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ÉVENTER, verbe trans.
A.− Vieilli. Exposer (quelque chose) au vent, mettre (quelque chose) à l'air. (Quasi-)synon. aérer.Il faut éventer un peu ce meuble (Ac.).Pour éviter d'éventer des graines qui ne devront être semées qu'à des époques très-différentes, nous croyons qu'il serait convenable de diviser en quatre parties la totalité de cet assortiment (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 208).
1. Spéc., MAR. Éventer une voile. La mettre en position de prendre le vent. La brigantine fut alors éventée, et le brick, serrant le vent, se trouva par le travers de la Mercy (Verne, Île myst.,1874, p. 447).
2. En partic., rare. Altérer (une substance) en (la) laissant trop longtemps au contact de l'air. Éventer une liqueur (Ac.).
Emploi pronom., fréq. S'altérer plus ou moins rapidement au contact de l'air. Je ne gâchais pas mon plâtre assez vite ou plutôt je le laissais s'éventer. C'est en vain que (...), le vieux domestique, m'apportait du plâtre en poudre (Stendhal, H. Brulard,t. 1, 1836, p. 225).Norine. − Ce pot à tabac, comment le trouves-tu? (...). Lenglumé. − (...) Ne touche pas!... Norine. − Pourquoi ça? Lenglumé. − Parce que ça pourrait s'éventer (Labiche, Affaire rue Lourcine,1857, XI, pp. 464-465):
1. Et quand le père Colombe (...) eut empli les quatre verres, ces messieurs les vidèrent d'une lampée, histoire de ne pas laisser le liquide s'éventer. Zola, Assommoir,1877, p. 622.
Rem. Certains dict. gén. attestent l'adj. éventable. Qui peut s'éventer. Et même en l'absence de réactifs solubles accélérateurs, ces produits très poussés sont plus éventables que les ciments normaux (J. Cléret de Langavant, Ciments et bétons, 1953, p. 110).
Au fig. Perdre sa force, sa nouveauté. Les idées se sont éventées au cours des siècles, mais elles demeurent les petites obstinations personnelles d'un homme qui fut de chair et d'os (Sartre, Sit. II,1948, p. 80).Il se glissait dans toutes les amitiés des réserves et des rancunes, la haine s'était éventée (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 365).
B.− Mettre à l'air, au jour (ce qui est enfermé ou caché), en particulier dans le domaine militaire. La mine dirigée par Lefort fut éventée par les Turcs; celle de Gordon éclata (...) celle de Golovine (...) envoya dans les tranchées russes une masse énorme de débris qui tuèrent deux colonels et une centaine de soldats (Mérimée, Hist. règne Pierre le Gd,1864-68, p. 680).
Loc. fig. Éventer la mine, la mèche. Deviner un secret; divulguer ce qui aurait dû rester secret. Il nous soutenait, avec le plus grand sang-froid du monde, que la mine n'était pas éventée, que les indications portaient nécessairement à faux (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 146).Il fallait tenir l'œil ouvert sur ce croisé naïf qui, par ses maladresses, pourrait bien éventer la mèche (Gide, Caves,1914, p. 786).
P. anal. et au fig.
Deviner, pénétrer (un dessein secret) et (le) faire échouer. Quand elle commence à être grosse, on veut la marier; mais le futur évente une grossesse (Goncourt, Journal,1857, p. 316).Malheureusement les autorités damasquines éventèrent le complot et firent exécuter les chefs des assassins (Grousset, Croisades,1939, p. 132):
2. C'était [Mascha] une femme cruelle, logique, froide, jamais à court d'idées, d'une invention et d'une perversion sataniques quand il s'agissait de monter une nouvelle affaire, d'exécuter un attentat ou d'éventer les traquenards de la police. Cendrars, Moravagine,1926, p. 102.
Faire connaître (ce qui aurait dû rester secret). Si l'on communique et si l'on accorde, on évente le livre (Hugo, Corresp.,1866, p. 525).Le gamin tenait à nous ménager également, nous qui pouvions éventer ses projets de futur défroqué (H. Bazin, Vipère,1948, p. 132).
C.−
1. Brasser, agiter de l'air afin de rafraîchir (quelqu'un). Nous brûlerons de la résine autour de lui et nous l'éventerons avec des feuilles de fougère (Sand, Lélia,1833, p. 303).
P. métaph. La présence de son père auprès de lui, toutes scènes d'un passé si proche et si passé, et une sorte de grande brise fraîche, éventant sa vie (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 258).
Emploi pronom. réfl. Allez donc dire cela à madame la banquière trois étoiles, qui s'évente là-bas à son balcon (Borel, Champavert,1833, p. 222).Mais les regards sournois, les physionomies soudainement figées des jeunes filles qui se reposent et s'éventent m'en rendent certaine (Colette, Cl. école,1900, p. 308).
2. Brasser, agiter de l'air afin d'attiser un feu. Un plat en cuivre plein de braise que les enfants éventent à tour de rôle pour réchauffer un peu l'air (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 206).Le marteau sonnait sur l'enclume. Les étincelles jaillissaient du fer. La forge, éventée à la main, par un petit garçon qui était le neveu d'Avril, complétait un décor où rien n'était en désharmonie avec l'histoire de Marguerite de Provence (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 61).
D.− [Le suj. désigne un animal] Prendre le vent pour détecter et suivre à l'odorat ou à l'ouïe, la piste d'un animal. (Quasi-)synon. flairer.En général, les animaux carnivores ont l'ouverture des oreilles tournée en avant, pour éventer leur proie (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 304).Goupil entendit à l'orée du terrier le reniflement du chien qui l'éventait et l'énergique juron du braconnier supputant de la patience et de l'endurance bien connues des renards (Pergaud, De Goupil,1910, p. 14).
Emploi abs. ,,Ce cheval évente. Il a toujours le nez au vent`` (Ac.).
Prononc. et Orth. : [evɑ ̃te], (il s') évente [evɑ ̃:t]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1remoitié xiies. fig. « rechercher avec soin [comme en vannant], découvrir » [eventilasti, investigasti, TLL s.v., 1017, 6] (Psautier de Cambridge, 138, 3 ds T.-L.); b) 1478-80 id. « divulguer, répandre » (Coquillart, Droits nouveaux, éd. M. J. Freeman, 2066); 1580 esventer un secret (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, III, 3, p. 395); 2. 1178-84 « aérer » (G. d'Arras, Eracle, 3349 ds T.-L. : Quant li fourmenz est esventez); 3. fin xiies. « rafraîchir en agitant l'air » (Raoul de Cambrai, 5128, ibid.); 4. 1393 « altérer au contact de l'air » (Ménagier de Paris, II, 67, ibid. : se le vin sent l'esventé). Du lat. * exventare dér. de ventus « vent » et reconstitué à partir des langues romanes : a. prov. esventar, cat. esventar, ital. sventare, roum. zvinta. Fréq. abs. littér. : 221. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 88, b) 372; xxes. : a) 409, b) 416. Bbg. Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t. 17, p. 3, 8, 9, 10. − La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 249, 410.