| LÉTHÉ, subst. masc. MYTH. GR. Fleuve de l'Enfer dont les eaux avaient la propriété de faire oublier leur passé terrestre aux âmes des morts qui devaient les boire. Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, (...) Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé (Baudel., Fl. du Mal,1861, p. 117).− Au fig. ou p. métaph. Chaque instant de la vie est un Léthé qui nous sépare de ce qui fut (Suarès, Voy. Condottière, t. 3, 1932, p. 145). ♦ Boire de l'eau du Léthé. ,,Oublier, perdre la mémoire`` (Ac. 1935). REM. Léthéen, -enne, adj.,rare. Relatif au Léthé. Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse En t'en venant la vase et les pâles roseaux, Cher ennui (Mallarmé, Poésies,1898, p. 37).Au fig. ou p. métaph. Qui provoque l'oubli. À nos amphores d'onyx Boira ta soif léthéenne (Régnier, Poèmes anc.,1890, p. 22).Où sont les mains d'amis, les lèvres parfumées, Les seins offerts jadis où l'on posa le front, D'où montait le parfum léthéen et profond, Où donc est le sommeil heureux des biens-aimées? (E. Gaubert, Les Roses latines,p. 27 ds Rheims 1969). Prononc. : [lete]. Étymol. et Hist. Ca 1160 Lethes (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2504); 1555 Lethe (Ronsard, Continuation des Amours, Ode à N. Denizot ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 199); 1840 expr. avoir bu l'eau du Léthé « avoir peu de mémoire » (Ac. Compl. 1842). Empr. au gr.
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η « Léthé, un des fleuves des Enfers », de λ
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η « oubli ». |