| ACCORDER, verbe trans. I.− Emploi trans. [L'agent désigne toujours une pers.] Accorder quelqu'un ou quelque chose. A.− [Le compl. d'obj. désigne une ou plusieurs pers.] 1. Accorder (ensemble) des personnes. Établir une entente entre des personnes d'opinion divergente ou contraire, les mettre d'accord : 1. Vous, pontife du Dieu de l'air,
Obtenez-nous cela, mon père, je vous prie;
Parlez pour nous à Jupiter.
− Très volontiers, ma chère amie :
Mais je ne sais comment accorder mes enfants;
Tu me demandes du beau temps,
Et ta sœur a besoin de pluie.
J.-P.-C. de Florian, Fables,Le Prêtre de Jupiter, 1792, p. 176. 2. ... il n'en souffre pas encore; à ce déclin de la jeunesse et de l'amour, menacé de partout, dans son métier, dans son génie, peut-être dans son honneur et dans sa sécurité, il accepte tous les secours, d'où qu'ils viennent : Dieu et le monde, Louis XIV et le grand Arnauld, Montespan et Sainte-Thècle, il saura plus tard accorder dans son cœur ces puissances ennemies.
F. Mauriac.La Vie de Jean Racine,1928, p. 150. 3. Je vois l'Albin; l'ombre de sa montagne est sur lui. L'Albin, avec sa procession de joueurs d'harmonicas; chargé de son village qu'il porte comme un baluchon en le tenant par une poignée de son herbe grasse. Je vois l'Angèle; comme elle est! Et puis, je vois le petit. Il faut accorder tous ces gens-là ensemble. Je m'approche de maman Philomène avant la soupe et j'y dis : − maîtresse, voilà la foulaison finie et le tout engrangé prêt à vendre.
J. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 117. − Spéc., vx., MAR. ,,À l'impér. accorde! commandement fait aux rameurs [d'une chaloupe] pour qu'ils nagent « naviguent » ensemble.`` (Jal 1848). Rem. Littré indique un emploi substantivé : commander l'accorde (cf. inf. étymol.). 2. Accorder sa fille à quelqu'un. [L'agent désigne un père de famille] Promettre sa fille en mariage au demandeur (avec lequel le père se déclare tacitement ou explicitement d'accord) : 4. anatole. − Fausse nouvelle! Monsieur Péponet m'accorde toujours sa fille!
octave, entrant. − C'est donc vrai?
T. Barrière, E. Capendu, Les Faux bons hommes,1856, p. 83. 5. « Son ascendant était irrésistible, » dira Matthieu d'Édesse. Libéral avec cela et magnifique à la manière du grand Bohémond son père, ce prince charmant semblait destiné à faire le bonheur de la Syrie franque. Le Roi Baudouin II, qui était venu le recevoir, lui accorda en mariage sa deuxième fille, Alix.
R. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 132. ♦ Promettre la main de sa fille à quelqu'un. Même sens : 6. − Est-elle riche?
− Non; et même lorsque M. de Beaupréau a consenti à m'accorder sa main, c'était à la condition qu'elle se marierait sans dot, bien que la fortune vînt de sa mère, et que M. de Beaupréau ne fût point le père d'Hermine.
P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,L'Héritage mystérieux, 1859, p. 455. B.− [Le compl. d'obj. désigne un ou plusieurs inanimés] 1. Mettre en harmonie des choses éventuellement ou effectivement opposées. Trois constructions sont possibles : a) Accorder + obj. au plur., gén. abstr. 7. ... − flamand dans l'exécution individualiste et naturaliste dans le dessin, antique par ses sympathies et idéaliste par raison. Accorder tant de contraires n'est pas une mince besogne : aussi n'est-ce pas sans raison qu'il a choisi pour étaler les mystères religieux de son dessin un jour artificiel et qui sert à rendre sa pensée plus claire, − semblable à ce crépuscule où la nature mal éveillée nous apparaît blafarde et crue, où la campagne se révèle sous un aspect fantastique et saisissant.
Ch. Baudelaire, Salon de 1846,1846, p. 153. 8. Mais qui est-ce qui n'a pas raison? Les vérités se battent; il faut les accorder; c'est très difficile. On ne peut pas gouverner des vérités, il faut les comprendre. Concevez-vous un préfet qui aurait charge de toutes les vérités, et de les ajuster selon leurs exigences?
Alain, Propos,1930, p. 969. 9. De cette soirée effrayante, nous avons deux récits, l'un de Jean-Jacques, l'autre de Hume, et chacun a voulu que l'autre soit un menteur. Mais nous ne voyons pas pour nous que les deux récits soient si contradictoires, et il ne semble pas bien difficile de les accorder.
J. Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 192. b) Accorder qqc. et qqc. : 10. On a le dégoût de l'humanité, mais un dégoût profitable. On vomit son siècle, et on se fait bâtir un hôtel dont le décor est sobre, discret, distingué. C'est d'un comique définitif. Mais, dirait à peu près Barrès, s'il fallait accorder ses principes et sa vie, où irait-on! L'on n'en finirait plus.
J. Renard, Journal,1898, p. 509. c) Accorder qqc. avec qqc. : 11. Il ne dépendait pas de lui d'accorder le christianisme avec les doctrines de la démocratie. Les épreuves, le bienfait de la douleur, cela est à l'opposé des thèses de notre démocratie. Bourget me dit qu'il n'aime pas l'insistance, le chant du violon, la virtuosité, la complaisance du littérateur qui ajoute.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 9, 1 sept. 1911-1 janv. 1912, p. 221. 12. Chose digne de remarque, la plante humaine la mieux protégée et gardée, la moins durcie et épaissie par les actions, la moins livrée aux hasards de ce monde, est sans doute celle qui les exprime le mieux en leurs passages, en leurs nuances, en leurs ombres et lumières, comme l'aiguille de la boussole, si bien protégée et toujours tremblante. Et c'est si bien notre lot, d'accorder nos pensées avec l'intime battement de la vie, que nous ne nous lassons point de suivre ce double langage, essayant de faire marcher ensemble l'air et la chanson.
Alain, Propos,1928, p. 761. − Accorder qqc. à qqc. : 13. Je suis allé à lui et pour dire quelque chose, je lui ai demandé le chemin de La Chapelle. Puis je me suis fait connaître. Il m'a offert un verre de vin. Il est affreusement difficile de parler à un paysan sans l'inquiéter, d'accorder son langage au sien. Avec lui je m'en tire. Je n'ai pas accepté quand même son verre. Il n'a pas insisté.
Alain-Fournier, J. Rivière, Correspondance,lettre de A.-F. à J.-R., juill. 1911, p. 281. 14. Ces énergiques simplifications l'enchantaient. Perdre une occasion d'agrément afin d'accorder sa vie à ses principes lui semblait le fait d'une dangereuse malade. Soit, elle était incohérente, puisque l'objet et son contraire l'accueillaient tour à tour; mais l'élan de s'abandonner sans scrupules à l'un et à l'autre, parce qu'ils s'étaient assez justifiés en lui plaisant, cet élan-là restait toujours le même et faisait l'unité de ses états disparates.
H. de Montherlant, Le Songe,1922, p. 71. 15. Peut-être n'ai-je pu réprimer un mouvement de colère, de révolte contre cet inconnu qui venait tranquillement de disposer de moi comme de son bien. Peut-être étais-je trop absorbé par l'entreprise absurde d'accorder en quelques pauvres secondes mes pensées, mes projets, mes souvenirs même, ma vie entière, à la certitude nouvelle que faisait de moi un autre homme?
G. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1241. Rem. Dans la mesure où il existe une différence sém. entre les deux variantes de cette dernière constr., la 1resuggère une idée d'harmonie, la seconde une idée d'adaptation. − Emplois techn. ♦ ÉLECTRICITÉ : 16. On accorde l'oscillateur sur un autre oscillateur grâce à l'emploi d'une hétérodyne auxiliaire; si l'accord n'est pas exact, il y a des battements.
J. Mercier, Traité de radio-électricité,t. 1, 1937, p. 226. ♦ GRAMM. Faire concorder la forme parlée ou écrite des mots (variables) suivant les règles de la syntaxe dite d'accord : 17. De même, pour les signes, il ne s'agit pas de parler d'abord de substantifs et d'adjectifs; de les faire accorder en genres, en nombres et en cas; d'y joindre un verbe, d'établir des règles pour que ses diverses terminaisons indiquent les personnes, les nombres, les temps, les modes; et de prendre des mesures pour que ces mots réunis forment des propositions, lesquelles ensuite nous rattacherions les unes aux autres, par différents moyens : c'est encore là, commencer par la fin, ou du moins par le milieu de la carrière.
A.-L.-C. Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie, Grammaire, 1803, p. 119. 18. Mais les hésitations qu'on éprouve parfois en écrivant une lettre, je les ressentais pour chaque syllabe de cette écriture géante. Point de participes à accorder, mais l'orthographe des mots les plus communs me devenait bizarre. Je voulus les appeler tout haut : mais jamais pavillon rouvert après des siècles ne rendit des portraits et des meubles plus vermoulus que ne le fit ma mémoire après deux ans de silence.
J. Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 127. 19. Le besoin d'accorder un verbe avec une énumération de sujets n'est pas plus impérieux pour Racine que je ne le sens en moi-même. Admirables exemples : ... mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête. ... Que ma foi, mon amour, mon honneur y consente.
A. Gide, Journal,1934, p. 1198. ♦ MUS. Établir, avec l'aide du diapason, un rapport exact. a) Vieilli. Entre la voix et un ou plusieurs instruments. ,,Elle accordait parfaitement sa voix avec le clavecin.`` (Ac. 1798). ,,Elle accordait parfaitement sa voix avec le piano.`` (Ac. 1835). b) Entre plusieurs instruments d'un même orchestre. ,,Accorder des instruments les uns avec les autres.`` (Ac. 1878) : 20. En effet, à un signal qu'il donna, les ménétriers grimpèrent à l'orchestre; et, sans se donner la peine d'accorder leurs violons, se mirent à racler de toute leur force une contredanse : les quatre premières mesures de l'air n'étaient pas achevées, que vingt quadrilles étaient en place, et dix tables vacantes.
V. de Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 65. 21. Les musiciens accordent leurs instruments; les bohémiennes reviennent en dansant avec tambourins et tambours de basque. Un valet de théâtre à longues basques, cheveux rouges, parcourt la scène en sonnant une cloche.
G. Apollinaire, Casanova,1918, II, p. 997. Rem. Ces deux ex. pourraient être aussi rangés sous c. c) Entre plusieurs sons d'un même instrument. ,,Ce musicien a été longtemps à accorder son violon`` (Ac. t. 1 1932) : 22. Il sortait d'une période de tranchées : ayant posé sa vareuse à cause de la chaleur, il accordait un piano qu'il avait découvert chez un habitant. Cette bonne fortune est rare pour un amateur de musique. Une flûte, un violon, posés sur une table, attendaient les artistes, et aussi la partition d'un trio classique.
H. Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, pp. 174-175. − Au fig., fam. [À l'impér. 1reou 2epers. plur.] Accorder ses violons. Se mettre d'accord : 23. On s'installait dans une classe, toujours la même, une salle d'étude blanche, noire, crayeuse, « la moins malsonnante de toutes », disait en riant le vieux professeur de musique. « Allons, Monsieur Des Lourdines, accordons nos violons... vos honorés parents se portent-ils bien? ... Ah! ah!... ils ne vous ont point fait savoir de leurs nouvelles! Nous allons donc reprendre le dernier exercice, Monsieur Des Lourdines. »
A. de Châteaubriant, Monsieur des Lourdines,1911, pp. 65-66. − P. anal., PEINT. : 24. Avez-vous l'œil délicat, ou, pour parler plus vrai, une âme délicate, vous sentirez dans chaque peintre le ton général avec lequel il accorde tout son tableau.
Stendhal, Hist. de la peinture en Italie,t. 1, 1817, p. 136. 2. Accorder qqc. à qqn. Se déclarer d'accord avec quelqu'un en allant au-devant de ses désirs, de son attente. a) [L'obj. désigne un don] Concéder par faveur ou privilège, octroyer : 25. − Ah! pour aujourd'hui vous allez m'accorder cette faveur, mon cher cœur, dit M. Renaud en s'avançant vers sa femme.
− Vous êtes trop aimable pour vous refuser, joli cavalier, répondit-elle du même ton.
G. Flaubert, La Première éducation sentimentale,1845, p. 86. 26. « Une fille Ravet, votre ancienne maîtresse, paraît-il, vient d'accoucher d'un enfant qu'elle prétend être à vous. La mère va mourir et implore votre visite. Je prends la liberté de vous écrire et de vous demander si vous pouvez accorder ce dernier entretien à cette femme, qui semble être très malheureuse et digne de pitié... »
G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Enfant, 1882, p. 683. 27. Justement, comme MmeDuveyrier et MmeJosserand recevaient les premiers invités, ce pauvre Théophile, qu'on surveillait depuis le matin, céda à une brutalité regrettable. Campardon priait Valérie de lui accorder la première valse.
É. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 152. Rem. Dans cet emploi, accorder c'est donner une chose gén. demandée, mais avec une idée de supériorité, de condescendance de la part de celui qui donne. − Spéc. [L'obj. désigne un don concédé par une autorité pol. ou admin. qui détient le pouvoir de donner] :
28. Il désirait sans doute de grandes améliorations, des améliorations devenues aussi indispensables qu'utiles en elles-mêmes; mais en s'y refusant lorsqu'il n'était plus temps, le roi et la noblesse ont bouleversé le royaume. Mon père a constamment supplié le roi d'accorder ce qu'il serait obligé de céder.
G. de Staël, Lettres de jeunesse,t. 1, 1789, p. 328. 29. De son côté, le Toscan, incapable de se laisser vaincre en bons procédés, accorde à Clélie la liberté d'une partie des otages, et lui donne des armes et un beau cheval.
J. Michelet, Histoire romaine,t. 1, 1831, p. 83. 30. Le chef de bureau arrivait souriant, affectueux, bonhomme au dernier point. Il pressa sa femme et sa fille sur son cœur avec une effusion extraordinaire, et leur dit qu'il avait été tellement affecté de leur séparation, qu'il avait supplié le ministre de lui accorder un congé.
P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,L'Héritage mystérieux, 1859, p. 410. 31. − L'assemblée nationale, délibérant sur la proposition formelle du roi; considérant que la cour de Vienne, au mépris des traités, n'a cessé d'accorder sa protection ouverte aux Français rebelles; qu'elle a formé un concert avec plusieurs princes de l'Europe contre l'indépendance et la sûreté de la nation française; que François II, roi de Hongrie et de Bohême, après ses notes du 18 mars et du 7 avril dernier, a refusé de renoncer à ce concert;...
Erckmann-Chatrian, La Patrie en danger,t. 1, 1870, p. 451. 32. ... et cela d'une façon si frappante qu'ayant demandé après Sedan à pouvoir rejoindre l'empereur, et ayant été éconduit par Bismarck auprès de qui on l'avait mené, ce dernier levant par hasard les yeux sur le jeune homme qui se disposait à s'éloigner, fut saisi soudain par cette ressemblance et, se ravisant, le rappela et lui accorda l'autorisation que, comme à tout le monde il venait de lui refuser.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 129. 33. Il eut l'ingénieuse idée d'enrôler pour son entreprise le duc de Norfolk, chef politique du parti libéral, et le snobisme triompha de la vanité paternelle. Shelley put rentrer à Field-Place avec tous les honneurs de la guerre; on lui accordait une pension annuelle de 200 livres, sans conditions.
A. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 62. 34. Nous arrivâmes à 12 h. 30 à Doullens et nous déjeunâmes avec le roi. Haig et Foch assistaient à ce déjeuner. Après le déjeuner, le roi reçut le président, puis il m'accorda une audience particulière à laquelle assista le général Haig. Enfin il reçut le général Foch.
J. Joffre, Mémoires,1931, p. 252. 35. le roi. − Il réussit dans tout ce qu'il entreprend.
le connétable. − Votre altesse a raison de lui accorder ses faveurs.
A. Camus, Le Chevalier D'Olmedo,adapté de F. Lope de Vega, 1957, 3ejournée, 9, p. 795. − En partic., quand le don est une grâce, un pardon : 36. Les riches bourgeois d'Ypres firent alors ouvrir au comte les portes de leur ville, en implorant sa miséricorde. Il leur promit merci, mais on trancha la tête à trois cents hommes des petits métiers et l'on envoya trois cents otages dans les prisons de Bruges. Courtray se rendit ensuite, en conjurant le prince d'accorder son pardon. Il se contenta d'enlever deux cents otages.
P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-1824, p. 210. 37. « Vous me trouverez bien téméraire de venir vous importuner dans un pareil moment pour vous supplier de m'accorder une grâce, dernière ambition de ma vie : je désirerais ardemment être choisi par vous au nombre de vos défenseurs. »
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, p. 733. − Au fig. : 38. ... un grand nombre de feuilles de mes livres ont été tracées sous la tente, dans les déserts, au milieu des flots; j'ai souvent tenu la plume sans savoir comment je prolongerais de quelques instants mon existence... Si le ciel m'accorde un repos que je n'ai jamais goûté, je tâcherai d'élever en silence un monument à ma patrie; si la providence me refuse ce repos, je ne dois songer qu'à mettre mes derniers jours à l'abri des soucis qui ont empoisonné les premiers.
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 235. − P. ell., dans le style parlé. [Dans une réplique à une demande qui vient d'être formulée] Accordé. C'est (c'était) accordé : 39. « Me proposait-on un plan de trente millions, qui me convînt? Accordé, disais-je; mais à faire en vingt ans, c'est-à-dire à quinze cent mille francs par an. » ...
E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène t. 1, 1823, p. 969. 40. Maître Jacques Charmolue prit la parole avec douceur : − Attendu l'obstination douloureuse de l'accusée, je requiers l'application de la question.
− Accordé, dit le président.
V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 358. 41. Oh! Je t'en supplie! Pas de scènes! ... si c'est pour demander quelche chose, accordé d'avance... Tout ce que tu voudras pourvu que j'aie la paix!
F. de Curel, La Nouvelle idole,1899, III, 2, p. 233. 42. Vous avez cinq jours et demi par semaine pour parler à Gillou en particulier. Accordez-moi le même droit pour le jour qui reste.
marie. − Accordé! Accordé! D'ailleurs, cela ne me changera guère. Même quand nous sommes tous trois ensemble, c'est avec lui que vous causez, avec lui que vous riez. Je me demande quel rôle je joue entre vous deux.
H. de Montherlant, Fils de personne,1943, I, 2, p. 279. b) [L'obj. désigne un fait, une parole, une pensée pouvant être exprimés sous forme de prop.] Donner son assentiment intellectuel. − À ce qui a été fait, en reconnaître la valeur juridique (vx) : 43. Le duc d'Orléans et son frère répétèrent alors l'un après l'autre, les paroles prescrites par le traité. « Mon très-cher seigneur, par votre commandement, j'accorde, je consens et j'agrée tout ce que vous avez fait, et lui remets toutes choses entièrement. » Le roi reprit la parole : « et moi je veux et commande que chacune des parties tienne ce que j'ai ordonné; ... etc. » ...
P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 3, 1821-1824, p. 133. − À ce qui a été dit ou pensé, le reconnaître comme exact ou vrai : 44. Oubliez ce qui vient de se passer pour voir les choses comme elles sont. M. Lefort est un homme très mal élevé, je vous l'accorde, mais il ne manque ni de bon sens ni de savoir-faire. Il ne nous propose après tout que ce que mon mari eût exécuté lui-même, s'il avait vécu.
H. Becque, Les Corbeaux,1882, II, 10, p. 141. 45. Comment on essaye de définir par la science seule et de restreindre l'action dans l'ordre naturel : il y a quelque chose. Cette donnée qu'accordent ceux mêmes qui concèdent le moins, cet aveu de la naïve expérience ne m'est point imposé malgré moi : j'ai voulu qu'il y ait quelque chose.
M. Blondel, L'Action,1893, p. 43. − Accorder que + ind. : 46. − Vous voulez cinq centimes, et j'accorde que la besogne les vaut. Seulement, je ne puis pas vous les donner. Si je vous les donnais, je serais simplement fichu... comprenez donc qu'il faut que je vive, moi d'abord, pour que vous viviez.
É. Zola, Germinal,1885, p. 1392. − Accorder que + subj. (avec une idée d'hypothèse) : 47. Celui qui défend la France est toujours celui qui défend le royaume de France. Celui qui ne rend pas une place peut être tant républicain qu'il voudra et tant laïque qu'il voudra. J'accorde même qu'il soit libre-penseur. Il n'en sera pas moins petit-cousin de Jeanne d'Arc.
Ch. Péguy, L'Argent,1913, p. 1243. − P. anal. [L'obj. désigne une valeur exprimée par un subst.] Reconnaître cette valeur comme existant réellement : 48. Il est arrivé, un peu petit, court comme Claudel, avec sa belle figure un peu grasse qui déjà s'alourdit du bas. Il m'a salué solennellement, à sa manière. Et nous sommes immédiatement partis nous promener jusqu'à minuit au hasard. Sa langue extrêmement correcte, l'importance qu'il accorde à vos moindres bêtises, m'ont beaucoup fatigué et presque fâché ce soir-là, après le long voyage.
Alain-Fournier, J. Rivière, Correspondance,lettre de A.-F. à J. R., sept. 1911, p. 300. 49. − Comment Souday est-il avec vous?
− Il a été successivement froid et bouillant, suivant qu'il m'a cru royaliste ou républicain. Depuis qu'il a compris que je n'étais ni l'un ni l'autre, il est devenu tiède; il m'accorde une certaine valeur, en tant qu'artiste, mais « comme penseur » trouve que je ne vaux rien.
A. Gide, Journal,1923, p. 771. c) [L'obj. désigne une attitude intellectuelle ou morale favorable du sujet] :
50. Sténio, saisi d'admiration, s'étonna d'abord intérieurement d'avoir à sa disposition un si riche trésor. C'était la première fois qu'il voyait la princesse d'aussi près et qu'il lui accordait autant d'attention.
G. Sand, Lélia,1833, p. 258. 51. Et je suppose dans tout ce que je dis là, Monsieur Bonnard, que l'historien a sous les yeux des témoignages certains; tandis qu'en réalité, il n'accorde sa confiance à tel ou tel témoin que par des raisons de sentiment.
A. France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 499. 52. Je parle beaucoup d'Anne et de moi-même et peu de mon père. Non que son rôle n'ai été le plus important dans cette histoire, ni que je ne lui accorde de l'intérêt. Je n'ai jamais aimé personne comme lui et de tous les sentiments qui m'animaient à cette époque, ceux que j'éprouvais pour lui étaient les plus stables, les plus profonds, ceux auxquels, je tenais le plus.
F. Sagan, Bonjour Tristesse,1956, p. 161. 53. On accorde souvent plus de crédit aux recommandations d'un étranger, et les Américains reconnaissent que l'intervention anglaise, qui avait elle-même été catalysée par la contribution française, fut d'un grand poids dans la décision qu'ils prirent, vers la fin de 1941, de s'engager enfin dans les voies de la réalisation.
B. Goldschmitt, L'Aventure atomique,1962, p. 34. Rem. Dans cet emploi, le verbe forme loc. avec le compl. d'obj.; le syntagme ainsi formé équivaut souvent à une loc. verbale ou adjective : accorder son attention, se montrer attentif; accorder sa confiance, se fier à; accorder de l'intérêt, se montrer intéressé par; etc. II.− Emploi pronom. S'accorder A.− Emploi réciproque. Être ou se mettre en harmonie. 1. [Le suj. désigne une pers. ou une qualité, une fonction, etc. d'une pers.] :
54. − Qu'y a-t-il donc? disait-elle parfois tout haut, nous nous aimons, et nous ne sommes pas heureux... Notre affection ne fait que du malheur autour de nous. Sans cesse, elle tâchait de comprendre. Cela venait peut-être de ce que son caractère et celui de son cousin ne s'accordaient pas.
É. Zola, La Joie de vivre,1884, p. 1022. 55. J'espère qu'elle (notre amitié) ne finira jamais. Je n'ai parlé d'elle, de vous, qu'à une seule personne, qu'à mon amie qui m'a fait la surprise de venir passer une heure auprès de moi. Elle aimerait beaucoup vous connaître et je crois que vous vous accorderiez, car elle est aussi extrêmement littéraire.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, p. 868. 56. − Aucun entraînement ... j'ai réfléchi ..., aucun entraînement : pas le moindre. Le même silence durait toujours : il eut l'impression de se jeter dedans, tête baissée. − Tu connais Mmede Montanel. Nos âges s'accordent et aussi nos goûts, nos vues d'avenir.
G. Bernanos, La Joie,1929, p. 585. − [Avec un compl. circ. marquant l'obj. de l'accord (sur + subst.; à ou pour + inf.)] :
57. Je pars d'ici après-demain et je me décide à ne pas retourner à Genève, d'abord parce que je ne me sens pas la force de dire adieu à mon père, et parce que l'on s'accorde à dire que la route de Pontarlier est la moins mauvaise.
G. de Staël, Lettres de jeunesse,t. 1, 1791, p. 420. 58. On cause de Bauër, de son déséquilibrement, de son article de ce matin, qui rend impossible la signature de la pétition en faveur d'Oscar Wilde, qui semblerait une signature forcée par l'intimidation. On cause de Bergerat, sur le compte duquel la femme et le mari s'accordent pour le déclarer un méchant; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1895, pp. 875-876. 59. Marianne et Catherine s'entendaient pour se moquer et rire des petites baigneuses de leur âge. Sur tout autre sujet, elles se querellaient plus souvent qu'elles ne s'accordaient. Elles se faisaient un grief mutuel de n'être pas nées dans le même pays.
A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 96. 60. Et que le monde spirituel l'emporte en souveraine importance, c'est en vue de mon esprit, lequel dépend étroitement de mon corps; l'un et l'autre s'entendent et s'accordent pour obtenir en moi l'harmonie. Je ne veux ni ne puis chercher à soumettre et subordonner l'un à l'autre, ainsi que se propose de faire l'idéal chrétien.
A. Gide, Journal,1949, p. 339. − [Avec un compl. désignant la pers. ou la chose avec laquelle s'établit l'harmonie] S'accorder à ou avec : 61. Ah Charle, dans l'instant j'arrête, je reçois cette jeune servante; elle va soulager, servir la gouvernante, et dans l'occasion pourra vous seconder : avec elle tâchez de vous bien accorder.
J.-F. Collin d'Harleville, Le Vieux célibataire,1792, II, 9, p. 50. 62. Stidmann, supplié par moi de dire la vérité, m'a désespérée en m'avouant que son opinion, à lui, s'accordait avec celle de tous les artistes, des critiques et du public.
H. de Balzac, La Cousine Bette,1847, p. 195. 63. En ces termes reculés, Madame Mathias venait à la maison aider Mélanie, avec qui elle s'accordait d'ailleurs fort mal. Madame Mathias, d'un caractère difficile, violente et sensible, me montrait beaucoup d'intérêt. Elle avait imaginé diverses supercheries édifiantes et morales pour me rendre meilleur.
A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 28. 64. Permettez-moi de vous le dire avec la simplicité d'un homme de mon âge, qui n'a que de la sympathie pour un jeune confrère bien doué, ardent au bien, et d'une ambition légitime. Depuis quelque temps, mon cher Pernichon, je déplore certaines imprudences, d'ailleurs vénielles − disons certaines démarches imprudentes − qui s'accordent mal avec ce que nous savions de vous, de votre modération, de votre tenue, de votre précoce maturité.
G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 392. 2. [Le suj. désigne une chose] − Spéc., MUS. [En parlant de chants ou plus gén. des instruments d'un orchestre] :
65. « Il n'est personne ici de l'orchestre et des loges qui par tenants et aboutissants ne soit sûr de l'impunité, tant qu'il n'assassinera pas, devant témoins. » Les instruments s'accordaient quand un flot de municipaux parut aux portes.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 218. 66. J'aurai toute ma vie répété la même chose, tâché d'exprimer une profonde symphonie qui est en moi, et de l'exprimer toujours plus complète et plus nuancée, avec ses mille chants qui doivent s'accorder, s'harmoniser.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 9, 1 janv.-1 avr. 1912, p. 264. 67. Accorder(s'). ... dans le charivari d'un orchestre qui s'accorde il nous arrive encore d'entendre criailler une anche détachée de son tuyau...
A. Schaeffner, Les Origines des instruments de musique,1936, p. 271. − Lang. commune. S'accorder à ou avec : 68. Marie-Josèphe-Rose de Tascher, inscrite au registre de l'état civil du deuxième arrondissement de Paris, 19 ventôse an IV (9 mars 1796), porte que Napoléon Buonaparte naquit à Ajaccio le 5 février 1768? et que son acte de naissance, visé par l'officier civil, constate cette date. Cette même date s'accorde parfaitement avec ce qui est dit dans l'acte de mariage, que l'époux est âgé de vingt-huit ans.
F.-R. de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 298. 69. Voilà un problème : la religion (qui tient en mépris les biens de ce monde et qui redoute les séductions terrestres) peut-elle s'accorder avec cet amour de la nature? Maurice de Guérin voulait croire que l'homme était l'élu qui devait adorer le seigneur, en le félicitant de son œuvre.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 8, juill. 1910-1 févr. 1911, p. 202. B.− Emploi réfl. [Le suj. désigne une pers.; le pronon. réfl. est en fonction de compl. indir.] Accorder qqc. à soi-même (cf. sup. I B 2 a) : 70. Une délégation somma le patron de livrer tous ses encriers et toutes ses plumes. Huchon avait un stylographe. Les copains s'installèrent.
− Nous nous accordons cinq minutes, montre en mains.
J. Romains, Les Copains,1913, p. 23. 71. Il va falloir répondre des choses, repris-je d'une voix altérée. T'imagines-tu qu'il passera l'éponge si facilement?
− Tu t'accordes beaucoup d'importance, Aldo, remarqua-t-elle d'une voix lointaine. Tu n'es pas humble. Ni toi ni moi ne comptons tellement dans cette affaire, ajouta-t-elle avec un ton d'évidence.
J. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 265. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [akɔ
ʀde], j'accorde [ʒakɔ
ʀd]. Enq. : /ako2
ʀd/. Conjug. parler. 2. Dér. et composés : accord, accordable, accordage, accordailles, accordance, accordant, accordé (-ée) subst. masc. et fém. et adj., accordement, accordéon, accordéoniste, accordeur, accordo, accordoir, Cf. corde. 3. Forme graph. − Pour la graph. acc-, cf. accabler. Fér. Crit. t. 1 1787 propose les graph. accorder ou acorder avec un seul c. Étymol. ET HIST.
I.− « Mettre d'accord » 1. 1100 trans. « réconcilier (qqn) » (Roland, éd. Bédier, 74 : Par vos saveirs sem puez acorder); 1100 pronom. « faire la paix avec (qqn; d'une pers.) » (ibid., éd. Bédier, 2621 : A Charlemagne se vuldrat acorder); 1165 (?) et au Moy. Âge seulement acorder a + inf. « mettre (qqn) en état de, le rendre capable de » + inf. (Clef d'amors, éd. Doutrepont, 647 ds T.-L. : Sera tost la dame acordee A bien amer...); d'où divers emplois : a) 1172-74 trans. « arrêter, décider (ici un acte jur.) » (G. de Pont Ste Maxence, Vie St Thomas, éd. Hippeau, 1826, ibid. : Quant le jugement [li jugemenz] fu fez et acordez). − 1665, Retz, Conjuration de Fiesque ds Dict. hist. Ac. fr., I, 1865, 514 b; b) 1554 prob. seulement au xvies. « conclure un accord » (Amyot, Traduction de Diodore, XIV, 7 ds Hug. : [Les Grecs] commencerent à entrer dedans le pays de la Medie, de laquelle estoit gouverneur Tiribazus, qui accorda avec eulx et les laissa passer comme bons amys); c) 1158-1180 mus. trans. acorder a « mettre en harmonie (la voix avec l'instrument) » (Thomas, Roman de Tristan, éd. Bédier, 844 ds T.-L. : La dame chante dulcement, La voiz acorde a l'estrument); xives. trans. « mettre en accord les sons d'un instrument suivant le diapason » (G. de Machault, 9 ds Littré : David li prophete jadis, Quant il voloit apaisier l'ire De Dieu, il acordoit sa lire Dont il harpoit si proprement); d) xves. trans. dr. « (d'un père) promettre une fille en mariage » (Cte d'Artois, 20 ds Gdf. Compl. : la belle fut adcordee au noble conte); e) xves. gramm., trans. « mettre entre les mots d'une même phrase la concordance que prescrit la syntaxe » (E. Le Goust, Response au rondeau 42 de Charles d'Orléans ds DG : Accorder... l'adjectif et le substantif); f) 1677 peint. pronom. « assortir, harmoniser les couleurs et les nuances » (R. de Piles, 2eConvers., p. 292 ds Brunot t. 6, p. 708 : Ainsi toutes les couleurs... doivent s'accorder et convenir, pour ainsi dire, en une couleur... cet accord se fait de deux façons); appliqué à l'archit. Besch. 1845 s.v. : accorder... Archit. Joindre un vieil ouvrage à un neuf. Appliquer à un ouvrage des parties de construction d'un goût différent; g) 1687 mar. « faire effort de concert en nageant [ramant] dans un canot » (Desroche, Dict. des termes propres de mar. : Acorde. C'est un commandement que l'on fait à l'équipage de la chaloupe pour le faire nager ensemble). − 1922 (Lar. univ. s.v. : Accorde! Mar. Commandement adressé aux rameurs pour qu'ils rament ensemble. N. f. Commander l'accorde); 1831 pronom. « id. en halant sur un cordage » (Will. : Accorder (s') v. r.... On doit de même s'accorder en halant sur un cordage; pour agir ensemble dans l'effort); 2. 1291 « concéder » (Cart. de N. D. de Beaug., fo22 ro, A. Loiret ds Gdf. Compl. : Je vuil et otroy et acors).
II.− « Être d'accord » 1170 pronom. « (d'une chose) être compatible avec, s'harmoniser avec (qqc.) » (Cligès, éd. Foerster, 1884 ds T.-L. : Ne s'acordent pas bien ansamble Repos et los, si con moi sanble); 1remoitié du xiiies. intrans., puis pronom. « id. (en parlant de pers.) » (Henri d'Andeli, éd. Héron, IV, 3, ibid. : C'est granz domages et granz deuls Que li uns a l'autre n'acorde), d'où divers emplois : a) xiie-xiiies. mus. « être au même diapason (de plusieurs instruments) » (Aiol et Mirabel, éd. Foerster, 4267, ibid. : A fait ses cors soner, Ses olifans bondir et acorder); b) 1607 gramm., « être en accord », pronom. Hulsius, Dict. d'apr. FEW, vol. 24, fasc. 134, p. 83a.
Empr. au lat. *accordare, formé à la suite de concordāre, discordāre (de cor « cœur ») d'apr. des couples tels que consentio − adsentio. Lat. concordāre, intrans. signifie « être d'accord »; très rarement trans. « mettre d'accord » : obj. inanimé, attesté en 405 (Secundini Manichaei ad Augustinum epistula, p. 895, 1. 23 ds TLL s.v., 89, 23; déjà chez Pline, Nat. hist., 16, 173, ibid., 89, 22, mais texte jugé douteux par Ernout (Philologica, II, p. 180), obj. animé (St Jérôme, Adv. Jovin., 1, 48, ibid. 89, 26); cet emploi trans. a été assumé par le nouvel *accordare. À la différence de consentio, réputé « abstrait », concordo, au contraire concr. (Ernout, loc. cit.), s'intègre dans la série des verbes exprimant un accord intellectuel ou moral d'apr. une image empr. aux sens : type concino, consono : d'où association faite dès le lat., de cor- c(h)orda (au plur. « instruments à cordes, lyre ») dans concordare : cf. Festus ds Ernout, loc. cit., p. 182 : Fides genus citharae dicta, quod tantum inter se cordae ejus quantum inter homines fides concordet, et Cassiodore, Var., 2, 40, 12 ibid. : hinc etiam appellatam aestimamus cordam, quod facile corda moveat. Cette hyp. d'Ernout écarte donc l'hyp. lat. *acchordare (du lat. chorda « corde d'un instrument de mus. ») (FEW, REW3) et celle de accorder terme de mus., dér. de corde (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 43, 1923, 516). − Gröber ds Arch. lat. Lex., I, 234. − Pour l'emploi de accorde comme terme de mar., on peut se demander si l'explication habituelle comme forme impér. du verbe accorder est acceptable, et s'il n'est pas plutôt la continuation techn. de l'a. fr. accorde, subst. fém. synon. de accort « accord ». (Cf. estre d'acorde; faire qqc. d'une acorde, Gdf. « de concert »). STAT. − Fréq. litt. abs. : 5051. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 9 393, b) 4 818; xxes. : a) 5 449, b) 7 606. BBG. − Dagn. 1965. − Dupin-Lab. 1846. − Ernout (A.). Philologica. 2. Paris, 1957, pp. 179-180. − Foulq.-St.-Jean 1962. − Gamillscheg (E.). Zu Walther von Wartburgs Französischem etymologischen Wörterbuch. Z. rom. Philol. 1923, t. 43, p. 516. − Gramm. t. 1 1789. − Gröber (G.). Vulgärlateinische Substrate romanischer Wörter. Archiv für lateinische Lexicographie und Grammatik. 1884, t. 1, p. 234. − Rougnon 1935. − Tournemille (J.). Accorder ses faveurs. Vie Lang. 1965, no157, p. 222. − Will. 1831. |