| -OCHE, -OCHER, suff. I. − -oche. Suff. formateur de subst. et d'adj., surtout dans la lang. arg. et pop. A. − [Suff. formateur de subst.] 1. [La base est un subst.] V. bidoche, cinoche (rem. s.v. cinéma), clodoche (rem. s.v. clochard), épinoche, filoche, mailloche, mioche, patoche, pioche et aussi: bénoche (de l'arg. bénard, de même sens), subst. masc., arg. Pantalon. La bouche pleine, le ventre valsant de contentement dans son bénoche (San Antonio,On liquide et on s'en va, Paris, Fleuve Noir, 1981, p.62). damoche, subst. fém.Dame. Une de ces damoches qui voulaient nous en remontrer parce qu'elle était la femme d'un contremaître de la manufacture (Exbrayat,Le Chemin perdu,Paris, A. Michel, 1982, p.188). doche (de l'arg. dabe*), subst. fém., arg. et vx. Mère. Si nos doch' étaient moins vieilles (Richepin,Chans. gueux,1876, p.138). Belle(-)doche,(Belle doche, Belle-doche) subst. fém., pop. Belle-mère. Le brave mec n'avait qu'une moujingue (...) que la belle doche ne pouvait pas piffer (Stollé,Contes,Cendrillon, 1947, p.1). loloche, subst., pop. [Le plus souvent au plur.] Sein de femme. Une jolie fille armée d'un beau cul et de loloches plaisantes (San Antonio,Meurs pas, on a du monde,Paris, Fleuve Noir, 1980, p.112). péloche, pelloche, subst. fém., pop. Pellicule (photographique). Un de ces mercenaires de la péloche réussit à les suivre jusqu'à Hawaii (Le Canard enchaîné,30 juin 1982, p.6, col. 2). téloche, subst. fém., pop. Télévision. Ils ont branché la téloche (...). Mais ils regardent et écoutent distraitement (San Antonio,On liquide et on s'en va,Paris, Fleuve Noir, 1981, p.17). valoche, subst. fém., pop. Valise. Peu après, Zazie s'amenait accompagnée par un type qui lui portait sa valoche (Queneau,Zazie,1959, p.252). Rem. 1. Dans quelques cas, le subst. fém. en -oche correspond à un subst. masc. en -o: clodo, lolo. 2. Le suff. entre aussi dans quelques topon., p. ex. a) La Bastoche. ,,La Bastille`` (Esn. 1966). b) La place d'Italoche. La place d'Italie, à Paris. Quand tu seras complètement (...) décidée, on se transportera en douceur jusqu'à la place d'Italoche (P. Siniac, Les 401 coups de Luj Inferman', Paris, Gallimard, 1980 [1972], p.80). c) La Santoche. ,,La prison de la Santé`` (Esn. 1966). 2. [La base est un verbe] V. brioche, pétoche. B. − [Suff. formateur d'adj.; la base est un adj.] :
dégourdoche, pop. Dégourdi. Il signale la disparition de sa voiture, au risque de faire piquer ses complices, si les condés étaient un brin plus dégourdoches (San Antonio,Passez-moi la Joconde,Paris, Fleuve Noir, 1982 [1972], p.115). fastoche (avec élargissement du suff.) , pop. Facile. Blessé, et à la tronche, ce qui n'est pas fastoche à dissimuler (San Antonio,On liquide et on s'en va, Paris, Fleuve Noir, 1981, p.53). II. − -ocher. [Suff. formateur de verbes, surtout dans la lang. arg. et pop.] A. − [La base est un verbe] V. balocher, bavocher, branlocher (rem. s.v. branler), flânocher (rem. 1 s.v. flâner) et aussi: râlocher, verbe trans. et intrans., pop. Grognasser, maugréer. −(...) Nous brûlons, ma grosse pomme, nous brûlons! −Tu veux même dire qu'on carbonise, râloche l'Enflure (San Antonio,On liquide et on s'en va, Paris, Fleuve Noir, 1981p.154). B. − [La base est un subst.] V. effilocher. Rem. En dehors de quelques mots où -oche n'est pas un suff. comme coche, galoche, médianoche, on relève -oche dans quelques empr. à l'ital., v. bamboche, fantoche, sacoche. Prononc.: [ɔ
ʃ], [ɔ
ʃe]. Étymol. et Hist. 1. L'orig. du suff. -oche qui, selon Nyrop t.3 1936, § 4235, ,,paraît remonter à un suff. -occa, inconnu au latin classique`` est considérée comme inconnue par Meyer-L. t.2 1966, §168; le suff. -ocher est formé sur le précédent. 2. Le suff. -oche a été utilisé dès l'a. fr. (filoche) et le m. fr. (brioche, mailloche, pioche), parfois sous la forme -oiche; épinoche est att. au xiiies. et mioche en 1787. Mais le suff. est partic. productif au xixes. (bidoche, 1829; doche, 1876; clodoche, 1888) et surtout au xxes. où, en dehors de valoche (1913), la plupart des créations sont contemp.: cinoche, loloche, péloche, pétoche, téloche. 3. Le suff. -ocher, en dehors de effilocher, att. au part. passé en emploi subst. en 1657 et de balocher (1830), est surtout productif dans la lang. pop. du mil. du xxes. Bbg. Darm. 1877, p.91, 120. _ Dub. Dér. 1962, p.19. _ Sain. Sources t.2 1972 [1925] p.314. |