| ABSOLUTISTE, adj. et subst. masc. I.− Adj., POL. et HIST. Qui est attaché au système politique de l'absolutisme. A.− [En parlant d'attitudes mentales] :
1. Or le vrai n'est pas pour la France dans un gouvernement de regrets, de repentir, de souvenirs théocratiques ou aristocratiques, ou absolutistes, il est dans les besoins réels des esprits, dans le concours des intérêts et des intelligences les plus honnêtes et les plus larges, dans les espérances d'un avenir datant de la restauration et non de l'empire ou de l'ancien régime vermoulu.
A. de Lamartine, Correspondance,1830, p. 41. 2. Déjà, dans ce temps-là, je touchais, par mes relations variées, aux extrêmes de la société à l'opulence, à la misère, aux croyances les plus absolutistes, aux principes les plus révolutionnaires. J'aimais à connaître et à comprendre les divers ressorts qui font mouvoir l'humanité et qui décident de ses vicissitudes. Je regardais avec attention, je me trompais souvent, je voyais clair quelquefois.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 461. B.− [En parlant de pers. ou de groupes de pers.] :
3. Pardieu! Quel est celui de mes livres qui n'a pas été un combat? Les moins mauvais sont les plus déchirés. Vous me dites de m'attendre à ceci : ce livre est républicain, la presse absolutiste l'attaquera; ce livre est libre-penseur, la presse catholique l'attaquera; ce livre est honnête, la presse bonapartiste l'attaquera. Vraiment! Croyez-vous? Quoi! Je glorifie le droit, la liberté, la raison, Pontmartin ne dira pas amen; je guerroie le despotisme, Grosguillot ne se prosternera pas! Je dis son fait au papisme, Veuillot ne baisera pas le talon de ma botte! Eh bien, non, cela ne m'étonne pas.
V. Hugo, Correspondance,1859, p. 305. 4. Le capitaine Zuela, de Copiapo, était un chilien un peu colombien, qui avait fait avec indépendance les guerres de l'indépendance, tenant tantôt pour Bolivar, tantôt pour Morillo, selon qu'il y trouvait son profit. Il s'était enrichi à rendre service à tout le monde. Pas d'homme plus bourbonien, plus bonapartiste, plus absolutiste, plus libéral, plus athée, et plus catholique.
V. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 140. − P. anal. [En parlant d'une pers.] Dont la manière d'être et de penser ressemble à celle d'un souverain absolu : 5. Rien de plus curieux, de plus mystérieux encore à moi-même, que ces rythmes alternants qui par moments me portent au bord de la foi et qui, dès que je me trouve en présence d'un converti et par-dessus tout d'un prosélyte, me rejette au large. Au fond, en ces domaines, je suis plus absolutiste encore qu'en nul autre : de moins en moins je puis concevoir la foi, je ne dis pas seulement sans la pratique, mais sans une forme de véritable sainteté : la foi comme solution, comme confort spirituel, comme cessation de pensées, me repousse complètement.
Ch. Du Bos, Journal,mars 1926, p. 46. 6. La conscience sait l'art de s'articuler elle-même, de vivre à la fois sur plusieurs plans : absolutiste de par sa vocation, elle doit en fait adapter l'idéal à un monde relatif.
V. Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 169. II.− Subst., POL. et HIST. Partisan de l'absolutisme. Anton. constitutionnel. A.− Propre : 7. À Madrid, les absolutistes se sont agités de nouveau. Il ne s'agissait de rien moins, pour ces excellents royalistes, que de massacrer sans miséricorde la reine et le roi. Mais cette fois encore, ce sont les negros et les révolutionnaires qui ont maintenu la dynastie de Ferdinand VII.
A. de Musset, Revue des Deux Mondes,Chronique de la quinzaine, 31 janv. 1833, p. 325. 8. Mais prenez garde aux exagérations des absolutistes, dans ce qu'on vous en dira.
F.-R. de Chateaubriand, Congrès de Vérone,t. 2, 1838, p. 112. 9. Les absolutistes modernes, même français, semblent s'inspirer du théoricien allemand qui dit : « deux fonctions incombent à l'état : rendre la justice et faire la guerre. Mais la guerre est de beaucoup la principale. » (Treitschke).
Rappelons aussi cette fameuse page de Bossuet (pol., liv. VIII, art. II, pr. I) : c'est autre chose qu'il (le gouvernement) soit absolu, etc. On voit que l'apologie de l'arbitraire est chose nouvelle chez des doctrinaires français, même par rapport à Bossuet. (Je parle des doctrines de Bossuet, non de ses conseils pratiques).
J. Benda, La Trahison des clercs,1927, p. 279. B.− P. anal. Domaines autres que la pol.Personne dont la manière d'être et de penser ressemble à celle d'un souverain absolu : 10. M. Léon Cogniet est un artiste d'un rang très élevé dans les régions moyennes du goût et de l'esprit. − S'il ne se hausse pas jusqu'au génie, il a un de ces talents complets dans leur modération qui défient la critique. M. Cogniet ignore les caprices hardis de la fantaisie et le parti pris des absolutistes. Fondre, mêler, réunir tout en choisissant, a toujours été son rôle et son but; il l'a parfaitement bien atteint. Tout dans cet excellent portrait, les chairs, les ajustements, le fond, est traité avec le même bonheur.
Ch. Baudelaire, Salon de 1845,1845, p. 41. 11. Quant aux classiques, ces royalistes de la littérature, ces absolutistes de l'art, ils crieront de cela et de bien d'autres choses; mais quand je me sens dans le vrai, je prends la devise de Ponce de Léon : dexa gritar.
V. Hugo, Correspondance,1855, p. 220. Prononc. : [ab̭sɔlytist]. Cf. absoudre. Enq. : /apsolytist/. Étymol. ET HIST. − 1. 1823 subst., terme pol. (Boiste, Additions : absolutiste, subst. fém. et masc. : partisan de l'absolutisme); 2. 1830 adj. « qui a le caractère de l'absolutisme (d'un inanimé) » (H. de Balzac, Peau de Chagrin, 27, 253 ds Quem. t. 1 1959 : Toujours sa médecine absolutiste, monarchique, dit Brisset en murmurant).
Formé sur absolutisme* par substitution de suff.; suff. -iste*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 44. BBG. − Pol. 1868. |