| FAIRE. (Je fais, tu fais, il fait; nous faisons, vous faites, ils font. Je fis. Je ferai. Fais. Que je fasse. Que je fisse. Faisant. Fait.) v. tr. Créer, produire. Dieu a fait le ciel et la terre. Dieu a fait l'homme à son image. La nature est admirable dans tout ce qu'elle fait. Fam., Tous les jours que Dieu fait, Chaque jour. Cet enfant fait ses dents, Les dents lui viennent. Il signifie aussi Fabriquer, composer, en parlant de Toute uvre matérielle de l'art, de l'industrie humaine, ou de l'instinct des animaux. Faire du pain. Faire de la pâte. Faire du vin, de l'huile. Faire du feu pour se chauffer. Faire de la glace par des procédés chimiques. Faire du sucre. Faire des bas, des chapeaux. Faire un habit. Ce magasin vend des vêtements tout faits. Faire de la tapisserie. Un oiseau qui fait son nid. Une araignée qui fait sa toile. Des castors qui font une digue. Les abeilles font leur miel. Faire le dîner, faire le déjeuner, Préparer le déjeuner, le dîner. FAIRE se dit, dans le même sens, en parlant des uvres de l'intelligence et de l'imagination. Faire un traité sur une matière. Faire un livre, des vers, une pièce de théâtre, une symphonie, une statue. Un ouvrage fait à la main. Un dessin fait à la plume. Faire un calcul. Faire un récit, une description, des vers, de la prose, de l'histoire, de la musique, du théâtre, de la peinture. Cet auteur a trouvé sa besogne toute faite, dans tel ouvrage. Un écolier qui fait ses devoirs, sa version, son thème. C'est un conte fait à plaisir, C'est une nouvelle fausse, une histoire controuvée. Il se dit, dans un sens beaucoup plus général, en parlant de Tout ce qu'un sujet opère, effectue, exécute, accomplit, soit dans l'ordre physique, soit dans l'ordre moral. Le ciel fit un miracle en sa faveur. Faire une opération chirurgicale. Faire une cure. Faire une expérience. Faire du mal à quelqu'un. Faire un mouvement, un saut, un salut, un signal. Faire place. Faire attention. Faire silence. Faire du bruit. Faire un bon repas. Faire une fête, des réjouissances. Faire des affaires. Faire bien ses affaires. Faire banqueroute. Faire naufrage. Faire la guerre. Faire des prisonniers. Faire la paix, une trêve. Faire alliance. Faire un traité, un marché. Faire une promesse, un serment. Faire un mariage. Faire un achat. Faire achat. Faire un envoi. Faire une perte. Faire des dettes. Faire la moisson, la vendange, les foins. Faire la quête. Faire une prière, sa prière. Faire des vux. Faire mention de quelqu'un, de quelque chose. Faire usage d'une chose. Faire la lecture à quelqu'un. Faire une bonne, une mauvaise action. Faire une bonne uvre. Faire le bien. Faire le mal. Faire la charité, l'aumône. Faire un acte de courage. Faire des bassesses. Faire une injustice. Faire injustice. Faire justice. Faire une faute de langue. Faire un barbarisme, un solécisme. Faire une niche. J'ai fait ce que j'ai cru devoir faire. Faire une incartade, une folie, un coup de tête. Faites-moi ce plaisir. Que vous ai-je donc fait? Faire des civilités, des excuses. Faire des difficultés, des façons. Faire des caresses, des amitiés. Faire accueil. Faire honneur. Faire grâce. Faire quartier. Faire don, donation. Faire défense. Faire des plaintes, des remontrances. Faire résistance. Faire bonne contenance. Faire mine de vouloir s'en aller. On le dit également des Choses. Le bruit que fait le tonnerre. La mine fit explosion. Un volcan qui fait éruption. La grêle a fait du dégât. Cet ouvrage fait autorité. Cet événement fera époque dans notre histoire. Faire face, faire pendant, faire semblant. Voyez FACE, PENDANT, SEMBLANT. En termes de jeux de Cartes, Faire les cartes, Les mêler et les donner. Faire une levée. À divers jeux, Faire tant de points, Gagner tant de points. Faire le jeu, Mettre les enjeux. Dans cette acception, il se dit absolument en parlant des Jeux de cartes où chacun donne les cartes à son tour et de Certains autres jeux où chacun tour à tour est obligé de faire quelque chose. À qui est-ce à faire? C'est à vous à faire. Je viens de faire. Fam., Faire des siennes. Faire sa main. Voyez SIEN, MAIN. Faire quelque chose pour quelqu'un, Lui accorder ou lui faire obtenir quelque chose. Que n'ai-je pas fait pour te contenter. N'en rien faire, Se garder de faire la chose dont il s'agit, ne pas la faire. On voudrait qu'il partît, il est bien déterminé à n'en rien faire, Vous avez beau dire, je n'en ferai rien. Elliptiq., Se laisser faire, se dit d'une personne qui ne se défend pas, qui n'oppose point de résistance. On se jeta sur lui pour le battre, et il se laissa faire. Son tuteur l'a mariée, elle s'est laissé faire. Il se dit particulièrement de Certaines fonctions du service militaire. Faire l'exercice. Faire le guet. Faire la ronde. Faire la revue d'une armée. On dit dans un sens analogue, en termes de Marine, Faire le quart. Il se dit aussi, en parlant des Choses qui marquent espace et étendue, et qui s'exécutent et s'accomplissent par le mouvement d'un lieu à un autre. Faire des pas. Faire un tour d'allée, un tour de promenade, le tour de la ville. Faire une lieue à pied. Faire route. Faire des allées et venues. Faire une course, un voyage, un long trajet, un grand circuit. Cette planète fait sa révolution en tant de jours. Un homme qui fait tant de kilomètres par heure, qui fait plus de chemin en une heure qu'un autre en deux. Notre bâtiment faisait tant de nuds à l'heure. Fig., Faire son chemin. Voyez CHEMIN. En termes de Marine, Faire voile, Se diriger à la voile vers un point déterminé. Faire le point, Déterminer par l'observation des astres la position exacte d'un navire sur la mer. Il signifie aussi Disposer, arranger, mettre dans l'état convenable. Faire une chambre. Faire un lit. Faire la couverture. Faire ses ongles, ou Se faire les ongles. Faire son visage, faire ses yeux, Peindre son visage, ses yeux. FAIRE signifie aussi Amasser, assembler, mettre ensemble, en parlant d'Argent ou des autres choses dont on a besoin de se pourvoir. Il tâche de se faire quelque argent. Faire une somme. Faire ses provisions. Faire des bénéfices, faire fortune, faire des frais. Par extension, Cette pièce de théâtre ne fait pas d'argent. On dit dans un sens analogue, en termes de Marine, Faire les vivres. Faire du bois, du charbon. Faire de l'eau. Dans ce même sens, on dit, pour une machine ou une automobile, Faire de l'eau. Faire de l'essence. Faire eau. Voyez EAU. Il signifie encore Employer ses forces, ses talents, l'activité de son esprit à quelque chose; s'en occuper, y passer son temps. Faire un travail. Faire sa besogne. Il n'a rien fait de toute la journée. Il ne peut plus rien faire. Faire tout ce qu'on peut. Faire tous ses efforts. C'est un homme qui ne trouve rien de difficile à faire. Que ferez-vous tantôt? Je n'ai rien à faire. Qu'est-ce que fait cet homme? Quelle occupation, quelle profession a-t-il? Ce jeune homme ne fait rien. Il n'a pas d'emploi. (Voyez, vers la fin de l'article, l'emploi analogue de FAIRE, intransitif.) Bonne à tout faire, Domestique que l'on peut employer à tous les travaux du ménage, de la cuisine, etc. Fig., C'est un homme à tout faire, C'est un homme capable de tout. Il se prend ordinairement en mauvaise part. Ne faire uvre de ses dix doigts, Ne rien faire du tout, ne point travailler. Je ne puis, je ne sais que faire à cela, C'est une chose où je ne puis rien. Je n'y saurais que faire. Que voulez-vous que j'y fasse? Je n'y puis apporter de remède, cela ne dépend pas de moi. Ne faire que..., Ne travailler, ne s'occuper qu'à une certaine chose, n'en pouvoir faire d'autre, ou ne vouloir pas en faire d'autre, ne pas chercher à en faire d'autre. Il ne fait que ce qu'on lui dit. Cet ouvrier ne fait jamais que ce travail. Je ne fais ici qu'obéir. Je ne fais qu'exécuter les ordres que j'ai reçus. Il signifie également Être toujours ou presque toujours à faire une certaine chose. Il ne fait que jouer, qu'étudier, que dormir, qu'aller et venir, etc. Ne faire que... se dit encore en parlant d'une Action instantanée qui est immédiatement suivie de son résultat ou d'une autre action, d'un fait quelconque. Je ne fis que le toucher, et il tomba. Il n'a fait que paraître et disparaître. Il ne fit qu'entrer et sortir. Attendez-moi, je ne fais qu'aller et revenir. Ne faire que d'entrer, que d'arriver, que de s'éveiller, etc., N'être entré, arrivé, éveillé, etc., que depuis très peu de temps. FAIRE signifie aussi Observer, mettre en pratique; et dans ce sens il se dit en parlant des Choses qui sont d'obligation et de précepte. Faire ce que Dieu ordonne. Faire ce qui est de son devoir. Faire son devoir. Il n'a fait que son devoir. Faire sa prière. Faire la pénitence qui est imposée. Faire ses Pâques. Faire maigre. Faire diète. Fais ce que dois, advienne que pourra. Voyez ADVENIR. Faire une fête, La célébrer. Faire les Rois. Faire le lundi, Passer le lundi à se reposer au lieu de travailler. Il se dit aussi de l'Exécution et de la pratique de certaines choses qu'on est obligé ou comme obligé d'accomplir, d'achever, de terminer en un certain temps. Faire la quarantaine. Faire quarantaine. Un lycéen qui fait son cours de philosophie, sa philosophie. Faire ses classes. Faire son droit, sa médecine. Un ouvrier qui fait son apprentissage. Un jeune homme qui a fait son service militaire. Faire son noviciat. Faire une neuvaine. Il se dit également en parlant des Différentes professions qu'on embrasse et des différents emplois, des différents métiers qu'on exerce. Faire les fonctions d'administrateur. Faire un métier. Faire le commerce, la banque, la commission. Faire la cuisine. Faire profession et Faire métier se disent encore dans d'autres sens propres et figurés qu'on indiquera aux mots MÉTIER et PROFESSION. Faire tel ou tel personnage signifie, par extension, Se donner pour avoir telle ou telle qualité. L'un devait faire le maître et l'autre le valet. Il signifie aussi Avoir les qualités de son état et de sa fonction. Il fit très bien son personnage. On dit aussi, figurément, Faire un sot personnage, un plat personnage, etc. Il se dit encore, par extension du sens précédent, de Quiconque cherche à paraître ou feint d'être ce qu'il n'est pas; et, dans cette acception, il se construit toujours avec un nom, ou avec un adjectif pris comme nom. Faire le grand seigneur. Faire l'homme d'importance. Faire l'esprit fort. Faire l'entendu. Faire le malade. Faire le mort. Faire le sourd. Faire la bête. On dit familièrement Faire le malin. Il signifie également Mettre de l'affectation à se montrer avec telle ou telle qualité. Faire le généreux, le magnifique. Faire l'aimable, le galant auprès des dames. Faire l'empressé. Faire le gentil. Il signifie souvent Se donner certaines apparences, prendre certains airs. Il veut faire le maître ici. Il fait l'impertinent. Il fait le fanfaron. Faire l'enfant. Faire le difficile. Faire le dégoûté. C'est à peu près dans le même sens qu'on dit : Faire les yeux doux. Faire bonne mine, bon visage à quelqu'un. Faire mauvaise mine, grise mine. Faire contre fortune bon cur. Faire patte de velours. Etc. Fig. et fam., Faire maison nette, Chasser ses domestiques. Dans le sens qui précède, il se dit plus particulièrement, lorsqu'on parle des Personnes, par rapport aux professions, aux titres, aux dignités, etc.; et alors il est suivi d'un nom ou d'un adjectif attribut. Il a fait son fils avocat, médecin. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur. Se faire prêtre, avocat, etc. Se faire catholique. Se faire mahométan. Se faire chef de parti. Fig., L'occasion fait le larron, Souvent l'occasion fait faire des choses répréhensibles, auxquelles on n'aurait pas songé. Il se construit fort souvent avec la préposition DE ou avec un sens équivalent, soit dans l'acception qui précède, soit dans le sens plus général de Changer, transformer en. Que ferez-vous de votre fils? On veut faire d'elle une institutrice. Celui dont il avait fait son ami, son confident, son ministre. Ce précepteur ne fera rien de son élève. On a fait de cet ancien théâtre une salle de bal. Fig., Faire d'une mouche un éléphant. Voyez MOUCHE. Prov. et fig., On ne saurait faire d'une buse un épervier. Voyez ÉPERVIER. Faire ses délices d'une chose, Y trouver beaucoup de plaisir, de charme, etc. Il fait ses délices de l'étude. En termes de Médecine, Faire de la neurasthénie, Être atteint de neurasthénie. Faire de la température, Avoir de la fièvre. Faire de quelque chose une obligation, un devoir, etc., L'imposer comme une obligation, etc. Je me fais une obligation, un devoir de vous en prévenir. On dit à peu près dans le même sens Se faire scrupule, se faire conscience de... Se faire gloire, se faire honneur de quelque chose, En tirer vanité, s'en tenir honoré. On dit, dans un sens analogue, Faire un mérite de quelque chose à quelqu'un. Ne me faites pas un mérite d'une action si naturelle. Suivi de la préposition DE, il signifie quelquefois particulièrement Employer quelqu'un ou quelque chose, en disposer, en tirer parti de façon ou d'autre. Que voulez-vous que je fasse de cet homme-là? il ne sait rien. Vous ne faites rien de ce meuble-là, vous n'en faites rien. Faites de cela ce que vous jugerez à propos. Il ne sait que faire de son temps. Fig. et fam., Faites-en des choux et des raves. Voyez CHOU. Fig., Faire ce qu'on veut d'une personne se dit en parlant de Quelqu'un qui se prête volontiers aux désirs, aux vues d'une autre. C'est un homme dont on fait tout ce qu'on veut. C'est une femme difficile à gouverner, on n'en fait pas ce qu'on veut. N'avoir que faire de quelqu'un ou de quelque chose, N'en avoir aucun besoin. Si vous n'avez que faire de ce livre, prêtez-le-moi. Ce sont des bibelots dont je n'ai que faire. Il n'a plus que faire d'étudier, il en sait assez. Je n'ai que faire de vous présentement, allez où vous voudrez. On le dit aussi Pour marquer qu'on ne fait nul cas d'une personne ou d'une chose. Je n'ai que faire de lui ni de ses visites. On se sert encore de la même manière de parler Pour faire connaître qu'on désapprouve quelque chose, qu'on le trouve mauvais. Je n'ai que faire de vos discours, de vos réclamations. FAIRE signifie aussi Dire, prétendre, publier qu'une chose est, en donner une certaine opinion. On le fait plus riche qu'il ne l'est. Il se fait beaucoup plus malade qu'il ne l'est. Se faire plus riche, plus pauvre, plus jeune qu'on ne l'est réellement. Se faire fort de réussir. Voyez FORT. Il a quelquefois le sens du verbe Dire. Je le croyais, fit-elle. J'irai avec vous, lui fis-je. En parlant de Choses que l'on veut vendre, il s'emploie pour marquer le Prix qu'on en demande. Combien faites-vous cette étoffe-là? Vous la faites trop cher. Il signifie aussi Accoutumer, habituer. Les voyages l'ont fait à la fatigue. Il est fait au chaud et au froid. Nous sommes faits à vos plaisanteries, à votre badinage. Mon estomac n'est pas fait à ce genre d'aliments. Se faire au bruit. Se faire à tout. Se faire aux manières de quelqu'un. Se faire la main. Il signifie également Former, façonner, perfectionner quelqu'un. Ce général a fait de bons officiers. Ce professeur a fait de bons écoliers. Les affaires font les hommes. C'est un jeune homme qui se fera peu à peu. Ces jeunes magistrats se feront par la pratique des affaires. Ce vin n'a pas encore eu le temps de se faire. Il se dit encore de Deux ou de plusieurs choses qui, par leur union, leur assemblage, servent à former, à composer, à constituer un tout, une seule chose. Deux et deux font quatre. Toutes ces sommes ensemble font tant. Deux lignes qui se coupent font un angle. Ces forêts, ces ruisseaux, ces montagnes, tout cela ensemble fait un beau pays. Il se dit également de Ce qui est l'essence d'une chose, de ce en quoi elle consiste. Ce qui fait la qualité du vin. Le spectacle faisait le beau de la fête. La clarté fait le principal mérite de son style. Voilà ce qui fait l'objet de mes recherches. Ce fils fait toute la joie de sa mère. Prov. et fig., L'habit ne fait pas le moine. Voyez HABIT. Il signifie aussi Causer tel ou tel résultat ou en être l'occasion. Ce remède m'a fait beaucoup de bien. Se faire des amis. Cela lui a fait une affaire, lui a fait beaucoup d'ennemis. Ces propos lui ont fait tort. Il s'est fait tort à lui-même. Une femme qui a fait de grandes passions. Faire école. Cela fait mal à voir. Faire peur. Faire honte. Faire peine. Faire pitié. Faire envie. Faire plaisir. Faire du chagrin. Il ne faut faire de peine, de la peine à personne. Cette affaire-là fait grand bruit. Cette nouvelle a fait sensation. Cela fit révolution. On dit à peu près dans le même sens : Faire des jaloux, des mécontents, des dupes. Faire des heureux. C'est ce qui fait que les choses vont si mal. Cela ne fera que l'irriter davantage. Faites, je vous prie, que cela soit bientôt terminé. C'est à vous à faire que rien ne manque. Nous ferons en sorte qu'ils n'aient pas lieu de se plaindre. Pouvais-je faire que cela n'arrivât point? Fasse le ciel que... Fig. et fam., Cela ne me fait ni froid ni chaud. Voyez CHAUD. Il se construit, dans un sens à peu près pareil, avec un infinitif et se dit de Tout ce qui est la cause prochaine ou éloignée de quelque chose, de tout ce qui donne lieu à une chose, à une action. L'opium fait dormir. Cela l'a fait durer un peu plus longtemps. C'est ce qui le fait vivre. On lui a fait souffrir de grands maux. Faire agir des personnes puissantes. Faire dire, faire savoir quelque chose à quelqu'un. C'est moi qui le lui ai fait connaître. Je les ai fait chercher partout. Faire bâtir. Se faire faire un habit. Faire imprimer, faire paraître un livre. Cette femme s'est fait peindre. Sa partie l'a fait condamner aux dépens. Faire entrer, faire sortir quelqu'un. La lettre qu'il m'a fait tenir, qu'il m'a fait passer, qu'il m'a fait parvenir. Cette pièce a fait courir tout Paris. Faire marcher des troupes. Il ne put parvenir à se faire entendre. On n'a jamais pu lui faire entendre raison. Se faire aimer. Se faire haïr. Se faire dire une chose deux fois. Il signifie aussi Avoir de l'influence, du pouvoir. Il fait tout dans cette maison. Le mérite fait plus auprès de lui qu'aucune recommandation. Auprès de certaines gens l'argent fait tout. Faire la pluie et le beau temps. Voyez PLUIE. FAIRE, en termes de Grammaire, se dit des Mots et signifie Prendre telle ou telle terminaison. Cheval fait au pluriel chevaux. Aimer fait au futur j'aimerai. Il se dit quelquefois pour Importer, concerner, être de quelque considération. Cela ne fait rien à l'affaire. Cela ne fait rien, absolument rien. Qu'est-ce que cela lui fait? Que me font ses propos? Que peut vous faire l'opinion de ces gens-là? Cela fait beaucoup, fait plus qu'on ne pense. Fam., Qu'est-ce que cela fait là? À quoi cela sert-il dans ce lieu-là? Il s'emploie souvent pour éviter la répétition du verbe précédent et alors il en tient la place. Ainsi on dit : Cet homme n'aime plus tant le jeu qu'il faisait, Il ne l'aime plus tant qu'il l'aimait. Il répondit comme les autres avaient fait, Il répondit comme les autres avaient répondu. Nous nous entretînmes de cette nouvelle comme nous aurions fait de toute autre chose, Comme nous nous serions entretenus de toute autre chose. On ne doit pas confondre cet emploi avec un tour usité dans certains cas où FAIRE, conservant la signification qui lui est propre, celle d'Exécuter, d'opérer, d'effectuer, etc., a pour complément le pronom le, qui représente un verbe précédent. Il voudrait partir, mais il ne peut le faire (faire cela, l'action de partir) sans autorisation. Quoiqu'il ait tous les moyens de vous obliger, il ne le fera pas. FAIRE se dit absolument en parlant des Jeux de cartes où chacun donne les cartes à son tour, et de Certains autres jeux où chacun tour à tour est obligé de faire quelque chose. À qui est-ce à faire? C'est à vous à faire. Je viens de faire. Il s'emploie comme intransitif dans le sens d'Agir. Faire bien. Faire mal. Il a fait en cela comme vous auriez fait. Il a fait de son mieux. Vous n'auriez pas fait mieux. Il ferait mieux, je crois, de rester. Comment faire? Comment ferons-nous? Laissez-le donc faire, il saura bien se tirer d'embarras. Il n'en veut faire qu'à sa tête. Faire à qui mieux mieux. Il a tant fait, il a si bien fait qu'il en est venu à bout. Il a si bien fait par ses sottises qu'on a fini par le renvoyer. Si on le laisse faire, il sera bientôt maître de tout. Avoir fort à faire, Avoir beaucoup à travailler pour venir à bout de quelque chose. Vous aurez fort à faire, si vous entreprenez de le corriger. Il y a fort à faire dans cette entreprise. Il se dit encore intransitivement pour Être convenable, produire un effet agréable. Ces deux choses font fort bien ensemble. L'or fait bien avec le vert. Ce tableau ne fait pas bien où il est; il ferait mieux ailleurs. Il signifie en outre familièrement Se décharger le ventre. Cet enfant a fait dans sa chemise. Ce malade a fait sous lui. Il s'emploie impersonnellement pour indiquer l'État de l'atmosphère du temps, ou quelque phénomène, quelque révolution atmosphérique. Il fait nuit. Il fait jour. Il fait chaud. Il fait froid. Il ne fait pas encore jour. Il fait beau. Il fait beau temps. Il fait du vent, de la pluie, de l'orage. Il fait bon. Il fait frais. Il fait doux. Il fait sec. Sortirez-vous par le temps qu'il fait? Il s'emploie de même impersonnellement pour marquer la Nature, l'état, la disposition les qualités de certaines choses. Il fait bon vivre dans ce pays. Il ne fait pas bon de se frotter à cet homme-là. SE FAIRE signifie Être praticable, être produit, formé, exécuté, arriver, venir à être. Si c'est une chose qui se puisse faire, je vous en aurai obligation. Si cela se peut faire, je serai ravi. Ces choses-là ne se font pas aisément. On croit que le mariage se fera bientôt. Si la paix se fait. Prov., Paris ne s'est pas fait en un jour, se dit pour exprimer qu'Il y a des choses qu'on ne peut faire qu'avec beaucoup de temps. Il signifie aussi familièrement Devenir. Un enfant qui se fait grand. Il signifie absolument S'améliorer avec le temps. Ce vin a le goût âpre : il se fera en bouteille. SE FAIRE s'emploie aussi impersonnellement dans le sens d'Être, arriver. Il s'est fait beaucoup de fentes dans cette muraille. Il se fit un moment de silence. Il se fait bien des choses qu'on s'explique mal. On ne sait comment cela s'est fait. Se peut-il faire que vous n'en sachiez rien? Il pourrait se faire que... On dit de même Il se fait tard, il se fait nuit, Le jour commence à baisser, la nuit commence à venir. Cela se fait se dit surtout des Actes de politesse ou de cérémonie qu'il est convenable d'accomplir en telle ou telle circonstance. Vous auriez dû envoyer une carte, cela se fait toujours. Dites-moi, je vous prie, ce qui se fait en pareille circonstance. Cela ne se fait pas. FAIRE se prend quelquefois substantivement, comme dans ces phrases : Il y a loin du vouloir au faire. Le dire et le faire sont deux. Il vieillit. Il se dit plus ordinairement, en termes de Peinture, de Gravure et de Sculpture, de la Manière de peindre, de sculpter, de graver. Le faire de ce peintre. Cet artiste a un faire large et vigoureux. Cela vaut fait signifie Regardez la chose comme faite. On dit aussi C'est une affaire faite, surtout lorsqu'on veut faire entendre qu'il n'y a plus à revenir sur la chose dont il s'agit. Voilà qui est fait, La chose est décidée. Fam., C'est bien fait, Vous l'avez bien mérité. C'est fait de moi; C'en est fait de nous se dit d'un Événement malheureux qu'on ne peut empêcher. C'est un fait exprès, c'est comme un fait exprès. Voyez EXPRÈS. Ce qui est fait est fait se dit pour engager à ne plus parler d'un malheur, d'une faute qu'il est impossible de réparer. Être fait à, Être habitué à. Il n'est pas encore fait à ce métier, au climat et aux habitudes du pays. Être fait pour, Être propre à, être capable de. Cela se dit des personnes et des choses, et tant en bonne qu'en mauvaise part. Cet homme n'est pas fait pour un pareil emploi. Il semble fait pour réussir en toutes choses. Cette nouvelle était bien faite pour l'affliger. Comme le voilà fait! se dit de Quelqu'un qui est plus mal vêtu, plus négligé qu'à l'ordinaire, ou qui n'a pas si bon visage qu'il a coutume d'avoir. On dit quelquefois, figurément et familièrement dans le premier sens, Être fait comme un voleur. Être bien fait, fait à ravir, fait à peindre; et, figurément, Être fait au tour, Être beau, de belle taille et de bonne mine. Dans le sens contraire, Être mal fait, Être laid, mal formé. Un homme bien fait et de bonne mine. Une femme bien faite. Cette jeune fille est faite au tour. Un petit homme mal fait et mal bâti. On dit de même Être bien fait de sa personne. On dit encore, dans un sens analogue, Avoir la taille bien faite, mal faite; la jambe bien faite. Fig., Un esprit bien fait, Un esprit sain et droit. Avoir la tête mal faite; l'esprit mal fait, Être bizarre, déraisonnable, sans jugement. Fig. et par ironie, En aura-t-il la jambe mieux faite? Cela lui fait une belle jambe, Cela ne l'avance à rien, se dit en parlant d'une Chose dont quelqu'un tire vanité, et qui ne lui est d'aucun avantage. Un homme fait, Un homme qui est dans un âge mûr. Ce fromage est fait, n'est pas fait, Il est temps, il n'est pas temps de le manger. Viande trop faite, Viande avancée, faisandée. Phrase toute faite, Façon de parler particulière qui est consacrée par l'usage. Porter le flambeau de la civilisation est une phrase toute faite. Si fait, Façon de parler elliptique qui, dans les réponses, sert à affirmer fortement ce qu'un autre nie on met en doute. Vous ne me connaissez pas? Si fait, je vous connais bien. Vous ne voulez pas? Si fait. |