| COURIR. (Je cours ; nous courons. Je courais. Je courus. Je courrai. Cours. Que je coure. Que je courusse. Courant. Couru.) v. intr. Aller avec vitesse, avec impétuosité. Courir de toute sa force. Courir sur quelqu'un. Courir après quelqu'un. Courir à toutes jambes. Ils couraient aussi vite l'un que l'autre. Ceux qui couraient dans les jeux Olympiques. On le dit, également et par extension, des Choses, quand elles sont susceptibles de mouvement. Ces nuages courent dans le ciel. Faire courir une boule. En termes de Marine, Faire courir une manuvre dans ses poulies. Il se dit absolument des Chevaux qui disputent le prix de la vitesse. Ce cheval a couru aux dernières courses. Faire courir signifie Envoyer sur le champ de course des chevaux pour disputer ce prix. Transitivement, Courir le grand prix de Paris. Il se dit aussi des Épreuves de vitesse de cyclisme, d'automobilisme, de bateaux à rames, à voiles ou à moteurs. Fig. et transitivement, Courir une carrière, Être engagé dans une profession, une entreprise, etc., où l'on s'efforce d'obtenir des succès, de l'emporter sur ses rivaux. Vous courez une périlleuse carrière. Hortensias et Cicéron couraient la même carrière. Prov. et Fig., Ce n'est pas le tout que de courir, il faut partir de bonne heure, ou Rien ne sert de courir, il faut partir à temps, Ce n'est pas assez de se hâter quand on veut réussir dans une entreprise, il faut prendre ses mesures de loin. Fig. et fam., Je cours encore, Il court encore, signifie qu'on s'est échappé en toute hâte, qu'on ne se laissera plus prendre à une chose. Il m'a suffi de le voir, de l'entendre : je cours encore. Courir sus à quelqu'un se disait, dans les anciennes Ordonnances, pour Se jeter sur quelqu'un, l'arrêter, le maltraiter. Il fut mis hors la loi, et chacun eut le droit de lui courir sus. Figurément, il signifie S'en prendre à quelqu'un, se précipiter violemment sur lui. Tout le monde lui court sus. Il signifie quelquefois Aller plus vite que le pas. Vous allez trop vite, vous ne marchez pas, vous courez. Il signifie aussi Aller avec empressement. Courir au feu. Je cours le prévenir. Courez, ne perdez pas un instant. Courir au plus pressé, S'occuper, avant toute autre chose, de ce qui importe le plus dans le moment. Fig., Courir après les honneurs, les places, les richesses, la fausse gloire, etc. Courir après des chimères, après des fantômes. Courir à sa perte, à sa ruine. Fig., Courir après l'esprit, Mettre de la recherche, de l'affectation, de l'effort à montrer de l'esprit. Fam., Courir après l'argent, Chercher toutes les occasions de gagner de l'argent. Il ne se dit qu'en mauvaise part. Fam., Courir après son argent, Continuer à jouer pour regagner ce qu'on a perdu. Il signifie aussi Faire des démarches, des poursuites pour recouvrer une somme d'argent qu'on a de la peine à se faire rendre, à se faire payer. Courir à sa fin se dit des Choses qui sont près de finir, qui n'ont pas longtemps à durer. Ma provision de bois court à sa fin. Cette maladie court à sa fin. Il se dit aussi figurément de Toute action précipitée, de tout ce qu'on fait trop vite. Il faut aller bride en main, on ne fait pas les affaires en courant. Il se dit particulièrement d'une Personne qui lit, qui récite, qui prononce, qui écrit ou qui compose trop vite. Lisez doucement, ne courez pas. Il a écrit cela en courant. Il laisse courir sa plume sur le papier. Il signifie encore familièrement Aller çà et là, sans s'arrêter longtemps en chaque endroit. Il ne fait que courir. Il est toujours à courir. Il court depuis le matin jusqu'au soir. Il se dit particulièrement des Courses, des démarches qu'on est obligé de faire pour quelque objet que ce soit. Il a couru toute la journée pour cette affaire. En termes de Marine, il signifie Faire route. Courir au nord. Courir au sud. Transitivement, Courir des bordées, courir des bords, Louvoyer, aller alternativement à droite et à gauche, quand le vent est presque debout. Il se dit particulièrement d'une Côte, d'une terre, d'une montagne, etc., qui se prolonge dans une direction déterminée. Cette côte court de l'est à l'ouest l'espace de trois ou quatre lieues. Ces montagnes courent du nord au sud et partagent de grands continents. Il s'emploie pour Couler, s'écouler. Le ruisseau qui court dans la prairie. Le Rhône court du nord au sud. L'eau qui court. Il se dit figurément du Temps. Le temps court insensiblement. Au temps ou par le temps qui court, Dans le temps présent, dans les circonstances actuelles. Il se dit à propos d'une Rente, des gages, des appointements, etc., pour désigner l'Époque à partir de laquelle ils doivent être comptés. L'intérêt de cette rente court du commencement de l'année. Ses gages, ses appointements courent du milieu du mois. Son loyer court du mois de janvier. Il signifie encore Circuler, se propager, se communiquer ; et, en ce sens, il est souvent impersonnel. Il court des bruits fort désavantageux sur son compte. Faire courir de fausses nouvelles. Une rumeur très alarmante court depuis hier dans le public. Il signifie aussi figurément Être en vogue. La mode qui court. Cette chanson courait par la ville. COURIR est aussi verbe transitif, alors il signifie Poursuivre à la course avec dessein d'attraper. Il s'emploie surtout en termes de Chasse. Courir le cerf, le lièvre, le daim. Il a droit de courir le cerf sur ses terres. Voyez aussi COURRE. Fig. et fam., Courir le même lièvre se dit de Deux personnes qui sont en concurrence pour la même chose. Prov. et fig., Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, ou Qui court deux lièvres n'en prend aucun, Poursuivre deux affaires à la fois, c'est s'exposer à ne réussir ni dans l'une ni dans l'autre. Fig. et fam., Courir le cachet. Voyez CACHET. COURIR se dit figurément en parlant des Personnes ou des Choses qu'on recherche avec empressement, qui sont fort en vogue. On ne l'emploie guère qu'au participe passé. Ce prédicateur est fort couru. Ce spectacle est très couru. Il signifie aussi figurément Être exposé à. Courir un danger. Courir risque, courir le risque de, Être en péril de. Il court grand risque de perdre son bien. Courir des chances, courir la chance de..., S'exposer à un risque dans l'espoir d'un avantage. Courir même fortune, Être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d'affaires. Courir les aventures se disait des Chevaliers qui allaient à la recherche des exploits guerriers. Il se dit aussi de Quelqu'un qui cherche à se faire un nom ou une fortune par des moyens qui ne sont pas les moyens ordinaires. Il signifie encore Parcourir. J'ai couru toute la ville sans le trouver. Courir les rues. Courir les champs. Courir le pays, Parcourir tel ou tel pays, en vue de le connaître à fond. Courir le monde, Voyager en divers pays par goût d'aventure. Fam., Cette nouvelle, cette aventure, cette histoire court les rues, Elle est sue de tout le monde. L'esprit court les rues, L'esprit est commun, tout le monde en a. Fam., Courir la prétantaine. Voyez PRÉTANTAINE. Pop., Courir le guilledou. Voyez GUILLEDOU. Il signifie également Hanter, fréquenter Courir les buts. Courir les spectacles, les concerts, les maisons de jeu, les mauvais lieux, etc. |