| EXÉGÈSE, subst. fém. Analyse interprétative d'un texte de la pensée d'un auteur (infra synt. a). Exégèse shakespearienne. Elle [la poésie] est la proie de l'exégèse qui est sans conteste une muse puisqu'il lui arrive de traduire en clair nos codes, d'éclairer nos propres ténèbres et de nous renseigner sur ce que nous ne savions pas avoir dit (Cocteau, Poés. crit. II,Monologues, 1960, p. 177):1. La science expérimentale a bouleversé la civilisation et les conditions de vie de l'humanité, parce qu'à un savoir fondé sur l'analyse et l'exégèse des textes elle a substitué des connaissances puisées dans l'étude et la comparaison systématiques des faits.
L. Cros, Explosion scol.,1961, p. 115. ♦ P. plaisant. : 2. Costals passe à la mairie, où on lui remet une feuille jaune : « Renseignements généraux concernant les mariages. » Mais cette feuille, pleine du génie administratif français, est incompréhensible (...). Costals retournera demain chez son notaire, afin de se faire administrer une exégèse de la feuille jaune.
Montherl., Lépreuses,1939, p. 1405. − En partic. Analyse interprétative d'un texte sacré et, p. méton., discipline dont cette analyse constitue l'objet. Exégèse coranique (cf. Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 121).Exégèse biblique et, abs., exégèse (cf. accession ex. 20, agenouiller ex. 5 anthropomorphisme ex. 3, couture I B). De savants docteurs en exégèse discutant l'interprétation d'un texte sacré (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 81): 3. Les paraboles de Moïse. Quel sublime travail d'exégèse! Chacun des articles de la loi interprété comme une parabole évangélique!
Bloy, Journal,1894, p. 137. SYNT. a) Exégèse cohérente, difficile; bonne, plausible, sage exégèse; œuvre, point, question, volume d'exégèse; faire l'exégèse de; faire de l'exégèse. b) Exégèse catholique, orthodoxe, rabbinique; exégèse allemande; exégèse critique, grammaticale, historique, positive; exégèse morale, juridique; méthode d'exégèse; études, professeur d'exégèse; maître de l'exégèse. ♦ [En fonction de compl. du n.] Souvent péj. : 4. ... il est des textes non équivoques qui étayent, sans artifice ou subtilité d'exégèse, la doctrine ou, si l'on préfère, la façon de sentir et de penser constante du judaïsme en ce qui concerne le pouvoir qu'a l'homme d'être l'artisan de sa destinée morale.
Weill, Judaïsme,1931, p. 106. Prononc. et Orth. : [εgzeʒ
ε:z], [e-]. Cf. é-1. Enq. : /egzeʒez/. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1705 s. « interprétation d'un texte biblique » (Chastelain, Martyrologe ds Trév. 1732). Empr. au gr.
ε
̓
ξ
η
́
γ
η
σ
ι
ς « exposition de faits historiques » transcrit dans le lat. exegesis « exposition » (1537 ds Latham). Fréq. abs. littér. : 188. Bbg. Robida (F.). Pour sortir d'embarras. Vie Lang. 1967, p. 412. |