| ALERTE1, adj. A.− Vieilli, très rare 1. ,,Qui est vigilant, et qui se tient sur ses gardes`` (Ac. 1835). ,,On ne le surprendra pas aisément, il est toujours alerte.`` (Ac. 1835) : 1. ... point de procès, dites-vous; détrompez-vous. Vous aurez procès, et si vous n'êtes pas très alerte et très adroit (qualités que vous avez, vous, mais qui manquent aux Belges, témoin Tarride), vous aurez saisie de l'édition peut-être entière.
V. Hugo, Correspondance,1853, p. 154. Rem. Également attesté ds Besch. 1845, Littré, Ac. 1878, DG, Ac. t. 1 1932, Rob. et Quillet 1965. 2. ,,(...) Habile à voir et prompt à saisir ce qui peut lui être utile, avantageux`` (Ac. 1835). ,,Un homme plus alerte que lui avait obtenu la place. Il est alerte à saisir les occasions de gagner de l'argent. Il est fort alerte pour tout ce qui convient à ses intérêts.`` (Ac. 1835). Rem. Attesté d'autre part ds Besch. 1845 (,,se prend un peu en mauvaise part``), Ac. 1878 et Quillet 1965. B.− Cour. Éveillé, vif, agile. 1. [En parlant d'une pers., de ses manifestations physiques] :
2. Teresa était, au contraire, vive, alerte et gaie, mais coquette à l'excès; ...
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 435. 2. P. anal. [En parlant de son esprit, de ses manifestations ou de ses produits] :
3. Dire que j'ai trouvé, pour mener à bien le sort de cette pièce, un appui auquel on peut se fier toujours, un dévouement patient et infatigable, une aide fraternelle et le secours d'une pensée vive, alerte, ingénieuse, féconde, toujours en éveil, n'est-ce pas dénoncer déjà mon cher ami Régnier, dont ce qu'on nomme désintéressement est la nature même?
T. de Banville, Gringoire,préf., 1866, p. III. 4. Ce qui ébaudit et déconcerte, c'est cette furieuse touffeur de femme tiède et d'essences débouchées qui jaillit de ces aquarelles si alertes et si libres; tout cela bouge et fume, l'on entend les propos qui s'échangent, le craquement étouffé des bottes sur les tapis, l'on reconnaît ces gens pour les avoir vus, partout où la gomme s'assemble, et ils sont saisis avec une telle justesse de posture qu'on n'imagine pas qu'ils puissent se tenir autrement au moment où l'artiste nous les présente.
J.-K. Huysmans, L'Art moderne,1883, p. 271. 5. Il a publié il y a deux ans − il est d'ailleurs beaucoup plus âgé que vous, naturellement, − un ouvrage relatif au sentiment de l'infini sur la rive occidentale du lac Victoria-Nyanza et cette année un opuscule moins important, mais conduit d'une plume alerte, parfois même acérée, sur le fusil à répétition dans l'armée bulgare, qui l'ont mis tout à fait hors de pair.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 453. Étymol. ET HIST. − a) xvies. alerte « vigilant, qui se tient sur ses gardes » (Arion, Nouvelle Fabrique, 113 ds Quem. t. 1 1959 : Un laquais... viste, subit, accort, esmeu, alerte, esveillé, fretillant et le mieux allant du pied que feust d'icy illec); b) p. ext. 1688-96 « prompt à agir » (La Bruyère, Grands, 13 : Quand je vois ... auprès des grands ... de ces hommes alertes, empressés).
Dér. de la loc. adv. fr. à l'herte, alerte2* étymol. 2. L'emploi adj. du mot n'est pas attesté en ital. BBG. − Bar. 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Lacr. 1963. − Laf. Suppl. 1878. − Lav. Diffic. 1846. − Noter-Léc. 1912. − Ritter (E.). Les Quatre dictionnaires français. Remarques lexicographiques. B. de L'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 344. − Sar. 1920, p. 38. |