| ABAT, subst. masc. A.− Terme de bouch. [En emploi absolu ou avec compl. introd. par la prép. de toujours au plur. (cf. abattre I A 1)] Parties accessoires non nobles d'animaux tués pour la consommation (cf. abattis ex. 13, 14) : 1. Il [le bouillon] était succulent et onctueux, robuste et pourtant délicat, affiné qu'il était par des abats bouillis de poule.
J.-K. Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 93. 2. Un autre poète bourgeois a imaginé, dans le goût allégorique de son temps, un combat entre Carnage et Carême, c'est-à-dire une variété de « disputaison » entre le régime gras et le régime maigre; et sa fiction (...) lui est une occasion d'énumérer, lui aussi, toute une série de plats et de mets (...). Et voici le catalogue qu'on peut dresser d'après son dénombrement (...). Du côté de Carnage, c'est-à-dire en fait de plats gras, ce sont les volatiles, chapons, poussins en rôt ou en brouet (...) les viandes de basse-cour et de venaison : (...); les abats et les pâtés, saucisses poivrées et andouilles à la moutarde, tripes de porc et de mouton; ...
E. Faral, La Vie quotidienne au temps de saint Louis,1942, p. 169. Rem. 1. Abats tend à se spécialiser en fr. contemp. pour parler des animaux de bouch. 2. Abat d'arbres synon. de abattage (d'arbres) (cf. abattage ex. 3 et 4). B.− [En parlant d'une chose, et plus particulièrement de la pluie; presque toujours suivi d'un compl. introd. par la prép. de; le plus souvent au plur.] Action de s'abattre, chute : 3. Anne-Marie s'y laissait emporter et descendait tout égarée dans ces grands abats de pluie, dans ces vacarmes des sapins, dans cette canonnade à gros ressauts du tonnerre, ...
H. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 215. 4. Rien ne le [le hibou] tire de son repos ni de son mutisme, hormis l'approche du mauvais temps : les grandes pluies en hiver, les orages en été. Il les pressent souvent deux jours à l'avance, soit qu'il se considère comme mal protégé contre le ruissellement froid des averses ou les abats de grêlons, soit qu'il appréhende la chute de la foudre sur l'arbre qui le loge.
J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 2, 1923, p. 207. 5. Et les gerbes étaient ensuite empilées en gerbiers, pour se couvrir entre elles en cas d'abat d'eau inattendu, ...
J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 48. − Ce sens se rencontre dans l'expr.pluie d'abat « averse », et dans l'expr. de fr. région. (ouest) tomber d'abat : 6. Abat, s. m. − ... Tomber d'abat, − t. abondamment et pesamment, en parlant d'une pluie battante. Se dit au sg. : il mouille d'abat. Un abat d'eau est une grande chute d'eau.
Verr.-On.1908. C.− En fr. région (ouest) : 1. MANUTENTION (cf. abattre I B) : 7. Abat, s. m. − ... Force d'un levier résultant de sa longueur.
Verr.-On.1908. 2. MINÉR. (cf. abattre I A 2) : 8. Abat, s. m. − ... Tr. − Partie détachée de la roche schisteuse. Cf. Abatage.
Verr.-On.1908. 3. SYLVIC. (cf. abattre I A 1) : 9. Abat, s. m. − Longueur sur laquelle s'abat un arbre.
Verr.-On.1908. 10. Abat, s. m. − ... En abat, − bon à abattre, à émonder, en parlant du bois : ... des léiards qui sont en abat.
Verr.-On.1908. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aba]. Dub. recommande la prononc. [abɑ] avec a post. Enq. : /aba/. 2. Homon. : abat(s), verbe abattre; aba, subst. masc. « tissu »; abas, subst. masc. « poids persan ». 3. Hist. − Le mot apparaît sous sa forme actuelle dès son entrée dans la lang. au début du xves. (cf. étymol.). Pour la forme redoublée abbat au xvies., cf. abattre. Absent des dict. du xviieet du xviiies., le mot réapparaît régulièrement dans les dict. à partir de Ac. Compl. 1842 qui renvoie à abatage et à abatis; Ac. 1878 toutefois ne le mentionne pas. Littré propose en vedette 2 orth. : abat ou abas avec la rem. : ,,Si on suivait l'orthographe de Descartes l'étymologie serait à et bas.`` A partir du DG, l'emploi de la forme au plur. s'impose comme terme de bouch., les autres emplois du mot étant signalés comme vieillis (cf. aussi Pt Rob.). Dub. ne mentionne que la forme du plur. (terme de bouch.). Pt Lar. 1968 réserve 2 entrées à ce mot : ,,Abat, n. m. Pluie d'abat, averse abondante``, et ,,abats, n. m. pl. terme de bouch``. − Rem. En ce qui concerne la prononc., Littré donne la possibilité entre ,,(a-ba ou a-bâ)``, â corresp. à un a post. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Sens passif. − 1400 « viande d'animal abattu » terme bouch. (Régl. du Parl. de Paris ds Ch. Morot, Régl. des viandes de bouch., 23 ds Gdf. Compl. : Tenuz [les bouchers] de porter ou faire porter aux champs toutes yssues et sang de leur abat); ce sens subsiste.
II.− Sens actif. − 1. 1468 « celui qui abat » emploi fig. (Chatellain, VI, 175, Kervyn ds R. hist. litt. Fr., I, 178 : Cy git l'effroy du haut roy Priamus [Neoptoleme?] L'abat d'orgueil de ses enfans cremus); 2. 1524 « action de tuer (en combat), massacre » (Le Franc-archier de Cherré, Anc. poés. fr., XIII, 28 ds R. hist. litt. Fr., 1, 178 : Et quand les autres capitaines veirent l'abat que j'en faisoye); 3. 1527 « action d'abattre (des arbres) » (Ord. gén. Eaux et Forêts ds Gdf. : Lesquels se veulent attribuer la coupe de tous bois revenus après l'abbat des hautes futayes). Seul le sens 3 subsiste.
Dér. régr. de abattre* 1 et 2, sens propre et fig. STAT. − Fréq. abs. litt. : 31. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Baulig 1956. − Goosse. La libre Belgique, 1-2 mars 1970. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. |