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AMBAGE(S),(AMBAGE, AMBAGES) subst. fém. (plur.).
Usité le plus souvent au plur. Circonlocution, hésitation à s'exprimer, marquant de l'embarras et parfois de l'habileté. De longues ambages (Ac. 1835-1878) :
1. Notre jurisprudence, nos lois sont prévôtales, nos magistrats aussi doivent être expéditifs et le sont. Vite, tôt; emprisonnez, tuez; on n'aurait jamais fait s'il fallait tant d'ambages et de circonlocutions. P.-L. Courier, Pamphlets politiques,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-1820, p. 16.
2. ... aucune affaire n'exigea, plus que celle dont il s'agissait, l'emploi de la surdité, du bredouillement, et des ambages incompréhensibles dans lesquels Grandet enveloppait ses idées. D'abord, il ne voulait pas endosser la responsabilité de ses idées; puis, il voulait rester maître de sa parole, et laisser en doute ses véritables intentions. H. de Balzac, Eugénie Grandet,1834, p. 134.
3. Le docteur discourait lentement, avec ambages et incidentes, avançant comme sur la pointe des pieds dans un langage qu'il avait évidemment plus l'habitude de lire que de parler ... P. Morand, L'Homme pressé,1941, p. 12.
Sans ambages.
1. Sans détours de langage. Parler sans ambages (Ac. 1878-1932) :
4. ... j'ai reconnu détestable le système qui consiste à se débarrasser d'abord des menues broussailles − lettres arriérées, lecture du journal, rangements − sous prétexte d'avoir ensuite le cerveau complètement dégagé pour le vrai travail. C'est par celui-ci qu'il faut commencer. Il faut l'attaquer sans ambages, sans délai, délibérément; y apporter sa plus grande, sa plus matinale fraîcheur. A. Gide, Journal,1906, p. 201.
5. Les fonctionnaires présents accusaient sans ambage les militaires de se vautrer dans la concussion et l'abus d'autorité, mais les militaires le leur rendaient bien. L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 184.
2. P. ext. Sans détours :
6. Cette gesticulation touffue à laquelle nous assistons, a un but, un but immédiat auquel elle tend par des moyens efficaces et dont nous sommes à même d'éprouver immédiatement l'efficacité. Les pensées auxquelles elle vise, les états d'esprits qu'elle cherche à créer, les solutions mystiques qu'elle propose sont émus, soulevés, atteints sans retard ni ambages. A. Artaud, Le Théâtre et son double,1939, p. 73.
Par fig. étymol. Sinuosité :
7. Des épaules aux talons, une étroite robe la précisait, serrant les bulles timorées de ses seins, affûtant leurs pointes brèves, lignant les ambages ondulées du torse, tardant aux arrêts de hanches. J.-K. Huysmans, En rade,p. 35 (Rheims 1969).
Rem. Il s'agit d'une fig. étymol. d'apr. le sens concr. du lat. ambages « sinuosités (d'un parcours) », d'où « détours », cf. Virg., En., VI, 29 : Daedalus ipse dolos tecti ambagesque resolvit (« Dédale déjoue lui-même les ruses et les chemins sinueux du Labyrinthe » au fond duquel Thésée rencontrera le Minotaure). On sait que ce passage célèbre est une des sources directes de la déclaration de Phèdre à Hippolyte (Racine, Phèdre, II, 5). Cf. aussi infra étymol. et hist. b où Rabelais emploie le mot pour la description du corps humain.
Prononc. ET ORTH. : [ɑ ̃ba:ʒ]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 1resyllabe du mot. Besch. 1845 fait la rem. suiv. : ,,Quelques personnes veulent qu'on prononce ce mot comme s'il y avait ambagèce, mais cette prononc. n'est pas généralement adoptée.`` Guérin 1892 rappelle que le mot ,,s'employait anc. au sg`` (cf. aussi Lar. 19eet Nouv. Lar. ill.). Pour DG il est rare au sing.
Étymol. ET HIST. − a) Env. 1355 « circonlocutions, détours et embarras de paroles » (Pierre Bersuire, Roman de Tite-Live ds Gdf. Compl. : Quelles estoient celes menaces des quelles par ambagez et par paroles doubteuses il li avoit parlé); b) 1546 latinisme d'aut. « sinuosités, détours (au sens matériel) » (Rabelais, III, 31 ds Hug. : Les arteres : les quelles de la senestre armoire du cœur prenoient leur origine, et les espritz vitaulx affinoient en longs ambages, pour estre faictz animaulx), attest. seulement chez Rabelais (voir supra rem.); 1588 emploi adj. « où il y a des détours » (L. Papon, Pastorelle, IV, 2 ds Hug. : Taise, en ses fictions, l'Egipte adore-fere L'ambage labirinth que vaine elle sceut faire Pour vastes monuments des monarques si fiers), attest. isolée. Dès Fur. 1690, le mot est signalé comme vieilli, il s'est maintenu principalement dans la loc. parler sans ambages (Rog. 1965, p. 130). Empr. au lat. ambages, attest. dep. Plaute au sens a sing. (Cist., 747 ds TLL s.v., 1834, 20 : sed, quaeso, ambages, mulier, mitte atque hoc age) emploi rare; attest. au sens b plur., dep. Virgile, (Aen., 6, 29, ibid., 1844, 69 : Daedalus ipse dolos tecti ambagesque resolvit).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 55.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8(s.v. ambage). − Gramm. t. 1 1789. − Hanse 1949. − Malkiel (Y.). The Romance word family of Latin ambāgō. Word. 1947, t. 3, pp. 59-72. − Prév. 1755 (s.v. ambage).Rheims 1969. − Thomas 1956.