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ÉTRANGLER, verbe trans.
I.− [Le rétrécissement affecte la gorge]
A. − [Le rétrécissement de la gorge est total] Tuer ou tenter de tuer en paralysant les voies respiratoires, par compression ou obstruction. Étrangler par justice. Son frère, en chemise, penché sur un lit, étranglait silencieusement sa femme avec la corde à linge (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1103):
1. ... tandis que le serrurier et Nicolo étreignaient le malheureux ouvrier dans leurs robustes bras, Colar lui passa le foulard autour du cou et se mit en devoir de l'étrangler. Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 550.
Emploi pronom. réfl. La bécasse (...) tout en picorant, passe la tête dans le nœud et s'étrangle (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 205).
P. exagér., fam. (ds certaines expr.). Avoir envie d'étrangler qqn de ses mains. Éprouver à son égard une haine violente. Oh! que je les hais, et comme je les étranglerais avec jubilation, joie, enthousiasme et satisfaction, ces riches! (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 894).
Loc. [Pour appuyer énergiquement une déclaration] Je veux être étranglé si... Et m'étrangle le diable si je bois jamais à la calebasse d'un vilain! (Bertrand, Gaspard,1841, p. 216).
B.− P. ext. [Le rétrécissement est partiel]
1. [L'agent du resserrement est de nature matérielle] Serrer ou irriter la gorge au point de provoquer une sensation d'étouffement. Un col, une cravate qui étrangle; être étranglé par la soif, par des sanglots. L'angine, l'affreuse angine qui étrangle les misérables hommes avait pénétré dans la ferme des Martinet, de pauvres gens! (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Mis. hum., 1886, p. 649):
2. Je suis entourée d'objets qui me détestent! Tout le jour cette écharpe m'étrangle. Une fois, elle s'accroche aux branches, une autre fois, c'est le moyen d'un char où elle s'enroule, une autre fois tu marches dessus. Cocteau, Machine infern.,1934, I, p. 41.
Emploi pronom. réfl. ou emploi intrans. à sens passif abs. S'étrangler en avalant de travers, en avalant une arête de poisson. La petite se plaignait d'une soif intolérable; elle étranglait, sa gorge séchée laissait entendre un sifflement continu (Zola, Page d'amour,1878, p. 934).Paule aspira la fumée de sa cigarette, s'étrangla, toussota (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 358).
2. [L'agent est de nature morale, émotionnelle, etc.] Faire perdre momentanément la faculté de respirer ou de s'exprimer normalement. La peur étrangle; être étranglé par l'émotion. Tu portes en toi l'angoisse de ton existence passée; un jour cette angoisse te remontera à la gorge et t'étranglera (Zola, M. Férat,1868, p. 125).Tous les bourgeois poussifs qu'étranglent les chaleurs (Rimbaud, Poés.,1871, p. 59).
Emploi pronom. réfl. ou emploi intrans. à sens passif abs.
a) [Le suj. désigne une pers.; l'agent est exprimé par un compl. prép. de ou reste implicite] S'étrangler de colère, de joie, de rire :
3. ... j'ai été absolument incapable de dire autre chose que des bredouillements confus, j'étranglais et personne n'a compris, pas plus que moi, les quatre sons que j'ai émis. Valéry, Corresp.[avec Gide], 1898, p. 333.
b) [Le suj. désigne un mot, un son, une voix; l'agent reste souvent implicite] Ne pouvoir sortir de la gorge. Il voulut parler... sa voix s'étrangla (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 110):
4. Je dis soudain, pitoyablement : « Je suis content de te voir ». Le dernier mot s'étrangle dans ma gorge : si c'était pour trouver ça, j'aurais mieux fait de me taire. Sartre, Nausée,1938, p. 174.
II.− P. anal. [Le rétrécissement concerne une entité autre que la gorge]
A.− [Il est de nature physique; le compl. d'obj. dir. désigne une entité concr.] Resserrer, comprimer de sorte qu'une chose perde le diamètre, la largeur nécessaire. Une ceinture, un gilet qui étrangle la taille; travaux qui étranglent une rue; étrangler un corridor. Au-dessus des deux monticules qui l'[la vallée] étranglaient (...) on apercevait à l'horizon comme un lac d'un bleu plus sombre que le ciel (Lamart., Destinées poésie,1834, p. 409).Il me parut avoir une ceinture de cartouches qui étranglait le ballonnement du corps (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 226).
Emploi pronom. à sens passif. Route qui s'étrangle en une ruelle. La route côtoie le Rhin, qui là se rétrécit subitement et s'étrangle entre de hautes collines (Hugo, Rhin,1842, p. 140).
Spéc., MAR. Étrangler une voile. Rétrécir sa largeur en la ramenant contre la vergue ou le mât pour la soustraire à l'action du vent (d'apr. Will. 1831).
B.− Au fig. [Le rétrécissement est de nature morale ou psychique]
1. Fam. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.] Étrangler qqn.Lui faire subir une contrainte morale ou financière insupportable. Conditions, exigences, soucis, qui étranglent. On nous étrangle... les droits augmentent tous les jours; mais que voulez-vous? Les paysans sont des paysans, et les seigneurs des seigneurs (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 1, 1870, p. 32).
2. Littér. [Le compl. d'obj. dir. désigne une entité abstr.] Empêcher de s'exprimer, de se manifester. Étrangler la liberté. Étrangler la République (cf. Zola, Fortune Rougon,1871, p. 84).Une affreuse pénurie de papier étranglait, en effet, la presse (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 112).
Vx. Étrangler une discussion, une question, un sujet. Ne pas lui donner les développements nécessaires. Il a étranglé son sujet, sa scène (Littré).
En partic. Étrangler une affaire. ,,La juger à la hâte`` (Ac. 1932).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Estrangouiller, verbe trans. Synon. arg. de étrangler. Je vas t'estrangouiller, oui, oui, moi! Et sans mettre des gants encore! (Zola, Assommoir, 1877, p. 792). b) Étranguillon, subst. masc. Goulet d'un soufflet hydraulique (cf. Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 273). Ac. 1798-1878 et la plupart des dict. gén. attestent en outre pour ce mot un emploi en méd. vétér. au sens de « angine du bœuf, du cheval ».
Prononc. et Orth. : [etʀ ɑ ̃gle], (j')étrangle [etʀ ɑ ̃:gl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1121-34 estrangler (Ph. de Thaon, Bestiaire, 2602 ds T.-L.); 1160-74 pronom. « suffoquer, étouffer » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 5454); 1319 fig. « ruiner » (Watriquet de Couvin, Dits, 225, 849 ds T.-L.). Du lat. class. strangulare « étrangler, suffoquer ». Fréq. abs. littér. : 872. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 1 405; xxes. : a) 2 304, b) 1 191. Bbg. Chautard (É). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 640. − Giraud (J.). Petite hist. du néol. Vie Lang. 1974, p. 205. (s.v. étranguillon).Wind 1928, p. 204 (s.v. étranguillon).