| -TÉ, -ETÉ, -ITÉ, suff. Suff. formateur de très nombreux subst. fém. de l'inanimé, indiquant une qualité dér. d'une base adj. A. − Forme -té. V. amirauté, beauté. B. − Forme -(e)té. V. ancienneté, citoyenneté, débonnaireté, dureté, entièreté (rem. s.v. entier), étrangeté, gracieuseté, grossièreté, joyeuseté, lâcheté, légèreté, mocheté (dér. 2 s.v. moche), netteté, oisiveté, opiniâtreté, propreté, saleté. C. − Forme -ité. V. admissibilité, authenticité, brutalité, clandestinité, créativité, criminalité, disponibilité, frivolité, fugacité (dér. s.v. fugace), génialité, impénétrabilité, intrépidité, laïcité, localité, mensualité, notabilité, originalité, sportivité (dér. 2 s.v. sportif), superficialité (dér. s.v. superficiel), susceptibilité et aussi: Morphol. Les principales modifications de la base sont entraînées par: 1. une dér. sav. à partir du modèle lat. de l'adj., comme -aire (< -arius): capillarité; -able (< -abilis): altérabilité; -ible (< -ibilis): admissibilité; -el (< -alis): mensualité; -eux (< -osus): adiposité ; -if (< -ivus): créativité ; -ique (< -icus): laïcité; 2. le modèle instantané-ité, spontané-ité: contemporanéité, diaphanéité, étanchéité. Dans certains dér., la base n'est analysable qu'en recourant à la diachr., en raison de l'évolution phonét. de la lang.; ainsi amirauté < amiral.lavabilité. Fait d'être lavable. Très jeune, Robe écossais mode, beau lainage, certificat de lavabilité « Lux » (Le Figaro, 8 oct. 1952, p. 9). − Spécialement ♦ SC. ET TECHN. V. absorptivité, altérabilité, atomicité, capillarité, connexité, contractilité (dér. s.v. contractile), dilatabilité (dér. s.v. dilatable), ductilité, extensibilité (dér. s.v. extensible), fluidité, friabilité (dér. s.v. friable), luminosité, matité, plasticité, porosité, sphéricité (dér. s.v. sphérique), tonicité. ♦ Autres domaines.V. adiposité (anat.), convention(n)alité (rem. s.v. conventionnel1) (dr.), domanialité (rem. s.v. domanial) (dr.), irrévoca-bilité (dr.), primarité (psychol.), riveraineté (dér. s.v. riverain) (dr.), secondarité (dér. 2 s.v. secondaire) (psychol.), transitivité (dér. s.v. transitif) (ling.). Rem. Le suff. ne s'applique qu'except. à une base nom. V. bouddhéité. Prononc. et Orth.: [-te], [-əte], [-ite], le 1erdans beauté, étrangeté, le 2edans opiniâtreté. Hist. et Vitalité. Le suff. est tiré du suff. lat. -tas (honestas > honnêteté, majestas > majesté, paupertas > pauvreté, pubertas > puberté), parfois élargi en -etas (ebrietas > ébriété, proprietas > propriété) ou en -itas (adversitas > adversité, civilitas > civilité, dignitas > dignité, suavitas > suavité). De nombreux mots fr. proviennent de mots lat. ainsi formés (v. aussi affabilité, animosité, aridité, calamité, civilité, humilité, etc.). Très productif en fr. dès l'époque médiév. (xiies.: ancienneté, débonnaireté, mauvaiseté; xiiies.: joyeuseté, masculinité, netteté, notabilité, oisiveté, etc.), le suff. a servi à former des dér. à toutes les époques, les formations les plus récentes étant, au xxes., primarité et secondarité (1945), créativité (1946), thermicité (1953), bouddhéité (1957). Dès le Moy. Âge, certains mots en -(e)té ont été concurrencés par d'autres dér., ainsi aveugleté/aveuglement, bizarreté/bizarrerie, couardeté/couardise, noireté/noirceur. À partir du xvies., la forme -ité, seule disponible auj., commence à l'emporter sur celle en -(e)té, qui ne sera plus guère productive; à noter cependant: opiniâtreté (1528), propreté (1538), grossièreté (1640-42), citoyenneté (1783), mitoyenneté (1804), quotidienneté (1834). Un certain nombre de réfections sont par ailleurs opérées, la forme -ité (souvent dans le développement -bilité) remplaçant une forme plus anc.; ainsi serviableté/serviabilité (1530). Le suff. -ité a moins élargi ses aires d'empl. au xixeet xxes. que le suff. -isme (voir Dub. Dér. 1962, p. 38). Dans certains cas et notamment dans le vocab. didact. et philos., la coexistence de mots en -isme et en -ité entraîne des différenciations secondaires. V. apriorisme/apriorité (dér. s.v. à priori), bouddhisme/bouddhéité, globalisme/globalité, historicisme/historicité, masculinisme (dér. 1 s.v. masculin)/masculinité (dér. 2 s.v. masculin), modernisme/modernité, mutualisme/mutualité, mysticisme/mysticité. Bbg. Becherel (D.). Différenciation morpho-sém. des suff. nominalisateurs de l'adj. Cah. Lexicol. 1981, t. 38, p. 48, 52, 56; La Dér. des noms abstraits en fr. Thèse, Paris, 1974, pp. 250-254. − Brunet (E.). Le Vocab. fr. de 1789 à nos jours... Genève; Paris, 1981, pp. 434-439, 523-529. − Darm. 1877, p. 114, 204-205. − Dub. Dér. 1962, p. 2, 14, 34, 38-39, 95, 96, 110. − Gall. 1955, p. 366. − Goosse 1975, p. 3. − Plate (H.). Die Suffixe -ura, orem, -tudo und -tas im Französischen... Danzig, 1928, 83 p. |