| SUBLIMATION, subst. fém. A. − 1. ALCHIM., vx. Première préparation nécessaire consistant à purifier la matière par le moyen de la dissolution et de la réduction en ses principes, afin de permettre, quand elle est libérée de ses liens, d'agir (d'apr. GDEL). 2. CHIM. Opération consistant à faire passer un corps directement de l'état solide à l'état gazeux, sans passer par l'état liquide. Sublimation du camphre. La sublimation est une opération à l'aide de laquelle on réduit à l'état de vapeur (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat., 1868, p. 130).L'iode officinal est le produit purifié par sublimation (Lebeau, Courtois, Pharm. chim., t. 1, 1929, p. 78). ♦ Chambre de sublimation. Les chambres de sublimation sont (...) [parmi] les dépendances [du laboratoire d'un four] (Al. Brongniart, Arts céram., t. 1, 1844, p. 187). B. − Au fig. 1. Action de purifier, de transformer en élevant. Synon. exaltation, purification.Le martyre est une sublimation, sublimation corrosive (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 654).Son spiritualisme éclectique reste (...) contaminé par le matérialisme qu'il veut dépasser, le tableau qu'il esquisse de la vie éternelle est (...) près d'une transposition et d'une sublimation de la vie présente (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 51). 2. PSYCHANAL. ,,Mécanisme de défense visant à transformer et à orienter certains instincts ou sentiments vers des buts de valeur sociale ou affective plus élevée`` (Carr.-Dess. Psych. 1976). La sublimation érotique est fréquente dans les vocations d'artistes. On a même essayé de relier chaque forme artistique à des tendances plus précises, le goût de la sculpture par exemple à une persistance de l'amour infantile pour la boue et les matières molles (Mounier, Traité caract., 1946, p. 91). Rem.,,La psychanalyse utilise ce terme pour désigner, au niveau des processus affectifs de la personnalité, la substitution inconsciente d'intérêts conscients et reconnus acceptables par rapport à l'échelle des valeurs sociales aux forces inconscientes, aux pulsions sexuelles notamment, qui orientent l'être humain vers des conduites socialement réprouvées (...) Freud a vu dans la sublimation un moyen d'accès aux acquisitions artistiques, morales, religieuses, scientifiques de la pensée`` (Coudray 1973). Prononc. et Orth.: [syblimasjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1274 [ms. xives.] « élévation, exaltation » (Primat, Philippe Auguste, I, XXI ds Gdes Chron. de France, éd. J. Viard, t. 6, p. 158: sublimation de France [...] destruction de la gent sarrazine), très rare; 2. 1486 « état de perfection, de vertu sublime » (La tresample et vraye Expos. reigle M.S. Ben., fol. 48ads Gdf.), très rare. B. 1. a) xves. alchim. faire sublimation (Jean de La Fontaine, Fontaine des amoureux de science, 455 ds Rose, éd. D. M. Méon, t. 4, p. 263); b) 1904 chim. (Nouv. Lar. ill.); 2. 1856 « action de purifier, de transformer en élevant » (Hugo, Contempl. t. 3, p. 471); 3. 1913 psychanal. sublimation [de l'instinct sexuel] (Th. Flournoy, c.r.: Jung, in Arch. de psychol., t. 13, p. 198 ds Quem. DDL t. 29). Empr. au lat.sublimatio « action d'élever, élévation » fig., à basse époque (Blaise Lat. chrét.); terme d'alchim. au Moy. Âge (1144 ds Latham; fin xiiies., Arnaud de Villeneuve ds Du Cange), de là l'empl. fig. « action d'affiner » (xiiies., Thomas d'Aquin, Somme ds Blaise Latin. Med. Aev.). 3 est la trad. de l'all. Sublimierung, terme de psychanal. (cf. 1917, S. Freud, Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse, III, XXII in Werke, Frankfurt, Fischer Verlag, t. 11, 1944, p. 338). Fréq. abs. littér.: 93. Bbg. Quem. DDL t. 29. |