| INTELLECTUALISTE, adj. et subst. A. − [Correspond à intellectualisme A] 1. [En parlant de qqc.] Qui, dans le domaine de la philosophie ou de la psychologie, relève de l'intellectualisme. Conception, analyse intellectualiste; théorie intellectualiste de la perception. La force de la psychologie intellectualiste comme de la philosophie idéaliste vient de ce qu'elles n'avaient pas de peine à montrer que la perception et la pensée ont un sens intrinsèque (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 172).Spinoza traduit en termes intellectualistes l'argument qu'Épicure appliquait aux rapports de la mort et de la sensation (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 58): ... dans la philosophie moderne, deux grands courants distincts (...). L'un porte les doctrines intellectualistes et rationalistes, où revit l'esprit de la spéculation grecque, et qui cherchent à fonder sur la théorie les règles de l'action; l'autre, les doctrines mystiques, sentimentales, volontaristes...
Lévy-Bruhl, Mor. et sc. mœurs,1903, p. 52. 2. [En parlant de qqn] Qui professe la doctrine de l'intellectualisme philosophique ou psychologique, ou qui en est partisan. [M. Georges Sorel] le dit expressément : « (...) dans quinze ou vingt ans, une nouvelle génération débarrassée (...) des fantômes construits par les philosophes intellectualistes depuis Descartes, n'écoutera plus que les hommes capables de lui expliquer la théorie du mal... etc. » (Massis, Jugements,1923, p. 281). − Emploi subst. Lapie, vieil intellectualiste; vieux Kantien, connaît assez bien Spinoza, Leibniz et Descartes (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 200). B. − [Correspond à intellectualisme B] P. ext., souvent péj. 1. [En parlant de qqn] Dont l'attitude consiste à accorder la prédominance aux solutions purement intellectuelles, au point souvent de méconnaître les réalités. Les gens sont tous et si profondément intellectualistes qu'ils aiment mieux (...) tout plutôt que de renoncer à leurs formules, à leurs tics, à leurs manies intellectuelles (Péguy, Notre jeun.,1910, p. 165).« L'intelligence, quelle petite chose à la surface de nous-mêmes! » a dit cet homme [Barrès] si intelligent, si peu intellectualiste (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 176). − Emploi subst. L'auteur de l'Esprit des lois, pour prendre un intellectualiste littéraire (Benda, Fr. byz.,1945, p. 38). 2. [En parlant de qqc.] Marqué par l'intellectualisme. Caractère intellectualiste du cubisme. Une pensée intellectualiste me paraît être : ou bien celle qui forme des idées adéquates à la réalité, avec le respect des sévères méthodes qui peuvent conduire vers cette fin (la pensée scientifique); ou bien celle qui, partant de postulats indémontrables, s'astreint à demeurer cohérente avec elle-même, selon les lois de la logique (Benda, Fr. byz.,1945p. 286). Prononc. : [ε
̃tεl(l)εktɥalist], [-telεk-]. Cf. intellect. Étymol. et Hist. 1853 adj. (Amiel, Fragments d'un journal intime, éd. E. Scherer, t. 1, p. 69). Dér. de intellectuel*; suff. -iste* ou dér. de intellectualisme* par substitution de suff.; cf. l'angl. intellectualist (1605 ds NED). Fréq. abs. littér. : 87. |