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BLANC, BLANCHE, adj. et subst.
I.− Adjectif
A.− [Blanc est inhérent à la qualité, la nature, la fonction, etc., du qualifié]
1. Qui, combinant toutes les couleurs du spectre solaire, a la couleur de la neige, du lait, etc.
a) [En parlant d'un inanimé]
[En parlant d'un produit de la nature] J'observais une crête neigeuse se détacher à l'horizon, blanche comme une traînée de lait (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 230):
1. En avant du petit bois dentelé par les obus, des flocons blancs, autour d'un avion, piquaient un ciel adorable, lac vert pâle bordé de bruyères. Maurois, Les Silences du colonel Bramble,1918, p. 19.
SYNT. a) Ciel, nuage blanc; une lumière blanche; des fleurs blanches, des lilas blancs; du marbre blanc. b) Blanc d'albâtre; blanc comme du lait; blanc comme la cire des cierges; blanc comme une colombe.
Spéc. Gelée* blanche. Le soleil blanc se lève au-dessus de la terre couverte de gelée blanche (Claudel, La jeune fille Violaine,1reversion, 1892, p. 554).
[En parlant d'un produit de l'industr. hum.] Un manteau blanc; des gants blancs :
2. Annie, ce jour-là, avait lessivé jusqu'à quatre heures, frotté sur son poignet sanglé d'une bande de toile tout le linge blanc. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 301.
Spéc. dans le domaine de l'alim.De la farine blanche; fromage* blanc; sucre* blanc; sauce* blanche :
3. Les Gaulois préparaient un pain blanc réputé, et ils passaient déjà pour les plus grands mangeurs de pain du monde; ... R. Lalanne, L'Alim. hum.,1942, p. 21.
4. La nuit n'est jamais si froide qu'elle n'arrache à la cité des entrepôts des senteurs de blé moulé, de céréales pulvérisées, (...), de farine blanche et de pins résineux. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 37.
5. ... nous faisons escale au café Ebro où nous venons (...) pour manger de savoureuses omelettes aux champignons et des écrevisses pimentées à point, avec ce vin blanc capiteux qui porte si bien son nom de diamante. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 322.
b) [En parlant d'un animé]
[En parlant d'une pers.] Mais la nuit n'est plus noire et j'ai les cheveux blancs (Aragon, Le Roman inachevé,1956, p. 227):
6. Ton regard est celui d'une vierge timide. Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour, Semble encore ignorer qu'on soupire d'amour. Chénier, Bucoliques,1794, p. 153.
7. C'était un gaillard, au cou puissant, aux poings énormes, blond, très blanc de peau, la barbe rare, à peine un duvet doré qui frisait, soyeux. Zola, La Bête humaine,1890, p. 90.
Être blanc. Avoir les cheveux blancs.
Loc. verbale. Devenir blanc. Pâlir. Henri devint blanc comme le foulard blanc qui lui servait de cravate (E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 240).
Au fig. :
8. Et ceux qui représentent l'ouvrier sont tous des doctrinaires aux mains blanches. Alain, Propos,1931, p. 987.
[En parlant d'un animal] Un cheval, un mouton, un papillon blanc; un ours* blanc :
9. Le bébé, ensaucissonné de molleton, semblait un gros ver blanc cylindrique, muni d'une paire de pattes qu'il agitait. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 20.
c) Expr. diverses
Bonnet blanc et blanc bonnet. Se dit de deux choses, de deux personnes identiques malgré les apparences. Clérical ou franc-maçon, pour moi, c'est bonnet blanc et blanc bonnet (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Mon oncle Sosthène, 1882, p. 28).
Cousu de fil blanc. Se dit de quelque chose dont on ne peut masquer l'évidence :
10. Je n'écrirais plus aujourd'hui... exagérations, naïvetés, petits mensonges inutiles, petites malices cousues de fil blanc! J'avais pourtant bien essayé de n'être pas dupe de moi-même; ... Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 339.
Connu comme le loup blanc. Se dit de quelqu'un qui est très connu :
11. Il porta le surnom de Gaspard de Sumontargues, surnom qui devint Gaspard Des Montagnes, quand il fut connu comme le loup blanc par tout le bas pays d'Auvergne. Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 53.
Donner carte blanche. Laisser toute liberté de manœuvre :
12. « Lorsqu'une fois on m'a manqué essentiellement, je n'en reviens plus. » Cette réponse me donnait carte blanche, ... Restif de La Bretonne, M. Nicolas,1796, p. 17.
d) Loc. adv.
À blanc
Chauffer* à blanc. Jusqu'à ce que le métal de rouge devienne blanc. P. métaph. :
13. Au bout de quelque temps, on le retrouve gênant. Alors, − c'était la commune, − on chauffe à blanc son républicanisme, on le fait engager dans la garde nationale et il est fusillé au champ-de-mars... E. et J. de Goncourt, Journal,1882, p. 147.
Saigner à blanc. Jusqu'à la dernière goutte de sang. Au fig. :
14. Son mari est un petit professeur de français en Angleterre. Elle l'avait quitté pour venir à Pau. Elle était mariée depuis trois mois. Il avait dû se saigner à blanc pour l'envoyer là-bas. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 970.
Couper à blanc. De façon à ne plus rien laisser :
15. [Le notaire] : − ... La forêt de Waignies vaut en ce moment près de quatorze cent mille francs; mais, qu'aujourd'hui pour demain, votre père la coupe à blanc, vos treize cents arpents ne vaudront pas trois cent mille francs. Balzac, La Recherche de l'absolu,1834, p. 239.
2. P. métaph. [Blanc comme symbole]
[De la pureté ou de l'honnêteté] :
16. ... Luizzi eut toutes les peines du monde à ne pas faire la grimace, mais il se remit dans son fauteuil, s'attendant à une histoire bien romanesque, d'où Madame De Farckley sortirait blanche comme une colombe; ... Soulié, Les Mémoires du diable,t. 2, 1837, p. 339.
17. Et elle ne savait même pas qu'elle avait eu des désirs que sa chair avait gémi d'amour, (...), tellement elle était cuirassée d'ignorance, l'âme blanche, toute blanche. Zola, Le Rêve,1888, p. 192.
18. Je ne sais plus du tout ce que je lui racontai, mais (...) il félicita maman de ma belle âme. Je m'épris de cette âme que j'imaginais blanche et rayonnante comme l'hostie dans l'ostensoir. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 32.
Bal* blanc.
[De l'ingénuité] :
19. Dame, ça dépend. C'est tout à fait les petites oies blanches. Ça a peut-être son charme. Si vous aimez les petites oies blanches, vous êtes servi à souhait. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 884.
3. Au fig. Qui a lieu ou se manifeste en dehors de ses conditions ou effets habituels :
20. ... depuis des années, je dresse sur le papier des projets d'opérations, − « blanches » naturellement. Mais cette fois-ci!... n'en parle pas à maman, je veux lui en faire la surprise. P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 150.
VERSIF. Vers blancs. Vers qui ne riment pas entre eux :
21. Nous ne sommes pas assez heureux pour mêler dans la même scène la prose aux vers blancs et aux vers rimés; ... Vigny, Lettre à Lord ***,1829, p. 276.
SYNT. Examen* blanc; mariage* blanc; vote* blanc; nuit* blanche; colère blanche. Voix blanche. Voix sans timbre.
En partic. [En parlant de papier] Qui n'est pas écrit. Copie, page blanche.
Loc. verbale. Tirer à blanc. Sans que le fusil soit chargé :
22. ... et l'on peut se croire au milieu de la guerre, à se voir entouré de ces hommes, (...) faisant à blanc aujourd'hui le simulacre de la fusillade, qu'ils auront à faire demain. E. et J. de Goncourt, Journal,1870, p. 598.
B.− [Blanc s'oppose à ce qui est foncé, noir, rouge, parfois sale, etc.]
1. Qui est d'une teinte claire, parfois éclatante, par opposition à ce qui, dans la même espèce pourrait être foncé.
a) [En parlant d'un inanimé]
[En parlant d'un produit de la nature ou tiré de la nature] Du bois blanc; du vin blanc :
23. ... le sol, solide et sonore sous nos pas, quoique recouvert encore d'une légère couche de sable blanc, nous indiquait le rocher succédant aux vagues de sable : ... Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 93.
[En parlant d'un produit de l'industr. ou de l'activité hum.]
Spéc., TECHNOL. Arme* blanche; fer* blanc; verre* blanc.
♦ Dans le domaine de la vie culturelle, pol., etc.Livre* blanc; drapeau* blanc; magie* blanche.
b) [En parlant d'un animé] La race blanche; avoir le teint blanc.
Viande* blanche :
24. ... cet officier, (...) avait mangé sans le savoir d'un pâté fait avec la chair de son épouse et depuis, ne pouvait plus manger de viande blanche... E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1212.
25. ... il se mit à lire, d'une voix blanche et ânonnante d'écolier qui ne tient pas compte de la ponctuation. Zola, La Terre,1887, p. 77.
Spéc., BIOL., PATHOL. Globule* blanc; gorge, langue blanche; mal* blanc; pertes* blanches.
c) Expr. diverses
Faire chou blanc. Essuyer un échec :
26. ... mais le plus souvent l'on fait chou blanc et ce dernier rush ne vous libère pas : ... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 165.
Marquer d'un caillou blanc, d'une pierre blanche. Signaler un jour heureux par opposition à un jour néfaste.
Montrer patte blanche. Fournir la preuve que l'on appartient ou que l'on est digne d'appartenir à un groupe (social, politique, etc.) par allusion à la fable de La Fontaine : Le loup, la chèvre et le chevreau.
Manger son pain blanc le premier. Commencer par ce qui est agréable.
2. [En parlant plus partic. de ce qui est propre p. oppos. à ce qui est sale] Une nappe blanche. Que d'autres soient, d'une main amie, sous un frais drap blanc, disposés pour le repas (Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 307).
II.− Substantif
A.− Blanc, blanche. Homme, femme de race blanche. La traite* des blanches :
27. ... comment la dissemblance du nègre et du blanc accuserait-elle autre chose que la diversité de leur histoire religieuse, politique et naturelle? Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 219.
28. Notre seul espoir est que les psychologues découvrent quelque jour des « tests » qui élimineront le facteur de l'éducation, pour établir des comparaisons entre les blancs et les races exotiques. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 17.
Rem. S'emploie encore pour désigner la droite conservatrice, p. oppos. aux rouges qui forment la gauche.
Au masc. Petit blanc (dans les anciennes colonies). Individu de race blanche mais de condition modeste :
29. ... nobles et roturiers se mêlaient dans une bourgeoisie moderne de propriétaires, caractérisée par la richesse, au-dessus des « petits blancs ». G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 14.
Rem. 1. Autrefois, chouans p. oppos. aux républicains, dits les Bleus. 2. Au siècle dernier, partisan de la monarchie.
B.− Subst. masc.
1. Emploi abs.
a) [Indique la couleur] Il a peint en blanc la chambre depuis la bibliothèque jusqu'à la cheminée (Balzac, Correspondance,1819, p. 31);elle était vêtue de blanc et avait un voile blanc sur la tête (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 416):
30. Quant au tien [portrait], chère bonne maman, il est parfait, sauf ce contraste du blanc et du noir qui − c'est la faute de la photographie − fait paraître le visage et les mains durs et blêmes. Mallarmé, Correspondance,1862, p. 21.
De but* en blanc. À l'improviste, brusquement. Il n'a pas tant de tort de s'aller marier de but en blanc avec une inconnue (Claudel, Le Ravissement de Scapin,1952, p. 1323).
SYNT. Friture de blancs (poissons de rivière); aimer le blanc; porter du blanc; avoir le blanc (maladie des végétaux); écrire noir sur blanc (fam.); cuisson au blanc (court-bouillon); poulet au blanc; siège en blanc (non couvert).
Passer du blanc au noir. Changer d'avis.
Spécialement
Le blanc. Le vin blanc; blanc de blanc(s). Vin fait exclusivement avec des raisins blancs :
31. J'aurais plus gagné à le vendre aux Allemands. Du beau blanc de blanc. Il nommait ainsi le vin blanc de raisin blanc. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 120.
Le blanc. Le linge blanc. Magasin, maison de blanc; la quinzaine du blanc :
32. En bas, enfin, l'exposition de blanc prenait, au fond des vitrines, une intensité de ton aveuglante. Rien que du blanc, un trousseau complet et une montagne de draps de lit à gauche, des rideaux en chapelle et des pyramides de mouchoirs à droite, ... Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 764.
SYNT. Porter du blanc; se marier en blanc; vouer un enfant au blanc. Lui faire porter des vêtements blancs en l'honneur de la Vierge.
Au fig., arg. :
33. Voué au blanc (être) : se dit − dans l'argot des faubouriens − d'un apprenti qui n'aime pas à travailler et qui préfère polissonner avec les voyous et les filles du faubourg. A. Delvau, Dict. de la lang. verte,1866, p. 399.
b) [Avec un idée d'espace vide] Laisser un nom en blanc; un acte en blanc; un blanc dans la conversation (un silence); chique* en blanc; promotion* en blanc.
TYPOGR. Espace vide entre deux lignes :
34. ... mon article a paru, coupé hélas! À la présence de Dieu, mais avec les blancs et les italiques que je demandais. J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1907, p. 312.
2. [Suivi d'un groupe prép. déterminatif]
a) Blanc de + compl.Blanc de lait; blanc de marbre.
[En parlant de certains produits chim., céruse, oxyde de zinc, etc.] Blanc de chaux, de zinc; blanc d'espagne, d'antimoine, de bismuth. Les blancs de craie, ou sous-carbonates de chaux, sont assez abondants (Manuel du fabricant de couleurs,t. 1, 1884, p. 46).
P. compar. :
35. ... un matin, un homme d'une cinquantaine d'années, doué de cette figure de blanc de céruse que la vie du monde donne aux diplomates, ... Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1847, p. 162.
Blanc de baleine*.
ART MILIT. Blanc d'eau. Inondation provoquée artificiellement en avant d'une position.
Blanc de Hollande. Variété de peuplier blanc.
b) Blanc de + compl. partitif.Blanc d'une cible; blanc de maquereau; blanc de volaille, de poulet.
Blanc de champignon. Mycélium du champignon de couche, servant à sa multiplication dans les champignonnières.
Blanc de l'œil, blanc des yeux. Partie blanche de l'œil. Je rougis jusqu'au blanc des yeux (Stendhal, Vie de Henry Brulard,t. 1, 1836, p. 206):
36. C'était un grand maigre, sec comme un échalas, jaune de teint jusque dans le blanc des yeux, et qui demeurait secret, fermé, bouclé, cadenassé. Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 15.
37. ... il veut faire l'artiste lui aussi, et discute : « vous ne trouvez pas que les joues sont bien jaunes? » ou « le blanc de l'œil me semble un peu froid. » Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 78.
Regarder qqn dans le blanc des yeux (de l'œil). Regarder fixement quelqu'un :
38. Il n'existe après tout que bien peu de raisons valables pour un civil inconnu de s'aventurer de ces côtés... espion, suspect, on trouva mille raisons pour me toiser de travers, les officiers dans le blanc des yeux, les femmes en souriant d'une manière entendue. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 143.
Blanc d'œuf. Substance transparente qui entoure le jaune (cf. albumine) :
39. ... vous mêlez une livre et demie de sucre en poudre avec dix-huit blancs d' œufs fouettés bien fermes. Les Gdes heures de la cuis. fr., Carême, 1833, p. 146.
Absol. Blanc monté en neige.
C.− Subst. fém.
1. JEUX. La boule blanche au jeu du billard. Jouer, tirer sur la blanche :
40. ... le comte André, dirigeait les billes du billard à son gré, le soir où il m'avait comme médusé par ses moindres gestes? La blanche touche la rouge un peu à gauche, part sur la bande, revient sur l'autre blanche. P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 138.
2. MUS. Cf. blanche.
3. Argot
a) ,,Cocaïne`` (Esn. 1966) :
41. J'vous ai préparé cinq kilos de blanche... − ... l'as reçu cinquante kilos de morphine base... Faut les traiter... − ... Tout en blanche? − Tout en blanche, oui. A. Le Breton, Razzia sur la Chnouf,1954, p. 53.
b) ,,Eau de vie de marc`` (La Rue 1954) :
42. L'homme tout de même est si drôle avec sa jambe raide qu'il l'a mis dans un roman. On lui paye parfois une « blanche », il est célèbre chez les étudiants. Claudel, Feuilles de Saints,1925, p. 594.
Rem. On rencontre dans les dict. les composés suiv. : a) Blanc-aune. ,,Nom vulgaire de l'alisier commun`` (Lar. 20e); blanc-bois. ,,Bois dont le revenu est presque nul`` (Ibid.); blanc-cul. ,,L'un des noms du bouvreuil`` (Littré); blanc-culet. ,,L'un des noms du Moteux`` (Ac. Compl. 1842); blanc-or. ,,Sorte de raie des mers du Canada, dont le dos est blanc et or`` (Lar. 19e); blanc-pendard. ,,Nom vulgaire de la pie-grièche`` (Littré); blanc-ployant. ,,Défaut du fer qui le rend peu propre à passer à la filière`` (Ibid.); blanc-poudré. ,,Poudré à blanc`` (Ibid.); blanc-whasis. ,,Onguent pour la brûlure`` (Ibid.); blanc-tapis. ,,Maison de jeu`` (Besch. 1845). b) Blanche-coiffe. ,,Espèce de corbeau`` (Littré); blanche-queue. ,,Un des noms du Jean-le-blanc, oiseau`` (Ibid.).
Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [blɑ ̃], fém. [blɑ ̃:ʃ]. Pour le groupe final -nc, Fouché Prononc. 1959, p. 411, note : ,,c ne se prononce pas dans banc, blanc, flanc, franc, (il) convainc, (il) vainc, ajonc [cf. ce mot], jonc, tronc`` (cf. aussi Lab. 1881, p. 73). Littré : ,,Blanc et noir, dites : blan et noir; excepté dans cette locution où d'ordinaire on le fait entendre [le c] : du blanc au noir, dites : du blan-k au noir; l's au pluriel se lie : blancs et noirs, dites : blan-z et noirs. Palsgrave au xviesiècle dit qu'on prononce blan; et au xviie, Chifflet recommande de ne pas prononcer le c final même devant une voyelle.`` Enq. : /blã, -ʃ/. 2. Forme graph. − Ortho-vert 1966, p. 46, note que les adj. indiquant la couleur suivis d'un complément relatif à la nuance sont inv. Ex. : châtain clair, gris cendré, gris bleu, gris perle, rose tendre, blanc sale, bleu marine, jaune citron, rouge cerise, brun foncé, etc.
Étymol. ET HIST. I.− Adj. A.− 1. a) 950-1000 « de la couleur de la neige, sans aucune teinte » blanc vestimenz (Passion de Clermont-Ferrand, 396, éd. D'Arco Silvio Avalle, p. 119); b) 1174 « vêtu de blanc » relig. freres blancs (G. de Pont-Sainte-Maxence, Vie de Saint Thomas, 1966 dans T.-L.); 2. ca 1100 « brillant et de la couleur de l'argent » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 2316); d'où armes blanches (v. arme). B.− Absence de qqc. 1. a) 1172-75 « peu ou pas coloré » vin blanc (Chrétien de Troyes, Chevalier à la Charette, éd. M. Roques, 991) et en partic. b) xives. « pâle » blanc de paour (Froissart, II, III, 13 dans Littré); 2. a) [ca 1180 a.flam. « non terni, propre » (d'apr. FEW t. 15, 1, p. 138b)]; xvies. « id. » main blanche (D'Aubigné, Trag., V dans Gdf. Compl.); b) 1678-79 « innocent » (La Fontaine, Fables, VII, 1 dans Littré) [c'est le subst. au sens de « dupe » qui est attesté dans le jargon de la Coquille chez Villon (P. Guiraud, Le Jargon de Villon, Paris, Gallimard, 1968, p. 50) et non pas l'adj. comme l'indique FEW t. 15, 1, p. 139a]. II.− Subst. A.− 1. Ca 1100 « couleur blanche » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 1934); 2. ca 1340 « matière colorante blanche » blanc d'Espaingne (Dialog. fr.-flam., fo7c dans Gdf. Compl.); 3. a) xvies. à blanc « jusqu'à devenir blanc » (Amyot, Pomp. 99 dans Littré : [...] leur harnois fourbis à blanc). B. − 1. a) Ca 1210 « partie blanche de l'œil » (Raoul de Houdenc, Meraugis de Portlesguez, 4726 dans T.-L. : Ovri les ieuz, si l'esgarda Mout fierement, et en poi d'ore Li retorna li blans desore. Un plaint giete, si s'en revet); b) ca 1256 li blans des iex (Aldebrandin de Sienne, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 48, 8); c) ca 1265 li blans d'un uef (Brunet Latin, Le Livre du Trésor, 112 dans T.-L.); d) [xives. d'apr. FEW t. 15, 1, p. 145a] 1534 blanc de chappon (Rabelais, Gargantua, I, 39 dans Littré); 2. ca 1230 « étoffe blanche » (Guillaume Le Clerc, Fergus, 16, 13 dans T.-L. : unes braies de blanc) − xives., E. Deschamps, Poés., éd. G. Raynaud, 9, 43; 1866 comm. Magasin de blanc (Lar. 19e); 3. a) 1306 « marge, partie non écrite » dans Du Cange, s.v. album; b) 1657 en blanc « se dit d'un document où les termes essentiels sont laissés en blanc » (Pascal, Prov. 17 dans Littré); c) 1751 typogr. (Encyclop.); 4. a) 1507-08 « espace blanc du centre d'une cible » d'où « but » (Eloy d'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Charles-Fréd. Ward dans IGLF : Je vueil que tu frappes au blanc); 1540 « cible » (B. de La Grise, trad. de Guevara, L'Orloge des Princes, II, 33 dans Hug.) d'où b) 1690 de butte en blanc (Fur.) au propre et au fig. v. aussi but. 5. 1678-79 « homme de race blanche » (La Fontaine, éd. A. Régnier, Gds Ecrivains de France, t. 10, p. 96). Du germ. *blank « blanc » (Brüch, p. 68, 100; REW3, no1152; FEW t. 15, 1, p. 146) à rattacher à l'ags. blanca et à l'a. nord. blakkr « pâle, blanc tirant sur le jaune (surtout d'un cheval) » (De Vries Anord.); le germ. est directement passé dans les domaines gallo-rom. (a. prov. blanc, xiies. dans Rayn. t. 1, p. 222) et ital. (lat. médiév. blancus, ca 942 dans Arnaldi, Latinitatis italicae medii aevi lexicon, 1939; it. bianco xiiies. dans DEI); l'a. cat. blanc (1176 dans Alc.-Moll) est de même plus prob. issu directement du germ. qui empr. à l'a. prov.; ainsi l'aire géogr. du mot exclut l'hyp. d'une orig. frq. Cf. les nombreux termes de couleur empr. au germ., v. bleu, blond, brun, fauve, gris; d'apr. Brüch, loc. cit., blanc aurait été comme ces 3 derniers termes, employé par les soldats germains pour qualifier les chevaux. Il a éliminé les 2 adj. lat. albus « d'un blanc mat » et candidus « d'un blanc éclatant ».
STAT. − Fréq. abs. littér. : 13 255. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 14 117, b) 26 332; xxes. : a) 22 398, b) 16 745.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 28, 279; t. 2 1966, p. 111. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, no16, p. 73. − Guiraud (P.). Le Jargon de la Coquille. Cah. Lexicol. 1967, no11, p. 47. − Lajaunie (M.-A.). Préjugés et lang. Vie Lang. 1969, pp. 76-77. − Quem. 2es. t. 2 1971, p. 148; t. 3 1972, p. 24. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 61; pp. 69-70; p. 109. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1956, pp. 530-531.