| AIGÛMENT, adv. Peu us. De manière aiguë. 1. Au sens physique : 1. L'humble et doux grillon chante aigûment dans la cendre;
Son cri plaintif contient l'immense été : les routes
Et la plaine où les blés pacifiques déroulent
Leurs flots lourds jusqu'aux monts où les soleils descendent.
Ch. Guérin, Le Cœur solitaire,Mélancolies à Viollis, 1904, p. 87. 2. À la galerie centrale elle revient et écoute. Il approche. La cloison de terre vibre; quelque chose a crissé aigûment. Une pierre barre son chemin. S'il s'était brisé les griffes!
L. Pergaud, De Goupil à Margot,1910, p. 84. 2. Au fig. : 3. Tout cela André, c'est de l'inconscience, c'est le malheur de ne pas comprendre assez aigûment ou plutôt de ne pas sentir ce que l'on comprend − presque.
P. Valéry, A. Gide, Correspondance,lettre de P.V. à A. G., avr. 1892, p. 159. Prononc. − Seules transcriptions ds Besch. 1845 : é-gu-man, et ds Littré : è-gu-man. Étymol. ET HIST. − 1268 « avec acuité (en parlant d'une faculté de percevoir) » (Brun. Lat., Tres., p. 234, Chabaille ds Gdf., s.v. aguement : Quant li cerf tiennent les oreilles enclines, il n'oent goute; mais quant il les drecent amont il oent molt aguement), d'où emploi fig. : 1544 « habilement, spirituellement » (M. Sceve, Delie, 24 ds Hug. : Mais moy conduict dessoubs la sauvegarde De ceste tienne et unique lumiere, Qui m'offusca ma lyesse premiere Par tes doulx rayz aiguement suyviz); noté ds Trév. 1752, 1771, ds Boiste 1834, Land. 1808 et Besch. 1845 comme inusité; qualifié de vx lang. ds Ac. Compl. 1842, et de peu us. ds Quillet 1965.
Dér. de aigu*; suff. -ment2*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 3. BBG. − Bél. 1957. − Boiss.8. |