| AÉRATION, subst. fém. A.− Action d'aérer. 1. Action de renouveler l'air, de le faire pénétrer et circuler dans un espace clos. a) [S'applique à l'inanimé (notamment dans le domaine de la constr. et des mines)] − [Suivi d'un compl. prép.] Aération d'un tunnel (cf. ex. 8) : 1. On (...) emploie les souffleries à éjection pour (...) l'aération de galeries de mines...
R. Champly, Nouvelle encyclopédie pratique,t. 14, 1927, p. 165. − Emploi abs. : 2. ... l'aération, si nécessaire pour la cuisson des viandes, ne peut faire défaut, grâce au tirage de tant de tuyaux...
P. Mérimée, Lettres à Viollet-le-Duc,1870, p. 290. 3. ... il faudra (...) abaisser la température de la mine par une ventilation et une aération énergiques, ...
Brumpt, Précis de parasitologie,1910, p. 388. 4. ... et je compte douze mètres de long sur huit de large à donner à l'étable afin d'y loger de quatorze à seize bêtes. (...) La hauteur sous plafond résulte de l'aération à assurer. Elle sera de quatre mètres.
J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 1, 1925, p. 149. 5. ... il est des essences qui ont besoin d'ombre et de couvert pour bien venir, et d'autres d'aération et de lumière.
J. de Pesquidoux, Le Livre de raison,t. 2, 1928, p. 21. 6. Le mobilier, faute d'aération et de chauffage, commençait à verdir de moisissures discrètes. Une remise à neuf du casino, par les soins de l'État, au lendemain de la guerre, serait donc on ne peut mieux venue.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 173. − [Précédé d'un subst. concr.] Tuyau d'aération. Servant à l'aération : 7. Toutes les maisons seront bâties sur une voûte de fondations, ouverte de tous côtés, et formant sous le premier plan d'habitation un sous-sol d'aération en même temps qu'une halle.
J. Verne, Les Cinq cents millions de la Bégum,1879, p. 158. 8. Est-ce que le père Soupe, ce jour-là (à cent lieues de soupçonner l'arrivée prématurée de son collègue), n'avait pas inventé de se laver les pieds? et ce dans la cuvette commune?
Parfaitement! assis sur une chaise, adossé au tuyau d'aération des lieux qui traversait la pièce dans toute sa hauteur, il raclait ses jambes velues et empoissées de savon noir, ses genoux cabossés en flancs de vieille casserole et que les replis de la culotte coiffaient d'un double turban.
G. Courteline, Messieurs-les-Ronds-de-Cuir,1893, p. 123. b) P. ext. [S'applique à une partie (creuse) du corps hum.] :
9. ... ce volume [d'air 500 cc.] n'est certes plus assez considérable (...) dans certains états morbides où il y a hématose, c'est-à-dire où l'échange des gaz du sang est devenu insuffisant par suite de l'aération incomplète des poumons; ...
Baratoux, La Voix,1912, p. 66. 10. L'art de bâiller :
Un chien qui bâille au coin du feu, cela avertit les chasseurs de renvoyer les soucis au lendemain. Cette force de vie qui s'étire sans façon et contre toute cérémonie est belle à voir et irrésistible en son exemple; il faut que toute la compagnie s'étire et bâille, ce qui est le prélude d'aller dormir; non que bâiller soit le signe de la fatigue; mais plutôt c'est le congé donné à l'esprit d'attention et de dispute, par cette profonde aération du sac viscéral. La nature annonce par cette énergique réforme qu'elle se contente de vivre et qu'elle est lasse de penser.
Alain, Propos,1923, pp. 486-487. 2. Action de faire passer de l'air sur un objet, sur une partie ou un élément du corps humain : 11. ... l'un [l'épiderme] et l'autre [le liège] possèdent un dispositif d'aération des tissus sous-jacents...
Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale,t. 1, 1931, p. 131. 12. Mais, chez une grenouille, la respiration peut être suspendue longtemps sans entraîner aucun désordre, soit que l'aération du sang qui s'effectue à travers la peau lui suffise, soit même qu'elle soit totalement privée d'air respirable et se contente de l'oxygène emmagasiné dans ses tissus.
É. Durkheim, De la division du travail social,1893, p. 384. − P. ext. [En parlant de l'homme] Action de s'aérer, de prendre l'air : 13. Le sanguin (...). Il lui faut de l'air plus fondamentalement encore que du mouvement, mais l'aération exige une vie mouvementée, et toutes les conditions qui favorisent le travail cardio-pulmonaire et la sanguification, notamment de l'exercice régulier et très varié.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 186. 3. Emplois techn. − PÉDOL. Aération du sol : 14. L'aération du sol est une condition de sa fertilité, parce que l'air est le pourvoyeur d'oxygène nécessaire à la grande majorité des êtres vivants.
Plais.-Caill.1958. − TECHNOL. DIVERSES. Aération statique. ,,Système d'aération fondé sur la différence de densité entre l'air chaud et l'air froid.`` (Lar. encyclop. Suppl. 1968) : 15. L'aération de l'eau distillée s'obtient en condensant les vapeurs aqueuses au contact d'un excès d'air, ...
L. Ser, Traité de physique industrielle,t. 2, 1890, p. 307. 16. L'aération [des vins] n'est pas favorable à la clarification, tandis que le froid et la pasteurisation donnent (...) de bons résultats.
R. Brunet, Le Matériel vinicole,1925, p. 424. B.− 1. Action de pratiquer des espaces vides dans un lieu compact. − CONSTR. Aération (de solive). ,,Vide ménagé sur les trois faces verticales d'une extrémité de solive dans un mur en maçonnerie.`` (Lar. encyclop.). − GÉOL. Aération du relief. Synon. de dissection du relief.,,Modification par développement d'une entaille fluviatile qui devient de plus en plus dense.`` (Lar. encyclop., s.v. dissection) : 17. D. Johnson (1933) a proposé de mesurer le travail accompli par l'érosion, non à la fraction détruite de la surface initiale, mais au volume de matériaux enlevé, autrement dit au degré d'évidement, l'aération du relief.
Baulig1956, p. 161. 2. P. anal. a) [En parlant d'œuvres d'art] Action de mettre de la lumière dans un tableau, de la libre fantaisie dans une œuvre littéraire : 18. Les paysages de Lhôte sont beaux. Il y en a un qui me ravit. Il n'avait pas encore allié à une telle clarté, à un tel jaillissement limpide une pareille profondeur contenue dans la composition. Le rythme enfin devient substructure et de moins s'affirmer touche davantage; on peut se confier au délice des accords colorés sans avoir la gêne de se sentir imposer un schéma. C'est de là, je crois, que vient cette impression d'aération et de limpidité dont tu m'avais parlé.
J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de J. R. à A. F., sept. 1909, p. 162. 19. Peut-être sera-t-il soulagé de n'avoir pas à contempler une fois de plus dans un livre un monde laborieusement rétréci aux dimensions d'un homme. Peut-être éprouvera-t-il peu à peu un sentiment d'aération, de diversité imprévisible, de « libre parcours ». Et si quelque chose peu à peu se construit ou se rassemble, peut-être approuvera-t-il que ce soit avec les incertitudes, les retours, les hasards que prodigue la vie.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,préf., 1932, p. xvii. b) [En parlant de l'âme hum.] :
20. Solange ayant rapporté quelques propos de Costals, sur le goût maniaque des Français pour les objets, dont ils encombrent leurs intérieurs, et les moqueries qu'en fait l'étranger, on avait bazardé pas mal de vieilleries. L'aération avait été la même dans l'âme de MmeDandillot : un désir de faire peau neuve.
H. de Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1262. Prononc. : [aeʀasjɔ
̃]. Harrap's 1963 transcrit : aεrasjɔ
̃. Enq. : /aeʀasiõ/. Étymol. ET HIST. − 1836 (Land. : Aération... action de donner de l'air aux plantes dans les serres, etc... Effet de l'air sur les végétaux); Ac. 1878 enregistre aérage... L'aérage d'une chambre, d'un vaisseau; Ac. 1932 remplace aérage par : aérage ou aération, avec les mêmes exemples.
Dér. de aérer; suff. -ation*. STAT. − Fréq. abs. litt. : 51. BBG. − Bar 1960. − Barb.-Card. 1963. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Delorme 1962. − Guilb. Aviat. 1965. − Lar. mén. 1926. − Le Clère 1960 (s.v. aérer). − Littré-Robin 1865. − Plais.-Caill. 1958. |