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ALLER1, verbe.
I.− Emplois comme verbe intrans.
A.− [Le verbe marque un déplacement depuis un point de l'espace jusqu'à un autre] Se mouvoir, se déplacer.
1. Emploi indéterminé. [Le terme du déplacement n'est pas indiqué]
a) [Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un animal] :
1. Elle marchait devant moi dans le sable, avec un pas déterminé et un mélange si charmant de délicatesse féminine et de témérité enfantine, que je m'arrêtais pour la regarder à chaque instant. Il semblait, une fois lancée, qu'elle eût à accomplir une tâche difficile, mais sacrée; elle allait devant comme un soldat, les bras ballants, et chantant à tue-tête; tout d'un coup elle se retournait, venait à moi et m'embrassait. A. de Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 252.
2. Le couloir où Jean Valjean cheminait maintenant était moins étroit que le premier. Jean Valjean y marchait assez péniblement. Les pluies de la veille n'étaient pas encore écoulées et faisaient un petit torrent au centre du radier, et il était forcé de se serrer contre le mur pour ne pas avoir les pieds dans l'eau. Il allait ainsi ténébreusement. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 531.
Par métaph. :
3. 21 octobre assez bien travaillé, mais je vais lentement. B. Constant, Journaux intimes,oct. 1811, p. 367.
Littér. [Aller suivi d'un part. prés. marquant un procès qui accompagne l'action d'aller] :
4. Comme il [le passant] tendra l'oreille aux rumeurs indécises! Comme il ira rêvant des figures assises Dans le buisson penché ... V. Hugo, Les Voix intérieures,1837, p. 244.
Laisser aller qqn. Lui permettre de s'en aller, le relâcher :
5. ... quand j'ai vu qu'après mes livres on allait saisir ma personne, (...), et qu'on me livrait aux Italiens, me voyant enfin la corde au cou, j'ai dit comme j'ai pu ce que j'avais à dire pour qu'on me laissât aller. P.-L. Courier, Lettres de France et d'Italie,1810, p. 840.
b) [Le suj. est un subst. désignant un moyen de locomotion] :
6. Le tilbury allait bon train, mais le boulevard était encombré de voitures, et souvent il était forcé de ralentir sa marche, ce qui permit au cabriolet de régie de le suivre à courte distance. P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 309.
Rem. Dans son emploi indéterminé, aller est gén. accompagné d'un adv. ou d'une loc. adv. ou d'un compl. circ. indiquant les modalités du mouvement, soit : a) la vitesse d'exécution du mouvement aller vite, lentement, doucement, bon train, grand train. Plus particulièrement, si le suj. est une pers. aller à grands pas; si le suj. est un animal (un cheval) aller au trot, au galop, au/le pas, aller l'amble; si le suj. est un bateau aller à pleines voiles; b) la nature de la direction du mouvement aller droit, tout droit, à reculons, au hasard; c) le moy. utilisé pour le mouvement aller à pied, en voiture, à cheval, en bateau; d) l'endroit par où passe le mouvement aller par terre, par mer, à travers champs, par le chemin le plus court, par un chemin de traverse; e) l'endroit où a lieu le mouvement aller sur (la) terre, en plaine, sur l'eau, dans les airs; en avant, en arrière, devant, derrière, à côté, à droite, à gauche de qqn; en syntagme avec se laisser : se laisser aller contre un mur, sur le dos d'un fauteuil; f) la manière dont se fait le mouvement, relativement à d'autres agents de l'action (accompagnement) aller ensemble, de compagnie, côte à côte, en troupe, (tout) seul, à la file les uns derrière les autres, de front.
Aller et venir. Marque un mouvement de balancement, un mouvement alternatif (surtout quand le suj. est une chose). [Quand le suj. est une pers.] Faire les cent pas. Cf. aussi aller de long en large.
c) P. anal. [En parlant du temps] :
7. 18 janvier travaillé. Les événements vont si vite que mon livre n'aura plus le mérite de l'audace. Allons toujours. B. Constant, Journaux intimes,janv. 1814, p. 397.
d) Emplois fig. Aller avec qqn, aller ensemble. Fréquenter quelqu'un, avoir des relations avec quelqu'un.
Aller de pair avec qqn.
Aller (droit) son chemin et expressions similaires : aller son (petit) bonhomme de chemin, aller vite en besogne :
8. Je me suis engagé, par sentiment du devoir, dans une rude voie. Je dédaigne les insultes, et je vais droit mon chemin. On me jugera quand on saura ce que j'ai à dire. G. Clemenceau, L'iniquité,1899, p. 8.
Se laisser aller. S'abandonner, se négliger.
2. Emploi déterminé. [Le terme du mouvement est envisagé; aller peut éventuellement être accompagné d'un adv. ou d'un compl. circ. indiqué dans la rem. supra]
a) [Le suj. désigne gén. une pers.; le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant une pers.]
Aller chez, auprès de, vers. Se rendre auprès de quelqu'un. Aller chez le coiffeur, chez le dentiste. (Fam. ou pop. Aller au coiffeur, au dentiste).
Aller au-devant de. Se porter au-devant de.
Fig. Aller contre (à l'encontre de) qqn. S'opposer à quelqu'un :
9. ... il faut aller au-devant du pauvre, du même mouvement par lequel on allait primitivement au martyre ... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 312.
Littér. Aller à qqn. S'adresser à, se tourner vers :
10. Si un jour vous avez profondément besoin d'un autre être, (...) irez-vous à celui qui a souillé d'un hochement de tête un acte généreux ou simplement une tendance pure? Peut-être étiez-vous de ceux qui l'approuvèrent; mais dans ce moment grave où c'est la vérité qui frappe à votre porte, vous vous tournerez vers cet autre qui a su s'incliner et aimer. M. Maeterlinck, Le Trésor des humbles,1896, p. 255.
[Except. le suj. est une chose] Être destiné à, être pour :
11. La tante, fidèle à l'idée fixe de toute sa vie, laissait son million à leur premier né, avec la jouissance de la rente aux parents jusqu'à leur mort. Si le jeune ménage n'avait pas d'héritier avant trois ans, cette fortune irait aux pauvres. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Un Million, 1882, p. 392.
b) [Le terme du mouvement est indiqué par un mot (subst. précédé d'une prép., ou adv.) désignant un lieu]
[Le suj. est un subst. désignant une pers. ou un moy. de locomotion] Se rendre à. Aller à Paris, aller ailleurs :
12. Il me dit comment. après avoir obtenu une place sur un vaisseau qui allait aux Indes, au milieu des délices que lui faisait éprouver son voyage, il s'était réveillé la nuit, croyant voir sa mère en rêve, qui lui reprochait son départ... B.-J. de Krüdener, Valérie,1803, p. 212.
13. ... voici ce qu'il faut faire : (...) demain, au point du jour, tu monteras dans ton char, tu te feras conduire sur le bord de la mer. Tu iras jusques aux premiers rochers du Carmel, et tu ne les auras pas dépassés que tu seras sauvée. MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 224.
14. ... malgré toute sa science, le postillon douta de pouvoir arriver à Durantal. Aux premières maisons du village, le postillon fut contraint de s'arrêter; car il n'étoit pas possible d'aller plus loin. H. de Balzac, Annette et le criminel,1824, p. 247.
15. Mess Lethierry alla à la fenêtre, l'ouvrit, la referma, revint à la table, prit les trois bank-notes, les plia, posa la boîte de fer dessus, se gratta les cheveux, saisit la ceinture de Clubin, la jeta violemment contre la muraille, et dit : − Il y a quelque chose. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 419.
16. Il faut aller au-dessus des lignes. Il faut survoler les troupes françaises et les troupes allemandes ... R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 681.
Rem. Constr. et syntagmes fréq. aller à, en (dans), jusqu'(à), où aller?, y aller; aller vers, aller dans la direction de, aller du côté de; aller en haut (de), en bas (de); aller au-dessus de; aller dehors, dedans; aller au bord de; aller à une certaine distance, aller près (de), aller loin (de).
Aller à.
Aller à la ligne (au cours de la rédaction d'une page). Changer de ligne en commençant la ligne suivante selon la norme d'un début de paragraphe.
P. méton. et fam. Aller au diable, à tous les diables, au diable Vauvert, au diable vert. Aller loin (de manière à disparaître de la vue de quelqu'un).
Au fig. Aller à la gloire; (ne pas) aller loin (trop avant) dans la voie du devoir; aller jusqu'au bout (de qqc.); aller trop loin (dans un certain domaine), aller plus loin, avant d'aller plus loin (dans un raisonnement); aller au devant de ces objections, les prévenir; ne pas aller à la cheville de qqn, ne pas le valoir; aller jusqu'à une certaine somme, accepter de la dépenser.
Laisser aller qqn à sa pente naturelle. L'abandonner à lui-même.
[Avec indication du point de départ] Aller de... à... :
17. Après leur dîner, Lucien et Coralie allèrent à pied de la rue de Vendôme au Panorama-Dramatique, par le boulevard du Temple du côté du café Turc, qui, dans ce temps-là, était un lieu de promenade en faveur. H. de Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 429.
Au fig. Aller d'une chose à une autre :
18. Il y a deux sortes de modulations : l'une par laquelle on va d'un ton à un autre ton qui lui est relatif; l'autre qui consiste dans le passage à un ton éloigné de son antécédent [en musique]. M.-G.-A. Savard, Cours complet d'harmonie théorique et pratique,1853, p. 92.
Aller sur. [Pour indiquer l'âge d'une pers.] Aller sur ses [nombre cardinal] ans. Approcher de ... ans. Il va sur ses soixante ans.
Loc. proverbiale. Aller sur les brisées de quelqu'un. Empiéter sur son domaine (en termes de vén., et au fig.).
[Le suj. est un subst. désignant une chose qui sans être douée elle-même de mouvement, le permet] Aboutir à :
19. L'aorte droite (...) fournit, peu à-près sa naissance, de petites artères qui vont à une glande orbiculaire, placée au-devant de la base du cœur... G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 4, 1805, p. 284.
[Avec indication du point de départ] Aller de... à... Partir d'un lieu et aboutir à un autre :
20. Cherchez-moi, je vous prie, un logement rue de Bourbon ou de l'Université ou Saint-Dominique ou de Varenne, ou dans une des rues qui vont de la rue Saint-Honoré aux Champs-Élysées, fenêtres sur un jardin au midi, silence partout. A. de Lamartine, Correspondance,1833, p. 354.
P. anal. [En parlant d'un espace de temps] :
21. Je ne saurais nier en effet que je ne sois, depuis le début de janvier en particulier, le lieu d'un sourd malaise − qui, depuis juillet, m'avait de temps à autre effleuré de son aile (et fait plus que cela dans l'atroce période qui alla du 15 août au 23 septembre), mais qui maintenant implore solution. Ch. Du Bos, Journal,1928, p. 33.
Au fig. [Le suj. est un subst. désignant une chose, en partic. une chose abstr. (sentiment, action...)] Atteindre de manière à faire impression. Ces paroles me sont allées à l'âme, au cœur.
Aller jusqu'à. [Pour marquer l'aboutissement dans une gradation ou une progression] Monter à, atteindre :
22. Les beautés qui peuplent la montagne Sainte-Geneviève, et se partagent les amours des écoles, lui inspiraient une sorte de répugnance qui allait jusqu'à l'aversion. A. de Musset, Mimi Pinson,1845, p. 216.
23. Le cétacé, profondément engagé dans la vaste baie de l'Union, la sillonnait rapidement depuis le cap Mandibule jusqu'au cap Griffe, poussé par sa nageoire caudale prodigieusement puissante, sur laquelle il s'appuyait et se mouvait par soubresauts avec une vitesse qui allait quelquefois jusqu'à douze milles à l'heure. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 306.
P. anal. [En parlant d'une pers. ou de la durée de sa vie] :
24. Elle ne put guérir. Les poumons atteints profondément donnaient des inquiétudes pour sa vie. « Si elle reste ici, elle n'ira pas jusqu'aux froids », dit le médecin. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Première neige, 1883, pp. 419-420.
Aller au delà de. Dépasser :
25. Louis XVI (...) quitta Versailles, et ce fut un grand événement. Dans ces temps-là, un roi ne quittait jamais sa demeure; ses excursions n'allaient pas au delà d'une partie de chasse... E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 884.
Aller loin :
26. Les gens connaissaient la Poule-Courte, son crédit n'allait pas loin. H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 169.
Rare. [En parlant du montant d'une somme d'argent] Aller dans. S'élever à :
27. « Que gagne votre fille avec ses leçons? ... » (...) Justement elle [la mère] était en train d'examiner leurs petits comptes. Cette année, ça irait dans les quatre mille francs. A. Daudet, L'Évangéliste,1883, p. 137.
c) [Le terme du mouvement est indiqué par un subst. désignant le lieu où se déroule une activité ou bien par un subst. d'action ou un subst. équivalent; aller est suivi de la prép. à, plus rarement de en et dans ce dernier cas avec subst. sans art.] Aller au théâtre, aller en voyage :
28. ... à 8 h et demie, j'ai été à une séance du comité de l'intérieur où j'ai resté dans un grand état de malaise jusqu'après 11 h. Rentré chez moi; j'ai renoncé à aller à une soirée de M. Suard. Maine de Biran, Journal,1817, p. 12.
29. Moi, je me suis marié et j'ai eu des enfants, et il a fallu que j'aille aux champs. J'étais pas fait pour ce travail-là, j'ai mon certificat. Et ces gueux de propriétaires ne vous laissent rien. P. Claudel, Tête d'or,2eversion, 1901, p. 262.
30. Shelley pensa que le séjour de Londres, par les tentations qu'il offrait, était cause de tout le mal; il eut cette idée, si naturelle aux amants qui sentent dans le couple un trouble encore obscur, d'aller revoir les lieux où leur amour a été le plus vif. La fameuse voiture de Harriet fut équipée; (...) et, escortés par Eliza, ils allèrent en pèlerinage à Keswick et à Édimbourg. A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 148.
31. Les enfants grandissaient et Jonas était heureux de les voir gais et vigoureux. Ils allaient en classe, et revenaient à quatre heures. A. Camus, L'Exil et le royaume,1957, p. 1644.
Rem. Syntagmes notés aller à la messe (à l'église), au bal, (au spectacle, au concert, au cinéma), à la chasse (à la pêche), au café, au bagne, à l'hôtel, au bureau (à son travail), au paradis; aller au bain, au marché; aller aux renseignements (aux nouvelles); aller aux urnes; aller à confesse; aller à la guerre, au combat, à l'assaut, au feu; aller à l'échafaud, au supplice, à la mort, à sa perte; aller à la découverte de, à la rencontre, au secours de qqn; aller en prison (mais au bagne), en pélerinage, en enfer (mais au ciel), en quête de (mais à la recherche de).
Aller au(x) cabinet(s), aller à la selle, aller.
Proverbe. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse.
[En parlant de poteries ou de plats qui ont la propriété de ne pas se détériorer au feu] Être mis dans :
32. Les hygiocérames (...) que l'on fait sous le nom de poteries de santé jouissent éminemment de la propriété d'aller au feu. A. Brongniart, Traité des arts céramiques,1844, p. 291.
Au fig. Aller au plus pressé, aller (droit) au but, au fait. Se laisser aller à un état, un sentiment, une action. S'abandonner à :
33. Il s'agit de voir si la vie me permettra de travailler avec intensité et si aussi, dans l'hypothèse qu'elle me le permette, je serai de mon côté assez sage pour ne me laisser aller à nul découragement. Ch. Du Bos, Journal,oct. 1924, p. 193.
[Avec l'adv. y désignant l'action dont il est question, et un adv. ou une loc. circ. précédant ou suiv. le verbe pour en indiquer la manière] Y aller. Entreprendre une action d'une certaine manière. Ne pas y aller par quatre chemins; ne pas y aller avec le dos de la cuiller; y aller à tour de bras; y aller doucement, fort; (y) aller au culot; comme vous y allez! :
34. le chiffonnier. − Oui, elle a raison, la petite dame. Je lui donnerais vingt sous, au sourd-muet, vingt francs, vingt millions... vous voyez, j'y vais carrément. J. Giraudoux, La Folle de Chaillot,1944, II, p. 148.
Fam. Y aller de qqc. Entreprendre une certaine action :
35. Lacretelle me disait : « Allez-y! Nommez-vous. Allez-y d'une dédicace... » A. Gide, Journal,1930, p. 966.
3. [Aller est suivi d'un inf. marquant le but, le plus souvent non précédé de la prép. pour; avec éventuellement un adv. ou un compl. de lieu entre aller et l'inf.] Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller voir un ami :
36. Il (...) ne revenait pas de sa surprise en apprenant que ces malheureux sortaient tous les jours de leur hospice, situé dans le fond du faubourg Saint-Antoine, traversaient Paris pour aller au Palais-Royal faire de la musique au café des aveugles, et retournaient chez eux, à minuit, sans guide et sans accident. V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 259.
[Avec la prép. pour devant l'inf.] :
37. Quand Marthe rentra, elle trouva son mari pâle et sérieux. − Qu'as-tu? − fit-elle, et elle alla pour l'embrasser. E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 329.
Rem. Dans ce dernier ex. la valeur du tour n'est pas loin de celui qui est signalé infra II C 1 a rem. 2).
Au fig. N'aller qu'à + inf. Ne tendre qu'à :
38. Ils (vos prêtres, dit Balkis à Soliman) ne vont à rien moins qu'à tout immobiliser, qu'à ternir la société dans les langes... G. de Nerval, Voyage en Orient,t. 3, 1851, p. 149.
4. Emplois techn.
a) ESCR. Aller à l'épée. S'ébranlant sur un appel d'escrime, faire de trop grands mouvements avec l'épée et attaquer en étant découvert.
b) JEUX. Y aller, prendre part au jeu (en misant); s'en aller d'une carte, s'en défaire, la jouer, l'écarter.
c) MAN. Aller de l'oreille, faire une inflexion de tête à chaque pas; aller étroit, aller large, s'approcher ou s'éloigner du centre du manège.
d) VÉN. Aller au bois, aller en quête (ou faire le bois). Se rendre au bois la veille ou de bon matin avec le limier pòur y détourner une bête.
[En parlant d'une bête] Aller de hautes erres, être passé il y a plusieurs heures; aller de bon temps, être passé il y a peu de temps; n'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours; aller d'assurance, aller au pas, sans crainte; aller sur soi, revenir sur ses pas, sur ses erres en reprenant le même chemin.
[En parlant d'un chien de chasse] Aller au vent. Aller le nez haut, le nez au vent.
B.− [Le verbe marque un mouvement, sans idée de déplacement d'une point à un autre]
1. [En parlant d'un mécanisme, d'un train de maison, etc.] Fonctionner, accomplir son mouvement ou son activité propre. Cette pendule va juste.
Faire aller. Faire fonctionner. Faire aller la maison; faire aller (la cuisson d'un aliment) à feux doux, à petit feu...
Laisser aller qqc. L'abandonner à son mouvement propre, ne pas s'en préoccuper.
JEUX. [Pour indiquer la fin des mises] Les jeux sont faits, rien ne va plus :
39. ... tant pis pour les traînards, il n'y a plus de cartons [de loto], le jeu est fait, rien ne va plus, commençons. L. Vidal, J. Delmart, La Caserne, mœurs militaires,1833, p. 284.
Au fig. Les langues vont bon train. Elles sont intarissables, en particulier pour dénigrer.
2.
a) [En parlant d'affaires, d'une entr., gén. avec un adv. qualificatif] Se dérouler :
40. À l'Impératrice, à Mayence. Géra, le 13, à 2 heures du matin, 1806. Je suis aujourd'hui à Géra, ma bonne amie; mes affaires vont fort bien, et tout comme je pouvais l'espérer. Napoléon Ier, Lettres à Joséphine,1806, p. 108.
Aller (ne pas aller) tout seul; aller (ne pas aller) sans difficulté.
Au fig. [En parlant d'une chose qui, parce qu'évidente ou spontanée, n'a pas besoin d'être établie ou soulignée] Aller de soi, aller sans dire :
41. ... à côté des multiples inconvénients qui vont de soi, et trop évidents pour qu'on en traite, il n'y a pour l'homme et pour la femme (...) qu'un avantage − mais réel − à être « du monde », je veux dire à y être né, à y avoir été élevé... Ch. Du Bos, Journal,juin 1928, p. 131.
[En parlant d'une chose et parfois d'une pers.] (C'est) va comme je te pousse, il va comme je te pousse. Cela se fait, il agit au hasard, sans direction :
42. [Madame Gruget] : − (...) Eh! bien non, ça vient, ça vous câline, ça vous dit : « Bonjour, ma mère. » Et voilà deux devoirs remplis envers l'auteur de ses jours. Va comme je te pousse. H. de Balzac, Ferragus,1833, p. 110.
b) P. anal. [En parlant d'une pers. envisagée du point de vue de sa santé]
Aller (bien, mal, médiocrement, etc.). Se porter bien, mal, etc. :
43. Il [Richard] rendait compte de tout cela à Joseph Quesnel, qui allait mieux, les coliques passées, mais que diverses complications tenaient encore à la chambre. (...). La chance allait couci-couça. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 433.
Expr. proverbiale. Ne plus aller que d'une aile, que d'une (seule) patte. Avoir une santé fort compromise.
c) Fam. [En parlant de la marche des affaires ou de la santé d'une pers.] Comment ça va?; comment ça va-t-il? Ça va (bien, mal, médiocrement, etc.). Ça va (sans adv.). Cela va convenablement.
3. [Le verbe marque un rapp. de convenance entre le suj. et un obj. second. personnel, ou un compl. introd. par la prép. avec] Être (bien, mal) adapté, convenir à une chose ou à une personne :
44. En arrivant à Longwood, il [l'Empereur] a quitté son petit uniforme vert de la garde; il n'a plus alors porté qu'un habit de ses chasses, dont on avait ôté le galon; il lui allait assez mal et commençait à être fort usé : on s'inquiétait déjà comment on le remplacerait. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 458.
Familier
[En parlant d'une chose] Au propre et au fig. Cela (ça) me va. Cela me convient. Cela me va comme un gant. Cela me convient parfaitement.
[En parlant de 2 ou de plusieurs pers. ou choses] Aller (bien, mal) ensemble, aller ensemble. Être dans un (certain) rapport de convenance réciproque :
45. ... il est impossible de rien voir de plus jeune [que l'Accordée de village de Greuze] (...) et de plus coquettement virginal, si ces deux mots peuvent aller ensemble. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 185.
Absol., fam. Ça va, ça peut aller. Cela paraît suffisant et satisfaisant, ce n'est pas la peine de continuer.
II.− Emplois gramm. spéc.
A.− Emplois impers.
1. Il va de soi, il va sans dire que + ind. (cf. supra I B 2 a). Il est évident, il est manifeste que :
46. ... il va sans dire qu'il [Dietrich] reste bien loin de son prototype [Rembrandt], car le serviteur marche derrière le maître, comme disait Michel-Ange. T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 155.
2. Il en va de même (ou ainsi) de (ou pour), il en va (tout) autrement (de ou pour + nom de pers.). La situation est la même ou tout autre (pour telle personne) :
47. ... qu'un sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, la belle affaire! Cela ne gêne personne! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du grand-père et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de chœur! ... H. Quéffelec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 183.
Rem. Pour l'expr. va pour (cf. infra II B 1).
3. Il y va de + nom de chose. Ce qui est en cause, c'est... :
48. L'accusation de trahison se trouve corroborée par des lettres ignobles où le même individu, laissant couler sa haine, déverse sur la France et sur son armée des outrages sans nom. Le misérable nia d'abord l'authenticité de ces documents, comme il fallait s'y attendre, et, chose étrange, ses juges militaires, tout en proclamant qu'il y allait de « l'honneur de l'armée » que la lumière fût faite sur cette affaire, s'abstinrent de tout effort pour découvrir la vérité. G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 380.
B.− Emplois exclam. [Pour exprimer des mouvements d'humeur, diversifiés par le ton]
1. À l'ind., fam.
a) [Dans le dialogue, pour indiquer avec vivacité ou iron. au partenaire qu'il a assez parlé, qu'on l'a assez entendu] Ça va! arrêtez! (cf. supra I B 3).
b) [Pour exprimer une résignation condit.] À la forme impers. sans il. Va pour + nom de chose, va pour + nom de pers.Cela est admissible pour (telle personne), mais pas pour telle autre!
2. À la forme positive de l'impér.
a) Allons, allez. Formule d'exhortation : allons, courage!
Ou formule d'impatience : allons, pressons (-nous)!
Ou formule d'agacement :
49. Allons, le voilà qui s'emporte, Comme à son ordinaire! J.-F. Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, IV, 9, p. 108.
b) Va. Formule soulignant une constatation à laquelle on se soumet par résignation forcée :
50. M'avoir laissé cinq ans avec cette conviction que mon ami Jack était un voleur! ... Canaille, va! ... A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 149.
c) Pop. Va donc. Formule introduisant généralement une injure : va donc, espèce de...
d) Fam. Impératif de locutions expressives pour exprimer l'impatience, la colère. Allez au diable, à tous les diables; qu'il aille au diable; allez vous promener; va te faire prendre ailleurs.
3. À la forme négative de l'impér. [Pour détourner d'une opinion erronée] N'allez pas, (ne va pas) croire (penser, conclure) que... :
51. De ce que je crois reconnaître un ordre, des lois, n'allez pas conclure que je crois en Dieu... R. Martin du Gard, Jean Barois,1913, p. 285.
C.− Emplois comme auxil. de mode
1. [Aller suivi d'un inf.]
a) Pour exprimer un fut. proche ou imminent.
[Au prés. marquant l'action achevée] Je vais avoir fini dans un instant :
52. ... j'ai lu avidement toute la pièce, surtout le milieu, que je ne connaissais pas. Mais je me dépêchais; j'avais peur d'être dérangé. C'était dans ma chambre de Rouen. Quand je vais avoir fini cette lettre, je vais m'y mettre et la prochaine fois je t'enverrai mes observations. G. Flaubert, Correspondance,1846, p. 348.
Rem. 1. Comme le fut. simple, ce fut. périphrastique peut exprimer un ordre (particulièrement énergique à cause de l'imminence de la réalisation) :
53. ... vous allez me parler raisonnablement, ou, morbleu! Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 309.
Rem. 2. Aller pour + inf. s'emploie pour marquer une action qu'on se dispose à faire dans l'immédiat mais qui n'est pas sûre d'aboutir. Elle va pour sortir (P. Valéry, Mon Faust, 1945, III, 7).
b) [À l'imp.; le plus souvent pour signifier l'action imminente manquée, ou empêchée par la survenance d'une autre] Il allait sortir quand (tout à coup)... :
54. Cécile était seule, dans le salon de musique. Elle se tenait assise, tête basse, devant un grand clavecin et tournait le dos à la porte. − Je te dérange, murmura Laurent. Peut-être allais-tu jouer? Peut-être viens-tu de jouer? G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 249.
c) [À l'imp., précédé de si cond.-interr. (pour marquer une action imminente redoutée)] :
55. ... pour remonter sans chandelle, si j'allais me tromper de porte? H. Pourrat, Gaspard des montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 240.
Rem. 1. Ces emplois sont en principe différents des emplois signalés supra I A 3; cf. cependant des cas limites signalés en I A 3 rem. 2. Dans le syntagme aller chercher qqn ou qqc. « se rendre dans un endroit pour en ramener quelqu'un ou en rapporter quelque chose », aller joue le rôle d'un réducteur sém. qui fait perdre à chercher son sens ordinaire.
2. [Aller suivi de la forme inv. en -ant, d'un verbe indiquant une idée de développement ou de progression (positive ou négative)]
a) Littér. [La forme en -ant n'est pas précédée de la prép. en] Aller croissant :
56. ... comme ce ciel qui te paraissait d'en bas obscurci par les nuées, toujours ton Dieu gardait dans l'ombre la plus grande partie de lui-même; car, pour l'accorder à ta tendresse, tu le décorais de tant de vertus que tu allais ramenant l'infini aux proportions de ta nature, tandis que ton âme, s'embourbant à part dans les préoccupations du salut, perdait de plus en plus le fil mince qui la rattachait à l'idée; ... G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1849, p. 413.
b) Usuel. [La forme en -ant est précédée de en; le suj. est gén. un inanimé] Aller en s'accroissant, en diminuant, en augmentant, en (s') élargissant, en (s') affaiblissant, en grandissant :
57. Chacun désirait le retour du duc de Bourgogne; mais il ne voulait revenir que lorsque le roi aurait recouvré quelque santé. Les souffrances de ce malheureux prince allaient toujours s'aggravant. Les bons intervalles devenaient chaque année plus rares et plus courts... P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-1824, p. 276.
58. Les paysans connaissaient Manuel depuis la propagande de Ramos dans la Sierra. Ils éprouvaient pour lui une sympathie prudente, qui allait s'accentuant au fur et à mesure qu'il était plus mal rasé et que ce visage de Romain un peu alourdi, aux yeux vert clair sous des sourcils très noirs, devenait une tête de matelot méditerranéen. A. Malraux, L'Espoir,1937, p. 481.
III.− S'en aller.[Une limite initiale de l'action est envisagée; le terme du mouvement est parfois implicite] Partir du lieu où se trouve le sujet en question (pour se rendre dans un autre lieu).
A.− [Le suj. désigne une pers. ou un moy. de locomotion]
1. [Avec indication du point de départ] S'en aller de :
59. Ce cher frère me donne bien des sollicitudes, mais aussi beaucoup d'affection de son côté, ce qui paye au centuple. Il me veut à son mariage; je veux y être et je ne puis partir, m'en aller d'ici, laisser ma sœur, mon père pour longtemps. Cela attriste, attriste et me fait dire non. On convient qu'il faut que j'y aille, mais je ne sais qui pourra m'arracher d'ici. E. de Guérin, Lettres,1838, p. 181.
2. [Sans indication du point de départ] :
60. Dans les larges bassins, fermés par une clôture de planches les bateaux attendaient le moment où ils s'en iraient, le long des chemins de halage, au frémissement des sonnailles suspendues au cou des chevaux. É. Moselly, Terres lorraines,1907, p. 48.
3. [Suivi d'un inf. marquant le but] :
61. Les bains nocturnes sont en honneur à Tahiti; au clair de lune des bandes de jeunes filles s'en vont dans les bois se plonger dans des bassins naturels d'une délicieuse fraîcheur. P. Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 45.
Fam. [Suivi d'un inf. pour exprimer un fut. proche] :
62. Je m'en vais te faire une confidence ... G. Flaubert, Correspondance,1850, p. 202.
Rem. Ce dernier emploi se distingue de la constr. aller + inf. (cf. supra II C 1) en ce qu'il est plus fam., se limite à la 1repers. du sing., et souligne la continuité entre le moment actuel et le moment futur.
4. [Suivi d'un verbe à la forme en -ant pour souligner l'aspect duratif du procès exprimé par ce verbe] :
63. ... − Quand il [l'artiste] s'en va cherchant Ces pensers de hasard que l'on trouve en marchant, ... Il retrouve, attristé, le regret morne et froid Du passé disparu, du passé quel qu'il soit. V. Hugo, Les Feuilles d'automne,1831, p. 790.
Par euphémisme. Quitter ce monde, mourir :
64. La pauvre Marthe Roux est morte dimanche dernier, voici quatre jours. Un peu avant de s'en aller, n'ayant plus sa tête, elle disait : « Comme c'est joli, ces enfants qui jouent là-bas! » Que voyait-elle? J. Green, Journal,1944, p. 106.
Fam. S'en aller de la poitrine. Être mortellement malade de la poitrine.
B.− [Le suj. désigne une chose] Disparaître progressivement, décliner (en parlant du jour); s'écouler (en parlant du temps); s'échapper (en parlant d'un liquide en ébullition), etc. :
65. Ne survit-il pas, dans notre siècle d'impiété, assez de catholicisme pour qu'une âme d'enfant s'imprègne d'amour mystique avec une inoubliable intensité? La foi s'en ira, mais le mysticisme, même expulsé de l'intelligence, demeurera dans la sensation. P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,1883, p. 6.
66. Du jour qui s'en allait, à peine s'il restait un incertain reflet, là-bas vers le couchant, avec un nuage tout noir d'un côté, qui se dédorait et qui s'écaillait, − et c'était tout à fait la nuit. Ch.-F. Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 230.
[Avec un compl. de manière ou de résultat] S'en aller à feu et à sang; s'en aller en ruine.
Au fig. [En parlant d'un projet] S'en aller en fumée.
Rem. 1. Aux temps composés, en précède normalement l'auxil. : je m'en suis allé; je me suis en allé est familier. 2. Pour l'emploi littér. il s'en fut, au lieu de il s'en alla, cf. être.
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ale], (je) vais [vε]. Enq. : /ve1(D)/, zéro (prés. 1); /va/, zéro (prés. 2, 3, impér. 2); /võ/, zéro (prés. 6); /aj/, zéro (subj. 1, 2, 3, 6); /al/, /õ, e1, e1(D); iõ, ie1/; /i/, /ʀe1, ʀa, ʀõ, ʀe1(D), ʀiõ, ʀie1/; inf. /ale1/; part. /alã, ale1/. 2. Homon. : haler (terme de mar.). 3. Forme graph. − Je vais, nous allons; j'allais; j'allai; je suis allé; j'irai; j'irais; que j'aille, que nous allions; que j'allasse; va, allons; allant; allé. − Rem. a) L'impér. va prend un s euphonique lorsqu'il est suivi de y : vas-y; mais il s'écrit sans s, lorsque y est suivi d'un inf. : ,,va y chercher mes papiers`` (cf. Ortho-vert 1966). Dans le parler fam. : vas-y voir, sans doute anal. de allez-y voir. b) On écrit va-t'en, t étant suivi d'une apostrophe, mais allez-vous-en, avec un trait d'union. 4. Hist. − a) Fér. 1768 et Ac. 1798 : je vais ou je vas; Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,Ménage décide nettement qu'il faut dire je vais, et non pas je vas, et moins encore, je va comme M. de Vaugelas soutenait que toute la cour disait``; Ac. 1835 : ,,L'expression je vas ne s'emploie que rarement et dans le langage familier.`` Littré cite encore les formes je vais ou je vas avec la rem. : ,,Celui-ci est beaucoup moins usité que je vais.`` b) Ac. 1798 : j'allois, j'irois; Ac. abr. 1832 : j'allais, j'irais.
Étymol. ET HIST. − a) Fin xies. « se diriger vers un but » (Alexis, st. 65eds Gdf. Compl. : il vat avant la maisun aprester); b) ca 1100 (Rol., 3723, ibid. : Alde la bele est a sa fin alee); c) av. 1188 pronom. « partir » (Parton., B.N. 19152, fo152 d, ibid. : Atant li dit : Vos en iroiz). Paradigme composite, dér. de 3 verbes lat. : ambulare propr. « se promener », ire « aller, marcher », vadere « id. ». Le lat. ambulare dont le sens était devenu « aller » dès l'époque class. dans la lang. milit., puis fam., s'est réduit, moins vraisemblablement en passant par une forme *ambitare à *aner puis à aler par dissimilation dans l'expr. « nos nos en *anons », devenue « nos nos en alons » (voir Dauzat 1968), plus prob. par l'intermédiaire d'une forme expr. de commandement militaire où ambulate « en avant, marche! » se serait contracté en a al(l)ate (voir Bl.-W.5et EWFS2). La forme alare est plusieurs fois attestée dans les Gloses de Reichenau au viiies. dans le sens d'aller. La lang. a empr. certaines formes à ire (fut. et condit.) et à vadere (1re, 2e, 3eet 6epers. de l'ind. prés.), réalisant ainsi une conjug. à rad. variable (EWFS2; FEW t. 1, s.v. ambulare, t. 4, s.v. ire, t. 14, s.v. vadere).