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AFFOLEMENT, subst. masc.
I.− [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.]
A.− Action d'affoler ou de s'affoler; état résultant de cette action (cf. affoler1I A) :
1. C'était fatal, les temps prédits arrivaient, la hausse exagérée sur les tableaux aboutissait à une catastrophe. Depuis que la panique s'était mise chez les amateurs, pris de l'affolement des gens de bourse, sous le vent de la baisse, les prix s'effondraient de jour en jour, on ne vendait plus rien. É. Zola, L'Œuvre,1886, p. 359.
2. ... la salle entière s'agenouilla et pria pour l'assassin. Quand les oraisons se turent, il y eut un instant d'affolement et de trouble. Exténuée d'horreur, excédée de pitié, la foule houlait; le tribunal, silencieux et énervé, se reconquit. D'un geste, le promoteur arrêta les discussions, balaya les larmes. J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, pp. 141-142.
3. La ruche s'emplit à nouveau d'un affolement tumultueux : pronostics passionnés, commentaires des discours, aigres discussions dans les groupes. E.-M. de Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 198.
B.− Extrême agitation qui fait perdre la maîtrise de soi dans l'action (cf. affoler1I A 3) :
4. Malgré la série des nouvelles fâcheuses parvenues, depuis le 20 août notamment, au siège du commandement en chef, on n'y sentait nulle trace d'agitation, de désarroi, encore moins d'affolement. L'ordre, le sang-froid, la décision y régnaient d'une façon absolue. F. Foch, Mémoires,t. 1, 1929, p. 81.
5. Cette alternative la jetait dans une sorte de démence. Elle avait vécu plusieurs jours absolument égarée. La vie de famille, ses sœurs, l'église, les regards de sa mère quand elle avait dû quitter brusquement la table, tout concourait à son affolement. Mais au milieu de ses peurs, de la terreur d'une honte rendue publique, des restes mal digérés d'une religion dans laquelle toute sa vie était baignée, une pensée dominante l'étreignait, celle de cette facilité à laquelle elle ne pourrait se soustraire, de l'étrange pouvoir que tous les hommes, presque tous les hommes, avaient sur elle. L. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, pp. 301-302.
6. Sur son visage ruiné se lisaient tour à tour la lassitude, la douleur, la crainte, l'affolement, le soulagement, l'espérance, et de nouveau, l'épouvante. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 291.
7. Nous n'avions, contre l'irruption mécanique allemande, aucune protection naturelle. Il ne nous manquait, de la part de l'ennemi, aucune de ces assurances, promesses et propositions, ni, chez nous, aucune de ces doctrines de renoncement, qui eussent pu nous engager au repliement et à la neutralité. Pourtant, nous n'avons pas attendu d'être attaqués et envahis pour prendre délibérément le plus grand risque de notre histoire. Nous l'avons fait sans passion de conquêtes, sans fureur de revanche, sans affolement de vanité. Ch. de Gaulle, Mémoires de guerre,Le Salut, 1959, p. 499.
À l'affolement. Dans un état d'agitation :
8. [Imagine que dûment rossé, il meure?] Je vais pas perdre mon temps à le débiter en quartiers, tout de suite, comme ça, à l'affolement! je le cloque au frigo, et on a le temps de réfléchir. A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 149.
C.− Agitation nerveuse :
9. Quel drame! appels, exclamations entre-croisés, affolement de talons par les escaliers. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 10.
II.− Emplois spéc.
A.− Arg. et région.
1. Arg. Hâte, précipitation (cf. affoler1II A) :
10. Affolement, très employé dans l'expression toucher l'affolement, Se hâter. « On a touché un de ces affolements! » R. Mulot, Notes manuscrites sur l'argot de Saint-Cyr en 1903-1905,rédigées en 1918-1919.
2. Région. Passion amoureuse (cf. affoler1I A 2) :
11. Il lui reprochait vivement de ne pas répondre à l'affolement qu'il se sentait pour elle. L. Vincent, La Langue et le style rustiques de George Sand dans les« Romans champêtres », La Petite Fadette, 1916, p. 191.
Aimer à l'affolement (cf. aimer à la folie) :
12. Trois semaines de fiançailles, la présence fréquente de ce Renaud que j'aime à l'affolement... Colette, Claudine en ménage,1902, p. 9.
B.− Emplois techn.
1. PHYS. État d'une aiguille aimantée qui est affolée (cf. affoler1II C et affolé II B 1).
Au fig. :
13. ... je revins vers la maison, bousculé, meurtri, sentant que je ne pourrais retrouver la respiration qu'en rebroussant chemin, qu'en retournant sous un prétexte quelconque auprès de Gilberte. Mais elle se serait dit : « Encore lui! décidément je peux tout me permettre, il reviendra chaque fois, d'autant plus docile qu'il m'aura quittée plus malheureux. » Puis j'étais irrésistiblement ramené vers elle par ma pensée, et ces orientations alternatives, cet affolement de la boussole intérieure persistèrent quand je fus rentré, et se traduisirent par les brouillons des lettres contradictoires que j'écrivis à Gilberte. M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 585.
2. TECHNOL. (cf. affoler1II D)
a) Affolement de l'hélice. ,,Augmentation soudaine et brutale du nombre de tours de l'hélice, quand celle-ci émerge dans les grands coups de tangage.`` (Lar. encyclop.) (cf. affoler1II D 2).
b) Affolement de soupapes. ,,Phénomène perturbateur qui se produit dans les moteurs à combustion interne lorsque, la vitesse de rotation dépassant une certaine valeur, les galets de commande des soupapes décollent de leurs cames en entraînant un déréglage complet de la distribution.`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [afɔlmɑ ̃]. Enq. : /afolmã/. 2. Forme graph. − ,,Affolement, affoler, folâtre et ses dérivés, folie, raffoler de la famille de fou ne prennent qu'un l; follement follet (feu) de la même famille en prennent deux`` (Ortho-vert 1966, p. 60).
Étymol. ET HIST. I.− Ca 1190 « blessure » (Renart, éd. Méon, 14908 [branche VIII] ds T.-L. : Dieu prie... Que il le gart d'afolement). − 1611, Cotgr. II.− 1217 « état d'une personne affolée » (G. de Coincy, Vie Ste Christ., ds Gdf. Compl. : trestous ceux qui la croient sont pres d'afolement). I dér. de affoler* étymol. I; II dér. de affoler* étymol II; suff. -ment1*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 140.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Chesn. 1857. − Hanse 1949. − Lew. 1960, p. 70, 123. − Soé-Dup. 1906.