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ALORS, adv.
I.− Emploi adv.
A.− Sens temp. À ce moment-là; à cette époque-là.
1. À ce moment-là.
a) [Sans itération] :
1. Je fais demander par Lavoix à Perrin Fils s'il possède un buste de la Guimard. Il me fait répondre qu'il ne sait pas ce que je veux dire. Je lui demande alors directement par lettre à voir le buste que je sais qu'il possède... E. et J. de Goncourt, Journal,juin 1889, p. 981.
2. Ma nièce ouvrit la porte qui donne sur le petit escalier et commença de gravir les marches, sans un regard pour l'officier, comme si elle eût été seule. L'officier la suivit. Je vis alors qu'il avait une jambe raide. Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. 30.
Rare. [Employé avec un imp. de perspective] :
3. Et moi, passant obscur, je devais survivre à cette pompe, je devais demeurer pour voir les bois de Trianon aussi déserts que ceux dont je sortais alors. F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 148.
C'est alors que :
4. Secoué d'émotions confuses, Augustin s'intimidait, s'attardait, cherchait des atermoiements. C'est alors qu'il trouva les roses. J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 2, 1933, p. 59.
Lang. parlée, en emploi ell. interr. Et alors? Que s'est-il passé à ce moment-là?
5. ... puis, au moment où on prenait le chemin de terre, je ne peux plus tenir et je dis : − Et alors? Et il reprend, alors, juste au fil. J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 25.
b) [Avec itération, en partic. en alliance avec le prés. ou l'imp.] :
6. J'ai besoin de vous voir, et de vous voir encore, et de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pas s'efface, alors je crois que mon cœur ne bat pas... V. Hugo, Hernani,1830, I, 2, p. 13.
7. Caché entre le battant d'une porte béante et la muraille, il laissait la mère ou Céline le chercher par toute la pièce; et n'appelait qu'à l'instant de leur inquiétude manifeste. De rire alors, triomphant. Une grande personne était, par sa ruse, trompée. P. Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 8.
8. ... parfois un canon lourd aboyait plus vite; beaucoup d'autres lui répondaient alors, comme jadis les chiens dans les fermes de Guadalajara; plus le bruit du canon montait, plus les hommes se serraient les uns contre les autres. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 803.
2. [Employé avec l'imp.] À cette époque-là. Anton. aujourd'hui, actuellement, en ce moment... :
9. Mathilde aujourd'hui sait ce qu'alors elle ignorait et sur quoi la mère fondait sa sécurité... F. Mauriac, Génitrix,1923, p. 338.
10. Il avait attendu l'arrivée du marin, qui commandait alors le Saturnia. É. Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 12.
En emploi ell. :
11. Il [Vigny] revendique, avec raison d'ailleurs, pour Moïse et pour Éloa, l'honneur d'avoir été les premiers poèmes à incarner une pensée philosophique dans un récit. Comme Chateaubriand qui écrit les Mémoires d'Outre-Tombe en se préoccupant de Michelet, alors en pleine gloire, comme Victor Hugo qui songe dans la Légende des siècles à ne pas se laisser dépasser par les Poèmes antiques, dans les Chansons des rues et des bois à suivre (comme le roi suit son héraut) les Émaux et camées, Alfred de Vigny mettait son amour-propre de poète à rester à l'avant-garde, à ne point paraître un attardé, à ne point se laisser dépasser par les jeunes audaces. A. Thibaudet, Réflexions sur la littérature,1938, p. 32.
Subst. + d'alors.De cette époque-là. La mode d'alors, les hommes d'alors, la psychologie d'alors, les savants d'alors, les idées d'alors, mes rêves d'alors, ...
3. Loc. adv.
a) Jusqu'alors. Jusqu'à ce moment-là, jusqu'à cette époque :
12. Je n'aimais point le peuple jusqu'alors, mais dès lors j'eus pitié de lui. A. Gide, El Hadj,1899, p. 359.
b) Alors déjà, déjà... alors :
13. Je me rappelais ce comte de Nassau comme un des plus remarquables jeunes gens que j'aie rencontrés, déjà dévoré alors d'un sombre et éclatant amour pour sa fiancée. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 330.
c) Alors seulement. Ce n'est qu'à ce moment-là, à cette époque-là que... :
14. Quelques jours plus tard, accoudée à une table, Solange remarqua que son bracelet-montre avait glissé, le long de son avant-bras, deux ou trois centimètres plus bas qu'il ne descendait d'habitude. Alors seulement elle s'expliqua la sensation qu'elle éprouvait depuis un certain temps, que ses mains nageaient dans ses gants. Elle ne dit rien : elle avait honte. H. de Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1375.
d) Rare. Dès alors. Dès cette époque-là :
15. malatesta. − Alors ma gloire était jeune; elle chantait et se lustrait les ailes dans le premier soleil du matin. Et pourtant il me semble que dès alors, moi de qui la destinée était d'être un homme de guerre, je pensais comme aujourd'hui que tous les exploits guerriers ne valent pas un beau sonnet ou une belle harangue ou une belle maxime morale. H. de Montherlant, Malatesta,1946, I, 3, p. 440.
e) Loc. fam. et vieillie. Alors comme alors. Quand on en sera là, on se tirera d'affaire comme on pourra, on verra bien ce qu'il faudra faire :
16. − Mais enfin! ... Pourrais-tu pas me faire entrevoir une répétition? J'en serais très curieux parce qu'à la bataille je serais nerveux et l'œil sur la salle autant que sur la scène. Enfin, alors comme alors. Puisque tu m'offres une belle loge, fais qu'il y ait un coin pour toi, pour te venir reposer. A. Gide, P. Valéry, Correspondance,lettre de P. V. à A. G., avr. 1901, p. 381.
Rem. Loc. anc. déjà enregistrée dans la 1reéd. du Dict. de l'Ac. Lar. 20eet Rob. la disent familière.
B.− Sens log. En conséquence; dans ce cas.
1. En conséquence, de ce fait :
17. « ... Si vous saviez comme elle a pleuré quand elle a compris que vous ne viendriez pas. Oui, Monsieur, elle a pleuré toutes ses larmes. Et puis, elle a été à l'hôtel. Vous étiez parti. Alors, elle a cru que vous faisiez votre voyage en Italie, et que vous alliez encore passer par Gênes, et que vous la chercheriez en retournant puisqu'elle n'avait pas voulu aller avec vous. Et elle a attendu, oui, Monsieur, plus d'un mois; et elle était bien triste, allez, bien triste. Je suis sa mère! » G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1279.
18. ... j'ai eu peur qu'il ne parte à leur poursuite; alors je lui ai menti exprès; je lui ai dit que maman allait revenir le lendemain... R. Martin du Gard, Les Thibault,Le Pénitencier, 1922, p. 745.
En partic., dans l'interrogation, sert à appeler une information dont le locuteur ne voit pas le rapport avec ce qui vient d'être dit. Et alors?
Sert à introduire une conclusion :
19. Frank. − Non! Non! J'ai tout perdu. la voix. − Repens-toi! Repens-toi! Frank. − Non! J'ai maudit mon père. la voix. − Alors lève-toi donc, car ton jour est venu. A. de Musset, La Coupe et les lèvres,1832, I, 3, p. 279-280.
Fam., en tournure exclam. Ça alors! Chic alors! Oh si, alors! ...
2. Dans ce cas.
[En système hypothétique, rappelle la protase et annonce l'apodose] :
20. La critique ne peut faire plus, et je t'avertis, lecteur, que cet essai fait encore bien moins. Si donc un génie muet te pousse, prends plutôt la plume ou le pinceau. Mais si ton génie bavarde, alors lis. Alain, Système des beaux-arts,1920, p. II.
[En alliance avec un cond.; tient lieu de protase] :
21. Cette conscience se trouverait alors réellement dans les mêmes conditions où l'astronome se place imaginairement; elle verrait dans le présent ce que l'astronome aperçoit dans l'avenir. H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,1889, p. 152.
Ou alors, mais alors, pas même alors... :
22. jean. − ... « Comment, vous êtes française, Madame! ... Mais, alors, vous connaissez de nom Angers... et Bordeaux... » S. Guitry, Le Veilleur de nuit,1911, I, p. 6.
[En phrase interr.] :
23. − Vous admettez donc que vous-même vous vous battriez? − Pardieu! − Eh bien! Alors pourquoi voulez-vous que moi je ne me batte pas? A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 287.
II.− Emploi conjonctionnel. Alors que
A.− Sens temp. Marque la simultanéité de deux procès :
24. Mes nerfs se sont retrempés à ce souffle marin, plein de sels pénétrants, qui nous frappait la figure alors que nous fendions l'espace, en tilbury découvert lancé au galop. J. Barbey d'Aurevilly, Premier Memorandum,1836, p. 52.
25. Il y a une sorte de perfection affreuse dans l'humiliation de la France, quelque chose qui appelle irrésistiblement le souvenir de versets bibliques. Au début de juin, alors que je me trouvais encore à Pau, il m'arriva un jour d'ouvrir ma bible au hasard et d'y lire ces mots dont je fis aussitôt l'application à Paris : « Comme elle est assise solitaire, la cité populeuse! Elle est devenue comme une veuve, celle qui était grande parmi les nations; ... Elle pleure amèrement durant la nuit, et les larmes couvrent ses joues... » J. Green, Journal,1940, p. 19.
B.− Sens log. Traduit l'idée d'opposition.
1. Marque l'opposition sans plus; tandis que :
26. La marraine avait pris un assez fort ascendant sur Ninon, qui avait grand besoin de conseils, alors que la vieille dame en fournissait à foison. R. Boylesve, La Leçon d'amour dans un parc,1902, p. 92.
2. Marque la discordance, l'incompatibilité des deux faits que l'on rapproche :
27. Mais que peut-il y avoir de commun, au point de vue de la grandeur, entre l'extensif et l'intensif, entre l'étendu et l'inétendu? Si, dans le premier cas, on appelle plus grande quantité celle qui contient l'autre, pourquoi parler encore de quantité et de grandeur alors qu'il n'y a plus de contenant ni de contenu? H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience,1889, p. 16.
Alors même que :
28. Quoique l'heure fût avancée, il entendait vaguement bruire autour de lui ce murmure sourd d'une grande ville qui, de même que l'océan, ne se tait jamais alors même qu'elle semble reposer. T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 286.
COMMENTAIRE GRAMM. − Au sens temp., alors crée, par réf. à un procès déjà énoncé ou à une situation connue ou supposée telle, une actualité distincte de l'actualité du locuteur et situe donc le procès dans le passé ou dans l'avenir. Le verbe modifié par alors est intégré dans l'actualité ainsi définie par réf. Il en résulte un effet de simultanéité entre le procès référentiel et le procès modifié. En fait, l'espace temp. défini par réf. fournit une actualité large dans laquelle vient s'inscrire le verbe modifié. 2 procès successifs de fait sont présentés comme simultanés : il sonna; alors il entendit le bruit des sabots. Ces données peuvent être transposées sur le plan log. : selon le contexte, 2 procès, reliés par alors, sont vus dans leurs relations log. plutôt que dans leur relation temp. de simultanéité, et la successivité de fait est interprétée comme une relation de conséquence.
Prononc. : [alɔ:ʀ]. 1. Le groupe rs se prononce [ʀ] dans ,,convers, divers, envers, pervers, revers, (à) travers, univers, vers, ailleurs, plusieurs, alors, cors (de cerf), dehors, fors, hors, mors (de cheval), recors (d'huissier), débours, concours, cours, discours, parcours, à rebours, recours, secours, toujours, velours, dans (je, tu) sers, meurs, sors, accours, cours, concours, discours, encours`` (cf. Fouché Prononc. 1959, p. 425). 2. Dér. et composés : cf. lors. − Rem. Littré précise que ,,l's ne se lie jamais, [que] quelques uns font sentir l's : a-lors, mais [que] c'est une faute`` (à comparer avec Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834 et Gattel 1841 qui notent devant voyelle : ɑlorz). Pour Fouché Prononc. 1959, p. 462, la liaison ne se fait pas.
Étymol. ET HIST. I. Adv. 1. xiies. indique le temps « à ce moment là » (Ronc., p. 96 ds Littré : Alors s'enfuient dolanz et trespensez); début xiiies. « en ce temps là, à cette époque (en réf. au passé) » (Queste del Saint Graal, 210, 3 ds P. Imbs, Les Prop. temporelles en a. fr., p. 210 : il ert li mieldres chevaliers et li plus preudons qui alors fust); 1200-1220 « à ce moment là (en réf. au fut.) » (R. de Houdenc, Meraugis de Portlesguez, éd. Friedwagner, 1148 ds T.-L. : D'itant avra le guerredon : Ou lors li ferai un beau don, Ou lors m'avra dou tot perdue [var. : Alors li ferai un beau don Selonc sa proesce et son nom Ou il m'avra dou tot perdue]); 1erquart xiiies. « id. (en réf. au passé, exprimant une certaine durée) » (Hist. de Guill. le Maréchal, éd. Meyer, v. 761-766 : Mais il n'enmena compaignon Fors un vaslet et un garçon Quer li siecles n'er[t] pas alores Si orguillos com il est ores); 2. 1271 exprime un rapport logique « en ce cas » (Est. Boileau, Livr. des mest., 1rep. XXVII, 4 ds Gdf. Compl. : Alors il porroit autre apprentif prendre). II.− Loc. conj. : alors que 1. 1167 a l'ore (ou eure) que « à l'heure où, lorsque » (G. D'Arras, Ille et Galeron, éd. Förster, 1972-73 ds P. Imbs, op. cit., p. 220 : Assés i ot et duel et ire A l'eure qu'il entrer i porent); 2. a) 1422 alors que indique le temps et l'opposition (Alain Chartier, Quadriloge invectif, p. 421, Id., ibid., p. 229 : Car alors que tu es riche, puissant et plantureux de bien; tu ne pues vivre sans blasphème et sans murmure); b) 1492 temporel (Roman des Sept Sages, p. 110, Id., ibid., p. 229, note 3 : Alors que tu seras a table et que les viandes seront posées, mets ung clos en la tuaille secrétement, et puis fais semblant que tu as oblié ton cutïaul). Composé de à* et de lors*. L'hyp. d'une formation alors < ad illam horam (DIEZ5, DEI) n'est pas satisfaisante pour les raisons suiv. : . en lat. seule est attestée l'expr. ad. horam . date relativement tardive d'attest. pour un mot gramm. . anal. alors < a + lors et adonc < à + donc. La création de alors résulte d'un renforcement de l'adv. lors; la même tendance à l'expressivité a abouti à la création d'adv. ou de loc. adv. : ilors (avec i de l'a. fr. iluec « là », dep. 1119, Ph. de Thaon, Comput, éd. Mall 2005 ds T.-L. : Ciel e terre crïat Li reis ki nus furmat; Terre ert ilores vaine, De tut en tut baraine, mais qui contrairement à l'affirmation de G. Paris ds Romania t. 8, pp. 625-26 n'est pas la forme primitive de alors, mais seulement une formation parallèle); au tens de lores, 1225, Queste du Graal; a celes hures, ca 1140, Chanson de Guillaume, 23, ds P. Imbs, op. cit., p. 210.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 58 209. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 66 762, b) 79 686; xxes. : a) 89 368, b) 94 148.
BBG. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Canada 1930. − Cohen 1946, p. 60. − Dem. 1802. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 39. − Hanse 1949. − Imbs (P.) Les propositions temporelles en ancien français. Paris, 1956, p. 209; pp. 220-229. − Kold. 1902. − Laf. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Le Roux 1752. − Thomas 1956.