| ACRIMONIEUX, EUSE, adj. Qui a de l'acrimonie. A.− MÉD., lang cour., vieilli. [En parlant d'une substance ou de son action] :
1. D'après toutes ces circonstances, il me paraît démontré que les maladies cutanées qui affectent aussi généralement les peuples qui habitent les environs de l'équateur, sont l'effet d'une altération acrimonieuse dans les humeurs, déterminée par les grandes chaleurs de ces climats.
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 4, 1797, pp. 50-51. 2. Quand la pulpe est plus ou moins ferme qu'elle ne doit l'être; quand elle est plus ou moins colorée; quand ses vaisseaux se trouvent dans un état d'affaissement, ou d'excessive dilatation; quand les fluides qu'ils contiennent ont trop de consistance ou de ténuité, sont inertes ou acrimonieux, les fonctions sensitives ne s'exercent plus suivant l'ordre établi.
P. Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 159. B.− Au fig. [En parlant d'une pers., de son caractère, de ses attitudes, et notamment de ses paroles] :
3. Le comte fut charmant; soit qu'il s'observât, soit que l'occasion n'éveillât point chez lui les fibres acrimonieuses que certaines circonstances avaient déjà fait résonner deux ou trois fois dans ses amères paroles, il fut à peu près comme tout le monde. Cet homme était pour Franz une véritable énigme.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 525. 4. Conrad, lui, était transfiguré. Ce n'était plus cet homme soupçonneux, susceptible, réservé, cassant, que, d'abord, elle avait connu; ce n'était pas davantage cet amant triste et acrimonieux qu'elle avait eu le temps d'entrevoir.
J.-A. de Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 228. 5. Il se répandit en de si acrimonieuses paroles à mon endroit, que son entourage fidèle me conseilla de le laisser à sa mauvaise humeur.
J.-E. Blanche, Mes modèles,1928, p. 243. 6. Survenant après l'exténuante perfection du morceau précédent, il témoignait d'une certaine ironie chez l'organiste.
Cependant je regardais sortir ces officiers, ces épiciers, ces marguilliers, ces maris soumis, ces jeunes fruits de patronage, et ces femmes sèches ou grasses, altières, sûres de soi, tyrans acrimonieux de leurs maisons, tyrans doucereux de la maison de Dieu. Je cherchais, dans ce peuple morne, endimanché, de la grand'messe de province, l'éclair d'une personnalité, d'une nature, d'une passion, d'une foi.
J.-R. Bloch, Destin du siècle,1931, p. 39. Prononc. : [akʀimɔnjø], fém. [-ø:z]. Étymol. ET HIST. − 1605 adj., méd. « aigre, âcre (en parlant du sang) », (Le Loyer, Hist. des Spectres, II, 2, éd. N. Buon, ds Hug. : C'est un vinaigre procedant d'un bon vin, un sang acrimonieux d'un sang chaud).
Dér. de acrimonie* 1; suff. -eux*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 12. BBG. − Bailly (R.) 1969. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Laf. 1878. − Nysten 1814-20. |