| AFFÉTÉ, ÉE, adj. Peu us., péj. [En parlant d'une pers. ou de son air, de sa mise, de ses gestes, de son lang., etc.] Qui est plein d'afféterie : 1. Bien des fois, (...), je me rendais aux théâtres, (...). Mais je ne vis que mines affétées et fardées, et qu'effronterie de courtisane sous des grimaces d'innocente.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 443. 2. ... elle sonna. Un petit homme parut, s'effaça, lui demanda de ses nouvelles, d'une voix affétée et chantante. Elle passa, en le saluant, et Durtal frôla une face faisandée, des yeux liquides et en gomme, des joues plâtrées de fard, des lèvres peintes et il pensa qu'il était tombé dans un repaire de sodomites.
J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, pp. 155-156. Rem. Empl. en parlant d'un homme, affété peut devenir synon. de efféminé. − B.-A. Dont l'élégance manque de naturel : 3. Je ne comprends pas bien les enthousiasmes pour la chapelle des Espagnols. Tout y est curieux, rien n'y est admirable. La difficulté n'y a été vaincue qu'en y sacrifiant la beauté.
Fresques affétées, et déjà en pleine fioriture, mais de grâce exquise, à la chapelle de droite du chœur. (...); à droite, un dragon exorcisé; à gauche, une résurrection (histoire de saint Jean l'Évangéliste).
A. Gide, Journal,1895-1896, pp. 60-61. − Régional : 4. Goule affétée, palais usé, difficile, qui ne trouve aucun mets de son goût.
H. Coulabin, Dict. des locutions populaires du bon pays de Rennes en Bretagne,1891. Prononc. − 1. Forme phon. : [afete]. 2. Dér. et composés : affété, afféterie, affet(t)uoso. Étymol. ET HIST. − 1. Début xvies. « joli, gracieux » (Sotties, III, 143 ds Hug. : Jamais tu n'y avras que bien. La femme dira « Mon fallot, Mon affetté, mon dorelot, Mon petit cueur, mon petit foye »). − 1611, Cotgr.; 2. 1559 « (d'un inanimé) affecté, recherché » (Amyot, Périclès, 5, ibid. : Pericles... prit... une grandeur et hautesse de courage, et une dignité de langage, où il n'y avoit rien d'affetté, de bas, ny de populaire).
Réfection de l'anc. part. passé de affaiter* (déjà au sens de « habile, avisé » dep. 2emoitié xiies., B. de Ste Maure ds T.-L., sens encore attesté ds Cotgr. 1611 sous la forme affeté) peut-être sous l'influence de l'ital. affettato attesté au sens de « recherché » dès le xves. (Leonardo, I, 262 ds Batt. t. 1 1961). STAT. − Fréq. abs. litt. : 6. BBG. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Fér. 1768. − Lav. Diffic. 1846. |