| ÉTOUPE, subst. fém. Résidu grossier de fibres textiles obtenu lors du traitement de la filasse, en particulier de chanvre ou de lin. Mèche, tampon d'étoupe; l'étoupe d'un briquet. On évitera surtout, et en toutes circonstances, d'imprégner des étoupes de liquide médicamenteux (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 639).Les vieilles riaient dans le veilloir, arrêtant le mouvement de leurs pauvres mains tremblantes, qui tricotaient des bas ou filaient de l'étoupe (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 17):Après quoi, Gilliatt empila du charbon et du bois dans ce foyer, battit le briquet sur le rocher même, fit tomber l'étincelle sur une poignée d'étoupe, et, avec l'étoupe allumée, alluma le bois et le charbon.
Hugo, Travaill. mer,1866, p. 273. Rem. 1. Les dict. gén. consultés attestent la loc. vieillie mettre le feu aux étoupes. Déclencher un conflit, déterminer des sentiments violents, des passions. (Quasi-)synon. mettre le feu aux poudres. Ac. indique ,,On dit dans un sens analogue le feu prend aux étoupes``. 2. La docum. atteste étoupette, subst. fém. Il coule une espèce de jus [de la viande] sur la table. C'est la maladie. On la balaye avec une étoupette de bruyère et on jette l'étoupette au feu (Giono, Eau vive, 1943, p. 20). − En partic. Étoupe blanche. ,,Résidu du chanvre travaillé dans les corderies`` (DG). Étoupe noire (mar.). Filasse obtenue à partir de vieux cordages servant notamment au calfatage. On rend [les planches formant le bordé des bateaux] étanches en introduisant à force l'étoupe dans les interstices (Le Clère, 1960). − P. compar., loc. D'étoupe, en étoupe (cf. coton) ♦ [En parlant des cheveux, des poils] Touffus et emmêlés. Un long dépendeur d'andouilles aux cheveux d'étoupe (Huysmans, À rebours,1884, p. 176).Qui donc dans cet autre colosse [Tourguéneff] aux sourcils d'étoupe, aux méplats immenses, aurait deviné la femme (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p. 334). ♦ [En parlant d'une pers., de ses attributs] Sans force. Je ne me rappelle pas m'être servi de mes jambes d'étoupe pour monter l'escalier (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 422).Sans caractère, sans volonté. En quelles mains d'étoupe le sceptre de Guillaume le Conquérant était-il tombé! (Druon, Louve Fr.,1959, p. 237). − P. anal. ♦ Ce qui étouffe le bruit. Le monde entier semble assoupi. Les voitures roulent dans l'étoupe (Duhamel, Journal Salav.1927, p. 107). ♦ Brouillard épais, nuage. Le pilote en panne, s'enfonçant dans l'étoupe blanche, eût tamponné les sommets sans les voir (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 142). Prononc. et Orth. : [etup]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1119 estupe « partie la plus grossière de la filasse de chanvre ou de lin » (Ph. de Thaon, Comput, 663 ds T.-L.). Du lat. class. stuppa « id. ». Fréq. abs. littér. : 99. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 274. − Vidos (B.E.). Mots créés, mots empruntés et curiosités lexicol. R. port. Filol. 1951, t. 1, vol. 4, pp. 269-309. |