| ADAMIQUE, adj. A.− D'Adam, qui a rapport à Adam, relatif à Adam. 1. [À Adam, comme repère chronol.] − Époque, période adamique. Époque primitive : 1. Moïse regarde (...) la période adamique, c'est-à-dire la période de 2 000 ans, comme accomplie en douze générations ou phases.
P. Leroux, De l'Humanité,t. 2, 1840, p. 601. − Humanité, race adamique. Race humaine primitive : 2. Adamique. Se dit d'une race d'hommes primitive supposée originaire d'Abyssinie (Bory de Saint-Vincent).
Littré-Robin1865. − Éphod adamique. Remontant à la plus haute antiquité (hébraïque) : 3. La petite troupe ainsi armée pénétra dans la chapelle, magnifiquement parée et illuminée. Le prophète avait revêtu la robe blanche, l'éphod adamique et le diadème rouge; ...
M. Barrès, La Colline inspirée,1913, p. 194. Rem. L'éphod est un survêtement liturgique du grand-prêtre juif. 2. [À Adam, comme symbole d'un type d'humanité, d'un mode de vie, etc.] :
4. Restaient les deux autres enfants, Serge Mouret, Désirée Mouret, celle-ci innocente et saine comme une jeune bête heureuse, celui-là affiné et mystique, glissé à la prêtrise par un accident nerveux de sa race, et il recommençait l'aventure adamique, dans le Paradou légendaire, il renaissait pour aimer Albine, la posséder et la perdre, au sein de la grande nature complice, repris ensuite par l'Église, l'éternelle guerre à la vie, luttant pour la mort de son sexe, jetant sur le corps d'Albine morte la poignée de terre de l'officiant, à l'heure même où Désirée, la fraternelle amie des animaux, exultait de joie, parmi la fécondité chaude de sa basse-cour.
É. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 111. − Fam., néol. d'aut. En costume adamique. Complètement nu (cf. l'expr. usuelle en costume d'Adam) : 5. ... dans la baie d'une fenêtre à guillotine [Mariage à la mode V], s'enchâsse avec un raccourci lugubrement grotesque, la fuite du conseiller Silver-Tongue en costume adamique.
T. Gautier, Guide de l'amateur au Musée du Louvre,1872, p. 341. Rem. L'expr. repose sur le récit de la Genèse, II, 25 : ,,Or tous deux [Adam et Ève] étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'en avaient point honte`` et III, 7-21 : ,,où la nudité devient un sujet de honte après le premier péché``. − P. ext. Pur, innocent comme Adam avant le péché : 6. Expression d'un ravissement presque adamique à propos d'un bonheur modeste... (Paul Verlaine. Les Hommes d'aujourd'hui. no246).
Plowert1888. B.− GÉOL. Terre adamique. ,,Sorte de limon salé et gluant que l'on remarque au fond de la mer, après le reflux des eaux.`` (Besch. 1845) : 7. Adamique (Terre). Vase mucilagineuse, salée et gluante laissée par la mer lors du reflux, sorte de limon riche en cadavres de toutes sortes et s'améliorant par l'effet de l'air.
Plais.-Caill.1958, p. 7. Rem. Sans doute allusion à la Genèse, II, 7, où l'homme est dit formé du limon de la terre (Vulgate : Formavit igitur Dominus Deus hominem de limo terrae); en hébr. adamah « sol », adam « homme ». Le rapport avec le fond de la mer reste obscur. Le verset 6 du chap. ii de la Genèse dit : ,,un flot montait de la terre et arrosait toute la surface de la terre``. C'est donc d'une terre humide que Dieu créa l'homme; de là peut-être l'emploi en géol. L'expr. terre adamique signifierait donc « terre humide, riche, comme celle dont a été formé Adam, le premier homme ». Prononc. : [adamik]. Étymol. ET HIST.
I.− 1654 « qui remonte à Adam » (D'Aubry, Triomphe de l'Archée, 15 ds Quem. : médecine adamique, qui se fait par mystères naturels et par attouchements, sans aucune préparation); 1788 (Mercier, Tableaux de Paris, 11, 42, ibid. : tant de nobles mâles et femelles qui ont des prétentions à la noblesse adamique); 1840 (P. Leroux, De l'humanité, 601 : période adamique); 1845 (Besch. : Adamique adj. des 2 g. Se dit d'une race humaine primitive qu'on suppose originaire du pays où fut le berceau d'Adam).
II.− 1700 géogr. (Mémoire de l'Ac., p. 29 ds Encyclop., t. 1, 1751, s.v. : ... l'air contribue encore de quelque chose à l'augmentation du limon dont il s'agit; car on observe que la terre adamique se trouve en plus grande quantité dans les vaisseaux que l'on a couverts simplement d'un linge, que dans ceux qui ont été scellés hermétiquement).
Dér. de Adam*; suff. -ique*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 8. BBG. − Bél. 1957. − Littré-Robin 1865. − Plais.-Caill. 1958. − Rheims 1969. |