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ABDUCTION, subst. fém.
I.− ANAT. Mouvement qui écarte un membre ou un segment de membre de la ligne moyenne du corps. Anton. adduction :
1. Les doigts des oiseaux ne pouvant exécuter que l'adduction et l'abduction, les muscles précédens ont changé d'usage chez ces animaux, et ces deux fonctions ont été réparties entre les muscles, sans rapport constant avec la face de l'avant-bras à laquelle ils adhèrent; en sorte que si on donnoit à l'adduction le nom d'extension, et à l'abduction celui de flexion, comme on le pourroit, les fléchisseurs ne seroient pas tous à la face interne, ni les extenseurs tous à l'externe. Les fléchisseurs de l'homme seroient même devenus extenseurs. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 1, 1805, p. 325.
2. A − Squelette du membre supérieur. Les mouvements possibles à cette partie du squelette sont : 1) ... 3) Abduction et adduction (c'est-à-dire éloignement ou rapprochement d'un segment osseux du plan médian du corps) du bras entier par rapport au corps. J. Lallement, La Dynamique des instruments à archet,1925, p. 65.
P. ext. PSYCHO-PHYSIOL. Mouvement d'un organe des sens vers le dehors :
3. Les mouvements vers le dehors sont accélérés par le vert et ralentis par le rouge. La localisation des stimuli sur la peau est modifiée dans le sens de l'abduction par le rouge. Le jaune et le rouge accentuent les erreurs dans l'estimation du poids et du temps, chez les cérébelleux le bleu et surtout le vert les compensent. Dans ces différentes expériences chaque couleur agit toujours dans le même sens de sorte qu'on peut lui attribuer une valeur motrice définie. Dans l'ensemble le rouge et le jaune sont favorables à l'abduction, le bleu et le vert à l'adduction. Or, d'une manière générale, l'adduction signifie que l'organisme se tourne vers le stimulus et est attiré par le monde, − l'abduction qu'il se détourne du stimulus et se retire vers son centre. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. 242.
II.− LOG. Syllogisme aristotélicien dans lequel, la majeure étant certaine, mais la mineure seulement probable, la conclusion n'est elle-même que probable :
4. La science peut être enseignée (majeure certaine); la justice est une science (mineure probable); donc la justice peut être enseignée... Aristote(Lar. encyclop.).
Prononc. − 1. Forme phon. : [abdyksjɔ ̃]. 2. Dér. et composés : abducteur.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : ital. abduzione; esp. abducción; cat. abducció; roum. abductiune. 1541 « mouvement qui écarte un membre du plan médian du corps » terme d'anat. (Jehan Canappe, Tableaux anatomiques, IV ds Quem. s.v. : Car les abductions sont plus fortes que les adductions). Subst. lat. dér. de abducĕre « action d'emmener, action d'enlever » dep. Plaute; dep. St Ambroise au sens de « captivité » (TLL s.v., 63, 15). Emploi méd. du verbe dans attest. unique 1075 (Lambertus, mon. Hersfeldensis, abb. Haserensis, Annales, p. 248, 17 ds Mittellat. W. s.v., 19, 3 : ut ... hinc et inde abducta cute ... ossa nudarentur). Pas d'emploi méd. connu du subst. lat. HIST. − L'idée abstr. de « mouvement centrifuge » venue de l'étymon abducere « conduire à l'écart » et restée essentielle dans son dér. sav. fr. (cf. étymol.) rendait le mot apte à des emplois partic. théoriquement nombreux; pratiquement la lang. a fait 3 tentatives : A.− En anat. − C'est la tentative la plus anc.; dans la mesure où le mot est passé dans la lang. commune, c'est dans et par cette spécialité. xvies. cf. J. Canappe ds étymol.; A. Paré ds Littré; Quem. xviiies. : Abduction. Terme d'anatomie. Le mouvement d'abduction, dans les muscles du pouce, est celui qui fait que les doigts s'éloignent du pouce. Dionis (Trév. 1752). Et dans les muscles des yeux le mouvement d'abduction est celui qui éloigne la vue, ou l'œil du nez, et fait regarder par dessus l'épaule. (Trév. 1752, 1771, complétant la citation de Dionis). − Rem. Dans le même domaine Trév. 1771 est le seul à donner l'emploi suiv. (disparu après 1789?) : Abduction se dit aussi d'une certaine fracture dans laquelle l'os est séparé aux environs de l'articulation de manière que les extrêmités fracturées sont écartées l'une de l'autre. B.− En log. − La tentative est moins affirmée que dans le domaine précédent, de nombreux dict. ignorent ce sens (les Trév. sauf le dernier; Ac. sauf la 5eéd.; Littré; DG; Rob.). Ac. Compl. 1842 (puis Besch. 1845 et les Lar.) le donne à titre de complément. De nos jours, ne vit guère que dans les dict. spécialisés, cf. Lal. (de ce domaine la lang. commune ne connaît de la même famille morph. que déduction et induction). 1reattest. Trév. 1771 suivi par Ac. 1798 : Abduction, en Logique, est une façon d'argumenter, où le grand terme est évidemment contenu dans le moyen terme, mais où le moyen terme n'est pas intimement lié avec le petit terme. Ainsi l'on accorde la majeure d'un tel syllogisme et l'on force de prouver la mineure afin de développer davantage la liaison du moyen avec le petit terme. Ac. Compl. 1842 (copié par Besch. 1845) distingue l'emploi scolast. et l'emploi philos. (sans doute mod.) : Abduction (scolast.). Argumentation où le grand terme est évidemment... (cf. Ac. 1798) (Phil.) Élimination d'une ou de plusieurs propositions considérées comme désormais inutiles à la démonstration qu'on s'efforce de simplifier. Raisonner par abduction. C.− En tactique milit. − La tentative est récente et a échoué. Elle semble être le fait d'un technicien du début du xixes., le général Bardin, dont s'inspirent longuement Besch. 1845 et sans doute Ac. Compl. 1842, seuls dict. à mentionner ce sens : Ce mot, qui, dans la milice romaine, signifiait déboîtement, dislocation, rupture, avait, dit le général Bardin, une acception analogue à l'apogogue de la milice grecque. Il n'est point en usage dans les milices modernes. Nous l'avons employé par esprit de simplification au lieu de la locution verbeuse et dépourvue de substantif : mettre des pelotons en arrière, ou mettre des files en arrière, etc. Une abduction est le moyen de mettre des files en arrière, dans une colonne de route, pour en rétrécir le front; c'est l'action de plier une portion des ailes d'une subdivision de colonne en arrière-ordre; c'est enfin la méthode qui établit momentanément un interstice quand une partie d'une ligne de bataille rencontre, en marche, un obstacle. L'expression abduction indique aussi la position de la fraction ainsi ordonnée et l'évolution produisant ce résultat. Ce mot se distingue en : abduction clisique; - de colonne; - de files; - en bataille; - en colonne; - épagogique; - mince; - paratoxique; - subdivisionnaire. Il s'emploie au pluriel, circonstance omise dans tous les dictionnaires. Dans le récit de la retraite de Xénophon, ce général mentionne clairement des abductions auxquelles il avait recours pour le passage des défilés. (Bardin). A l'exercice ou en manœuvre de guerre, un rétrécissement de chemin ou un obstacle sont les causes naturelles ou supposées des abductions. Besch. 1845. − Rem. 1. Le fr. n'a pas fait les tentatives apparemment les plus naturelles sur la base du lat. abductio (cf. Gaff.) « action d'emmener »; « expulsion »; « captivité » (ds St Ambroise) et surtout « retraite, solitude » (ds Vulgate). 2. Abduction eût pu concurrencer séduction, les 2 mots étant étymologiquement analogues; cf. aussi à ce sujet abducteur, étymol. in fine (anc. gloss. lat.-all. donnant l'équivalence abductor − Verleyder, c.-à-d. « trompeur », « séducteur »).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 11.
BBG. − Franck 1875. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Mots rares. 1965. − Nysten 1814-20. − Séguy 1967. − Spr. 1967.