| AGORAPHOBIE, subst. fém. ,,Espèce de névrose qui provoque une crainte de se trouver dans des lieux publics et particulièrement de traverser de grands espaces où l'on peut être regardé. L'agoraphobie est, du même coup, une peur de la foule...`` (Birou 1966). − P. ext. Angoisse en présence de tout espace : 1. Tel jeune peintre, élevé par une sainte cousine protestante entrera la tête oblique et chevrotante, les yeux au ciel, les mains cramponnées à un manchon invisible, dont la forme évoquée et la présence réelle et tutélaire aideront l'artiste intimidé à franchir sans agoraphobie l'espace creusé d'abîmes qui va de l'antichambre au petit salon.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Sodome et Gomorrhe, 1922, p. 907. 2. ... l'espace est liberté, ou promesse de liberté. C'est ce qu'indiquent ces agoraphobies (peurs de l'espace vide), réactions inconscientes, inhibées par l'angoisse, de la tendance à l'émancipation; ...
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 300. 3. Je lis et je relis alors la page de Henri Michaux en l'acceptant comme une phobie de l'espace intérieur, comme si des lointains hostiles étaient déjà oppressants dans la toute petite cellule qu'est un espace intime. Avec son poème, Henri Michaux a juxtaposé en nous la claustrophobie et l'agoraphobie.
G. Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 198. Prononc. : [agɔ
ʀafɔbi]. Étymol. ET HIST. − 1865 méd. (Littré-Robin : Agoraphobie [...] Forme d'aliénation consistant en accès d'angoisses, avec palpitations et craintes de toutes sortes, sans aucun motif).
Dér. de agora*; élément suff. -phobie*. (Quem. t. 1 1959 et Dauzat 1968 attribuent à tort semble-t-il la création du terme en 1871 à l'all. C.F.O. Westphal dans un art. résumé en fr. en 1873 ds Annales médico-psychol. 5es., t. 9, p. 345). STAT. − Fréq. abs. litt. : 11. BBG. − Bél. 1957. − Birou 1966. − Foulq.-St-Jean 1962. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Lafon 1963. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Moor 1966. − Mucch. Psychol. 1969. − Piéron 1963. − Porot 1960. − Psychol. 1969. − Sill. 1965. |