835 écrit s.v. ambrosie : ,,plus communément ambroisie``. Littré précise, s.v. ambroisie : ,,et quelquefois, ambrosie``. Guérin 1892 emploie comme vedette : ambroisie ou ambrosie. DG enfin donne en vedette 3 formes : ambroise qu'il qualifie de vieilli, ambroisie, et ambrosie qu'il estime peu usité.
Étymol. ET HIST. − 1. 1480 bot. ambroise « plante aromatique consacrée aux dieux » (Baratre infernal, Delb. Rec. ds DG : La divine herbete ambroise dicte); 1544 ambroisie (Jeh. Martin, Trad. de l'Arcadie, fo116 rods Gdf. Compl. : Ambroisie est une herbe comme un petit fruytier); 2. 1525 ambroise « substance délicieuse dont se nourrissaient les Immortels » (J. Le Maire, Cupido et Atropos, p. 2, ibid. : ... Aglaia, autre nymphe gentille, Print du nectar et de l'ambroise utile Dont les hauts dieux sont au ciel maintenus); 1546 ambrosie (Rabelais, III, 24 ds Hug. : On dict ... y estre Saturne lié de belles chaînes d'or ... alimenté de ambrosie et de nectar divin); 3. 1771 bot. (Trév. : Ambrosie, ou thé du Mexique. Chenopodium, Ambrosioides Mexicanum. Plante étrangère qui se cultive dans les jardins. Elle a passé pour le vrai thé). Empr. du lat. ambrosia « nourriture des immortels » (gr. α ̓ μ ϐ ρ ο σ ι ́ α fém. de α ̓ μ ϐ ρ ο ́ σ ι ο ς « immortel », avec ell. de ε ̓ δ ω δ η ́ « nourriture »), dep. Cicéron, (Orat., 2, 234 ds TLL s.v., 1867, 34); désigne diverses plantes dep. Pline et Celse, voir André Bot. 1956; ambroise, forme semi-savante. Ambroisier1, verbe, 1801, supra. Ambroisier2, subst. 1962, supra.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 115.
BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Daire 1759. − Fér. 1768. − Lar. mén. 1926. − Lavedan 1964. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Prév. 1755. − Privat-Foc. 1870.