| -ITUDE, -TUDE, suff. Suff. formateur de subst. abstr. de genre fém. désignant la qualité ou l'état exprimé par la base. A. − 1. [Le dér. désigne exclusivement ou principalement la qualité morale, l'état psychol. ou physiol.] V. aptitude, béatitude, certitude, complétude, décrépitude, incertitude, incomplétude, ingratitude, inquiétude, plénitude, quiétude, rectitude, solitude. 2. [Le dér. désigne l'appartenance à un groupe social] V. négritude, servitude. B. − [Le dér. désigne principalement une qualité physique ou objective] V. désuétude, exactitude, finitude, inexactitude, infinitude, multitude, similitude, vastitude. C. − [Le dér. est un terme du vocab. sc. (astron., géogr., phys.)] V. altitude, amplitude, latitude, longitude, magnitude. Morphologie
A. − Nature de la base. J. Bourquin (infra bbg., p. 53) a souligné l'importance, à côté des bases constituées par un adj. autonome, d'un paradigme de morph. non autonomes en i- facilement repérables : ,,Ils apparaissent formés sur des radicaux latins ou pseudo-latins qui se présentent normalement sous une forme en i-, et dont certains gardent, sous cette forme et dans la composition, une disponibilité toujours actuelle : altimètre, certifier, longiligne, latifolié, multinationale, magnificence, rectilinéaire, solipède, similicuir``. V., en plus des mots du vocab. sc. : certitude, incertitude, multitude, rectitude, servitude, similitude, solitude.
B. − Rattachement du suff. à la base adj.
1. -itude s'ajoute essentiellement à une finale en [t] : aptitude, béatitude, exactitude, ingratitude, vastitude. Cependant, on notera : amplitude, lassitude, négritude.
2. -itude est réduit à -tude lorsque la finale est :
a) -i(e) [i] ou -it [i]/-ite [it] : décrépitude, finitude, infinitude.
b) -et [ε] /-ète [εt] : complétude, désuétude, incomplétude, inquiétude, quiétude. On notera, dans ce cas, l'alternance [ε]/[e].
3. -itude est réduit à -tude lorsqu'il est lié à un formant sav. en -i (supra A).Vitalité. Aux xixeet xxes., les dér. sont en nombre relativement restreint.
A. − Le suff. manifeste une certaine disponibilité dans le domaine de la philos. et de la psychol. : incomplétude (1907, Lar. Lang. fr.), finitude (1920), complétude (1928).
B. − Des dér. en -itude sont créés à partir d'ethniques ou d'adj. exprimant l'appartenance à un groupe. Ils fonctionnent souvent en parallèle avec des dér. en -ité : corsitude/corsité, francitude/francité (cf. X. Ravier, Espace ling. fr., espace ling. occitan, pp. 29-30 ds Banque Mots, 1978, no15, pp. 28-29). P. oppos. à -ité qui exprime l'idée de personnalité culturelle, morale, psychologique, affective modelée par l'appartenance au groupe, -itude tend à exprimer l'état d'oppression, d'aliénation. Le point de départ paraît être négritude (ca 1933). J. Bourquin (infra bbg., pp. 47-50 et 65-66) relève corsitude, féminitude, maigritude, québécitude.Rem. Ces termes sc. s'opposent à des dér. de la lang. cour. : altitude/hauteur, amplitude/ampleur, latitude/largeur, longitude/longueur. Prononc. : [-ityd]. Étymol. et Hist. Étymol. et Hist. A. Le suff. -(i)tude est la forme fr. sav. du suff. lat. -tūdō
formant des subst. abstr. à partir d'adj. : forti-tūdō, magni-tūdō, pulchri-tūdō, etc., ou à partir de thèmes verbaux : habi-tūdō, consuē-tūdō, valē-tūdō, etc. L'évolution phonét. régulière a donné en a. fr. des mots en -une ou -ume, dont le fr. contemp. a gardé amertume et coutume. B. Les premiers empr. datent du xiies. : multitude, servitude. Au xiiies. : béatitude, ingratitude, mansuétude, similitude, sollicitude. Au xives. : aptitude, lassitude, latitude « largeur », longitude « longueur », plénitude, rectitude. Au xves. : altitude, amplitude, certitude, gratitude, inquiétude, promptitude, quiétude. Au xvies. : désuétude, hébétude, magnitude, vastitude. Les formations fr. sont peu nombreuses : décrépitude (1387), infinitude (fin xvies.), exactitude (1644), platitude (1694). Bbg. Becherel (D.). La Dér. des n. abstr. en fr. Concurrence des suff. Thèse, Paris-Sorbonne, [1974], p. 178; pp. 255-257. - Bourquin (J.). Rem. sur la formation néologique récente des subst. en -itude dér. ou non. In : [Mél. Guilbert (L.)]. Néol. et lexicol. Paris, 1979, pp. 47-64. - Dub. Dér. 1962, p. 14, 39. |