| AMÉRICAIN, AINE, adj. et subst. I.− Adjectif A.− Propre à l'Amérique ou à ses habitants. Continent américain, forêts américaines, rives américaines, côte américaine. − En partic. [En parlant de l'Amérique du Nord] Gouvernement américain, troupes américaines : 1. M. de La Fayette, ayant combattu dès sa première jeunesse pour la cause de l'Amérique, s'était pénétré de bonne heure des principes de liberté qui font la base du gouvernement des États-Unis; s'il a commis des erreurs relativement à la révolution de France, elles tiennent toutes à son admiration pour les institutions américaines et pour le héros-citoyen Washington, qui a guidé les premiers pas de sa nation dans la carrière de l'indépendance.
G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution francaise,t. 1, 1817, p. 213. 2. Ce même président disait à un prêtre américain, qui, avant de s'en retourner aux États-Unis, vint le consulter en conscience sur ce qu'il fallait croire de l'encyclique : « allez en toute tranquillité, je vous mets sur ce point la bride sur le cou; en Amérique, ces opinions n'ont pas le moindre inconvénient ».
M. de Guérin, Correspondance,1834, p. 122. Rem. Syntagmes fréq. Armée(s) américaine(s), autorités américaines, indépendance américaine, union américaine, politique américaine. B.− P. ext. Qui est inventé aux États-Unis ou en Amérique, qui est imité des Américains : 3. Les distributeurs [de semences] par cannelures ont été imaginés aux États-Unis... et ont été désignés longtemps, pour cette raison, sous le nom de distributeurs américains.
G. Passelègue, Les Machines agricoles,1930, p. 123. 4. Ah! quel cheval... Gaston se réjouit des étriers courts; ainsi pouvait-il tenir cette monte américaine timide que certains hommes de cheval commençaient de pratiquer pour le galop.
J. de La Varende, Le Centaure de Dieu,1938, p. 208. ♦
Œil américain.
Œil vif, observateur : 5. J'ai vu ça, moi, du premier coup en entrant. J'ai l'
œil américain.
G. Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 101. ♦ Faire l'œil américain. ,,Suivre en regardant de côté. Terme de police.`` (L. Larchey, Dict. historique d'argot, nouv. suppl., 1889, p. 11). ♦
Œillade américaine. Synon. de
œillade amoureuse (cf. Larch. 1880). C.− Emplois techn. 1. LING. Langues américaines. Ensemble des langues parlées par les autochtones du continent américain : 6. Il paraît que les langues de l'Amérique ont un caractère distinctif qui les sépare absolument de celles de l'ancien continent. En les rapprochant de celles du Brésil, du Chili, d'une partie de la Californie, ainsi que des nombreux vocabulaires donnés par les différens voyageurs, on voit que généralement les langues américaines manquent de plusieurs lettres labiales, et plus particulièrement de la lettre f...
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 2, 1797, p. 291. 2. ART CULIN. Grog américain. ,,Grog américain, grog à l'eau-de-vie, plus copieux que les grogs ordinaires, et que l'on sert accompagné d'une grosse brioche chaude.`` (Lar. 19e; attesté uniquement ds ce dict.) : 7. Nous entrons.
− Vous prenez de la bière? demande Jaurès. Il est minuit passé.
− Non. Je prendrai un grog américain.
Qu'est-ce que cela?
− De l'eau chaude avec du rhum.
− Est-ce bon?
− Ça vous désaltérera mieux que quelque chose de froid.
J. Renard, Journal,1904, p. 939. 3. CH. DE FER. Chemin de fer américain. Nom des premiers tramways français (cf. Rigaud, Dict. du jargon parisien, L'Argot ancien et moderne, 1878, p. 9). 4. MODES. Coiffure américaine. ,,Coiffure féminine moderne demi-longue.`` Coiffure ,,pour hommes, coupe très courte effectuée à la tondeuse dans les troupes américaines en 1917.`` (Lar. encyclop.; attesté seulement ds ce dict.). II.− Substantif A.− Subst. des 2 genres 1. Personne qui habite l'Amérique, qui y est née ou en est originaire : 8. Le 9, ils entrèrent dans un port qu'ils nommèrent Port de la Trinité, situé à 41 degrés 7 minutes de latitude observée, et à 19 degrés 4 minutes à l'occident de San-Blas. Les Espagnols font un grand éloge du pays et de ses habitans. Ces Américains se peignent le corps en noir et en bleu, et ils ont à peu près les mêmes usages et les mêmes armes que ceux dont on trouve la description dans la relation du troisième voyage du capitaine Cook, lorsqu'il visita la côte du nord-ouest de l'Amérique.
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 1, 1797, p. 126. 2. Personne qui habite les États-Unis, qui y est née ou en est originaire : 9. Nous avons constaté que ce qui fait réussir l'Américain, ce qui constitue son type, ... c'est la valeur morale, l'énergie personnelle, l'énergie agissante, l'énergie créatrice. Le mépris si profond que le grec avait pour le barbare, le yankee l'a pour le travailleur étranger qui ne fait point d'effort pour devenir vraiment américain.
G. Sorel, Réflexions sur la violence,1908, p. 358. Rem. 1. Durant une période de transition, on a dit américain des États-Unis, américains-unis (cf. L.-N. Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane, 1802, p. 221; G. de Staël, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, t. 1, 1817, p. 214). 2. L'arg. connaît les formes amerlo/amerloque (var. amerlot, amerlaud, amerloche, amerlok, amerloquin, américo), subst. masc. Américain des États-Unis : 10. − Tu sais, on peut avoir du vin français dans ce drug-store, dit Lambert gaiement. Nous allons manger aussi bien qu'un prisonnier de guerre allemand.
− Ça t'indigne toi que les amerlos nourrissent correctement leurs prisonniers?
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 131. B.− Subst. masc. 1. LING. Parler anglais des États-Unis. 2. SP. Participant à une course à l'américaine (cf. infra C 2) : 11. Comme « omniumiste » ou « américain », Sérès gagna notamment trois fois les Six Jours de Paris...
A.-O. Grubb, L'Auto,15 déc. 1933, p. 15. C.− Subst. fém. 1. ,,Sorte de voiture très légère à quatre roues et à capote volante.`` (Gde Encyclop.) : 12. ... à la barrière, il fut rejoint par une américaine attelée d'un seul cheval et qu'un jeune homme conduisait.
− Voilà sir Williams, dit Bastien en montrant le jeune homme à côté de qui était assis Ralph O..., tandis qu'Arthur G... était placé sur le siège de derrière.
P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, pp. 366-367. 2. SP. Synon. par ellipse de course à l'américaine.Course cycliste sur piste où des équipes se relayent le plus rapidement possible : 13. Le cyclisme sur piste offre plusieurs spécialités différentes...; les américaines, disputées par des équipes de deux (quelquefois de trois) coureurs, le principe étant qu'il n'y a jamais en course qu'un seul d'entre eux.
Jeux et sports,1967, p. 1503 (encyclopédie de la Pléiade). 3. Synon. par ellipse de cigarette américaine, casquette américaine, etc. III.− Loc. À l'américaine A.− Selon les mœurs américaines, d'une manière qui reflète ou imite la façon d'être, de penser ou d'agir des Américains (généralement du Nord) : 14. ... je n'ai aucun doute que cette femme élégante qu'est MmeGondien, ne l'élève [Jean-Michel] à l'anglaise ou à l'américaine, avec douche, tub et culture physique ...
P. Bourget, L'Enfant de la Morte,1928, p. 102. 15. Je les [hommes de fortune modeste] aborde sans arrière-pensée, d'homme à homme, familièrement, à l'américaine.
V. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 105. B.− Spécialement − ART CULIN. Garniture à l'américaine, Garniture à base de ,,tomate fondue avec huile et beurre et condimentée avec oignon et échalote hachés, ail, persil, cerfeuil, estragon, puis mouillée de vin blanc et cognac...``; s'applique surtout aux crustacés (Ac. Gastr. 1962). − COMM. Enchères à l'américaine. ,,Mode de vente dans laquelle chaque enchérisseur verse immédiatement la différence entre la surenchère proposée par lui et l'enchère précédente.`` (Quillet 1965). − IMPRIMERIE 1. Suite à l'américaine. ,,Continuation d'un article, sans rappel de titre et sans autre séparation qu'un filet horizontal sous le texte qui se trouve immédiatement à droite de celui qui a été interrompu.`` (Voyenne 1967). 2. Mise en pages à l'américaine. ,,Style de présentation d'un journal essentiellement caractérisé par l'emploi des gros titres.`` (Ibid).. − SP. Course à l'américaine ( cf. supra C 2). − Arg. ,,Vol à l'américaine ou charriage à l'américaine (ou « vol à la mystification »)`` (La Rue 1954). Vol où l'un des deux compères se présente comme un Américain. Prononc. : [ameʀikε
̃], fém. [-εn]. DG est le seul dict. à transcrire au fém. la finale avec [ε:] ouvert long. Étymol. ET HIST. − 1. a) [1556 amérique subst. « habitant du continent américain » (Thevet, Singul. de la Fr. ant. c.LVIII ds Gdf. Compl. : Noz Ameriques en temps de paix n'ont gueres autre mestier ou occupation qu'a faire leurs jardins)]; 1771 américain subst. « id. » (Trév. : Américain [...] Habitant de l'Amérique); b) 1576 ameriquains adj. « qui habite le continent américain » (J. de Léry, Voy. au Brésil ds Delb., Rec. d'apr. DG : Nos sauvages ameriquains); 1771 adj. forme américain ds Trév.; 2. 1838 adj. et subst. americain (Ac. Compl. 1842 : Américain [...]. Se dit particulièrement des habitants des États-Unis. Il y a beaucoup d'Américains à Paris).
Dér. d'Amérique; suff. -ain*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 3 200. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 1 699, b) 2 595; xxes. : a) 1 979, b) 9 580. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Carrière (J.-M.). Early examples of the expressions American language and langue américaine. Mod. Lang. Notes. 1960, t. 75, pp. 485-488. − Chautard 1937. − Daire 1759. − Duval 1959. − Esn. 1966. − Fér. 1768 (s.v. amériquain). − France 1907. − Gall. 1955, p. 108. − Gottsch. Redens. 1930, p. 432. − Lajaunie (M.-A.). Préjugés et langage. Vie Lang. 1968, no201, p. 751. − Lar. comm. 1930. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − Lasnet 1970. − Le Breton 1960. − Le Breton Suppl. 1960. − Mont. 1967. − Rey-Cottez 1968, t. 36, p. 331. − Sain. Lang. par. 1920, p. 21. − Sandry-Carr. 1963. − Spr. 1967. − Springh. 1962. − Voyenne 1967. |