| ÉVADER (S'), verbe pronom. A.− S'échapper d'un lieu où l'on était tenu enfermé, prisonnier. Nous voulons nous évader du bagne (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 254).J'avais envoyé Jean Massip, Perrel (...) avec mission (...) d'expédier vers nos forces combattantes les volontaires qui s'évaderaient des îles (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 128). ♦ [En périphrase factitive, emploi abs., avec ell. du pronom pers.] La veille de l'exécution, il vint dans le cachot du condamné et le fit évader à la faveur de sa robe (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 267). 1. P. ext. a) [Le suj. désigne une pers.] Quitter discrètement un lieu sans éveiller l'attention. Synon. s'éclipser, s'esquiver.« Ma belle-mère voulait m'atteler à son whist... J'ai dit que j'avais mal à la tête et je me suis évadé subrepticement... » (Pailleron, Âge ingrat,1879, II, 7, p. 67). b) [Le suj. désigne un inanimé] S'échapper, se dégager d'un lieu. L'aspect de la cour (...) et des lauriers (...) la bouffée tiède et odorante qui s'évadait de la chambre en caressant sa nuque (Colette, Chéri,1926, p. 175).Il [un sculpteur] a un visage sérieux et doux, (...) le regard s'évadant sans cesse vers le plafond ou par-dessus l'épaule de celui à qui il parle (Green, Journal,1943-46, p. 142). 2. ÉCON. POL. [En périphrase factitive, avec ell. du pronom pers.] Exporter. Ces familles (...) depuis quelques années, font évader leurs capitaux à l'étranger (Benda, Trahis. clercs,1927, p. 258).Cf. évasion A 2. B.− Au fig. 1. [Le suj. désigne une pers.] S'échapper, fuir (une réalité trop pénible, astreignante). Chacun possède ses raisons pour s'évader de sa misère intime et chacun de nous pour y parvenir emprunte aux circonstances quelque ingénieux chemin (Céline, Voyage,1932, p. 524).La guerre est absurde. Même désir de s'évader de ce cauchemar, de retrouver, au plus tôt, femme, enfants, travail, liberté, paix! (Martin du G., Thib.,Été 1914, 1936, p. 687).J'ai été occupé toute la matinée à faire dans le projet du traité les trous par lesquels je compte m'évader de mes obligations (Montherl., Reine morte,1942, II, 1, p. 167). 2. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Disparaître, se dissiper. Comme tout effort violent qui se perd, la douleur (...) s'évade en gémissement (Pergaud, De Goupil,1910, p. 96). Prononc. et Orth. : [evade], (je m')évade [evad]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1375 intrans. evader a « échapper à (quelque chose) » (Roy Modus et Royne Ratio, éd. G. Tilander, § 75, 15); 2. 1492 pronom. « s'échapper » (Nicole Gilles, Annales, fo26 vods Gdf. Compl.). Empr. au lat. class. evadere « sortir de, s'échapper de ». Fréq. abs. littér. : 539. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 362, b) 491; xxes. : a) 819, b) 1 224. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 326. |