| ACHAT, subst. masc. I.− Action d'acheter. Anton. vente. A.− Emploi abs. : 1. Dès-lors qu'une lettre de change ou un billet, en vertu de leur valeur future, ont une valeur actuelle, ils peuvent être employés en guise de monnaie dans toute espèce d'achats, aussi la plupart des grandes transactions du commerce se règlent-elles avec des lettres de change.
J.-B. Say, Traité d'économie politique,1832, pp. 299-300. 2. ... la ruche bourdonnait de plus belle, chacun allant, venant, causant, remuant, continuant les marchés, les intrigues, les achats et les ventes que, comme on l'a vu, la marche même n'interrompait pas; ...
J.-A. de Gobineau, Nouvelles asiatiques,1876, p. 328. 3. Ce n'est ni par un achat, ni par une donation, ni par un héritage, ni par le gain du commerce que les salariés recueillent les ressources versées pour eux à la caisse. C'est leur qualité de travailleurs, c'est leur seul titre d'hommes qui est reconnu par la société comme générateur du droit à la retraite; c'est en vertu d'un droit humain, d'un droit social, commun à tout homme en tant qu'homme,...
J. Jaurès, Études socialistes,1901, p. 183. 4. Lorsque je parlais au gouverneur Lamblin de la possibilité d'introduire des caisses d'épargne dans sa colonie : « c'est, me disait-il, ou ce serait, un des premiers et des plus importants progrès auxquels je songe; mais je crains que les indigènes ne soient pas encore mûrs pour m'aider à le réaliser. » Le mieux serait sans doute de leur permettre des achats, qui ne soient pas de simples dépenses.
A. Gide, Le Retour du Tchad,1928, p. 924. Rem. Achat s'oppose à donation, héritage, gain (ex. 3), don, prise (cf. M. Proust, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 758). − Proverbe. Achat passe louage. ,,Celui qui a acheté un héritage peut jouir, malgré le bail fait à un tiers et déposséder le locataire. Il signifie encore : il faut payer plus cher pour acheter une chose que pour la louer. On dit aussi dans la première signification : vente casse rente.`` (Ac. Compl. 1842). B.− Achat de 1. [Achat de choses vénales] (cf. acheter I A 1) : 5. ... j'observai, dans toutes les maisons où j'allois, que les principaux objets de la conversation étoient relatifs à l'achat et à la vente de terres, dont les quantités me parurent exagérées.
J. de Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York,t. 1, 1801, p. 177. 6. Je connais la maison, on l'a mise sens dessus dessous : il fallait lui faire sa toilette; deux journées de tapissiers, achats de tentures, location de meubles;...
H. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 187. 7. ... avec la blanchisseuse, le cordonnier, le tailleur, cela ne finit pas; il faut acheter, acheter! les trois quarts de l'indemnité qu'on nous donne y passent, et le reste, le père le dépense jusqu'au dernier liard en achats de livres, de gazettes, et en souscriptions pour les patriotes malheureux. Enfin tout marche, c'est le principal.
Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 1, 1870, p. 342. 8. ... l'achat des bijoux ne devait pas être considéré tant comme une dépense que comme « un placement » :...
A. Gide, L'École des femmes,1929, p. 1265. − Pour les groupes associatifs les plus fréq., cf. acheter. Achat se trouve fréquemment associé à vente (ex. 2, 5), ou à d'autres anton. tels que location (ex. 6), réquisition (cf. J. Joffre, Mémoires, t. 1, 1914, p. 225). Accusant forcément un caractère vénal, il entre en synon. avec paie (cf. Marat, Pamphlets, À Louis-Philippe d'Orléans, 1792, p. 315), paiement (cf. V. Hugo, Correspondance, 1818, p. 300), placement (ex. 8), etc. 2. [Achat de valeurs non vénales] (cf. acheter I B) : 9. Lui qui mangeait sa fortune dans sa charge, admettait pour les autres les pots de vin, les achats de conscience. Intègre avec son marchand de vin, sa marchande de journaux, son régisseur, il avait une double parole avec le président du Sénat, et avec Édouard VII.
J. Giraudoux, Bella,1926, p. 85. 3. Achat d'une conduite. Amendement de la conduite (morale), (cf. acheter II A) : 10. ... zéphirs venus aux zouaves par suite d'un changement de corps obtenu après l'achat d'une conduite, − ce qui signifie s'être amendé.
A. Camus, Les Bohèmes du drapeau,1863, p. 214. C.− ÉCON., FIN. ♦ Achat à terme. ,,Moyennant paiement qui ne s'effectuera que dans un temps déterminé.`` (Besch. 1845). Anton. achat ferme.,,Qui a lieu sur des effets publics dont la livraison doit s'effectuer fin du mois courant, ou fin du mois prochain.`` (Besch. 1845). 11. Enfin, tout cela n'était encore que les achats fermes, auxquels il fallait ajouter les achats à terme, opérés dans le courant de la dernière liquidation de janvier; plus de vingt mille actions pour une somme de soixante-sept millions et demi, dont l'universelle avait à prendre livraison;...
É. Zola, L'Argent,1891, p. 359. ♦ Achat à la baisse. ,,Celui qu'on opère lorsque survient une baisse, en prévision de laquelle on a vendu à un certain prix des effets publics que l'on rachète à un prix moindre.`` (Besch. 1845). ♦ Achat à la hausse. ,,Celui qui se fait lorsque des événements politiques ou des combinaisons financières font présumer une hausse qu'on attend pour revendre les effets publics qu'on a achetés.`` (Besch. 1845). ♦ Achat à prime. ,,Moyennant lequel l'acheteur paie au vendeur une certaine somme pour être libre, à l'époque convenue, de ratifier ou de rompre le marché.`` (Besch. 1845). ♦ Achat à tempérament. Moyennant un paiement échelonné et portant intérêt : 12. Il y avait les traites harcelantes des achats dits à tempérament : on payait ainsi les livres de père et même le linge et beaucoup d'autres choses.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 86. ♦ Achat à viager. Moyennant le versement d'une rente viagère : 13. Quant aux intérêts, ils passaient toujours, selon lui, à tenir l'engagement avec le père Saucisse, quinze sous chaque matin, pour l'achat à viager d'un arpent de terre. Il criait qu'on ne pouvait pas lâcher ce contrat, qu'il y avait trop d'argent engagé.
É. Zola, La Terre,1887, p. 429. ♦ Comptoir d'achat. ,,Organisme chargé, pour le compte de la métropole, de procéder sur place aux achats de matières ou de produits, d'en assurer l'emballage et l'expédition.`` (Lar. encyclop.). ♦ Bordereau d'achat. ,,Document par lequel l'agent de change ou une banque informe son client de l'exécution de son ordre d'achat, en mentionnant le cours du titre acheté, la date, le prix global de l'achat, le courtage prélevé, l'impôt frappant les opérations de Bourse et les frais accessoires.`` (Lar. encyclop.). ♦ Pouvoir d'achat. Quantité de biens et de services qu'il est possible de se procurer avec un nombre déterminé d'unités monétaires : 14. Quant au pouvoir d'achat des salaires, il a augmenté de plus de 10 % en un an.
Assemblée générale du patronat français, Combat,19-20 janv. 1952, p. 5, col. 1. II.− Le plus souvent au plur. Ce qu'on se propose d'acheter ou qu'on a acheté. Synon. emplettes.,,Je veux vous faire voir mon achat.`` (Ac. 1835) : 15. ... les marchands étaient obligés d'acheter des lingots d'or pour s'en aller faire leurs achats; ils en revendaient d'autant plus cher leurs marchandises.
P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 423. 16. Elle partait le matin, rentrait le soir, après avoir épuisé toute une liste de menus achats et de courses, qu'elle dressait pendant les trois mois.
É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 1023. 17. ... elle eut une petite somme et put s'acheter du linge, des vêtements. (...) « Vous avez bien les goûts de la campagne, » disait la patronne quand Renée déballait ses achats.
E. Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 107. − Livre d'achats. ,,Journal dans lequel les commerçants enregistrent les marchandises qu'ils achètent.`` (Besch. 1845). Prononc. : [aʃa]. Enq. /aʃa/. Étymol. ET HIST. − 1. 1164 « action d'acheter » (Gautier d'Arras, Eracle, 1306 ds Gdf. Compl. : Or pourons nous d'Eracle aprendre S'il fait de men cheval achat, Qu'en lui nen a point de barat); 1178 acat (Prarond, Hist. d'Abbeville, 28 ds Quem. t. 1 1959, p. 48 : Markiés d'akat ou de vente); Gdf. Compl. signale la confusion de achat et de acquêt dans la région du Nord-Est aux xiiies. et xives.; 2. 1606 « chose achetée » (Nicot 1606 : La chose mesme qui a esté achetée, Res empta, comme, veux-tu voir mon achet?); 3. 1690 terme jur. (Fur. : Contract ou traitté par lequel on achete).
Dér. de achater, anc. forme du verbe acheter*, au sens 2 « acquérir (un bien) contre paiement ». STAT. − Fréq. abs. litt. : 734. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 772, b) 865; xxes. : a) 1 413, b) 1 148. BBG. − Banque 1963. − Bar 1960. − Barr. 1967. − Bénac 1956. − Bible 1912. − Bonnaire 1835. − Cap. 1936. − Comm. t. 1 1837. − Éd. 1913. − Kold. 1902. − Kuhn 1931, p. 55. − Lacr. 1963. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956. − Soé-Dup. 1906. − Spr. 1967. − St-Edme t. 1 1824. − Suavet 1963. − Théol. cath. t. 1, 1 1909. |